Ce matin, franchissant un fleuve, un passant a reconnu l’auteur virtuel. Il lui a demandé si cette obsession de la pirogue était l’expression d’une mélancolie ou de la solitude. Je l’ai regardé étonné et j’ai pris le temps de réfléchir. Pour cela, j’aurais bien voulu poser les coudes sur la rambarde et admirer le  paysage qui est vraisemblablement l’une des plus belles constructions au monde de l’esprit humain, le palais du Louvre d’un côté, le collège des Quatre-Nations avec sa coupole de l’autre, et, vers là où se lève le soleil, la cathédrale Notre Dame de Paris sauvée des eaux par Viollet-le-Duc. Mais, ces temps-ci, la passerelle des Arts est cadenassée par tout un chacun, à l’image de notre monde effrayant de brutalité gratuite et d’égoïsme dévastateur.

Donc, ayant pris le temps de la réflexion, j’en viens à la conclusion suivante. La pirogue n’est pas l’expression d’une mélancolie, au contraire. La pirogue nous est utile, elle est l’outil de travail du pêcheur ou de l’auteur qui jettent leurs filets le plus loin possible dans l’espérance d’une pêche miraculeuse à partager avec tous.

Et la solitude de l’auteur, pour effrayante qu’elle puisse paraître au premier abord, est nécessaire, pour qu’il puisse tout donner un jour en offrande au lecteur. L’essentiel est de construire une pirogue solide, capable de résister au temps.

Et puis, les pirogues sont souvent indispensables pour le transport des personnes que cela soit au Sénégal ou sur la Mayenne, entre Château-Gontier et Angers.

   

Elle est même parfois l’unique moyen pour accéder à sa maison, comme  à Venise par exemple.

Les sportifs l’apprécient pour des activités ludiques comme les courses de yoles aux Antilles ou celles de canoë à Hawaï.

 

Mais, en ce qui me concerne, ma préférence va pour passer sous les ponts, en dessous ou en dessus, ce qui n’est pas forcément évident quand les passages sont obstrués ou qu’il faut franchir un pont de lianes se balançant au-dessus du cours d’eau pour atteindre l’autre rive.

  

Les pirogues sont aussi destinées à aller à l’aventure dans la bonne humeur et bonne compagnie marsupilanienne.

Sans oublier qu’en toutes circonstances, l’on peut méditer sur le fait que le malheur nous est toujours utile, même si celui-ci est insupportable. Et Hemingway a raison : quoiqu’il arrive, un Homme ça peut être détruit mais pas vaincu.

Car même quand on est à terre, pagayer nous rend la vie possible : il y a toujours un enfant prêt à prendre la relève.  Aimer vos enfants, ce sont eux qui vous mènent les yeux fermés, sans le savoir, vers les Sources du monde désaltérantes et salvatrices.