Quai des damnés

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Le Paralytique se leva, qui était resté couché sur le flanc, et ce fut d’un pas singulièrement assuré qu’ils le virent franchir la galerie et disparaître dans la ville, les Damnés. [Arthur Rimbaud, Proses évangéliques, Beth-Saïda]

A Monique S-G

Au jour de la mort du roi,

et alors que les cloches de Notre-Dame ont cessé par incendie subit de sonner, tout l’Amour d’une Vie est entré dans ma chambre comme deux cavaliers de l’orage ou plutôt comme le Voyageur sur la terre, cet héron cendré entr’aperçu l’automne dernier sur les bords de l’Authion, qui s’envolait sans hâte vers les grands lacs de l’Afrique. L’hiver de la Covid était encore là et le couvre-feu aussi qui nous insupportait au possible en ce printemps, Une saison en enfer pour nous les damnés. Tout nous suffoquait en renoncement éprouvant de toute la beauté du monde ruisselante de plomb! Et ces gargouilles du désastre picorant l’un le foie, l’autre notre Foi, les reins brûlant les poumons en emportant les caillots de sang qui transporteraient le festin lugubre dans toutes les chaumières de nos vies réduites en cendres. La mort ne rôdait plus. Elle était là, funeste et funèbre, triomphante, partout surprenante, parfois apaisante, toujours ignorante. Annoncée au son du clairon du coq chutant, la pandémie frappait comme bon l’entendait. Elle rendait fou les survivants.

Dans ce monde de désolation qu’il est inutile de décrire, croque-morts et fossoyeurs s’occupaient fort, sans discernement et vérité, à l’ombre des ifs du mensonge des cimetières où la peur guettait. Il n’était donné à personne d’espérer survivre au confinement, jusqu’à ce que, vers midi, au grand soudain, et comme déjà dit, tout l’Amour de nos vies est entré dans ma chambre pour se percher sur l’embarcadère, debout sur le fauteuil de ma mère, aussi fatigué qu’elle, cet Amour de toute une vie s’en retournant dans l’ombre vers moi, un amour qui au passage répond du prénom oublié de Geneviève.

Et bien, au grand soudain et après un immense silence, ce nouvel amour aussi inattendu que l’Amour éternel, a sauté du débarcadère pour me submerger à l’oreille: Tu es mon meilleur ami. Et comme je lisais le journal sans faire attention, que je n’avais rien entendu et encore moins écouté, je me suis redressé à mon tour vers elle, et je lui ai murmuré : répète s’il te plaît. Key s’est alors approché tout près de moi, m’a regardé droit dans les yeux, pas très contente: Tu sais, je t’ai déjà dit, écoute-moi quand je parle. Puis elle a répété: tu es mon meilleur ami. Elle m’a regardé alors d’un air sévère, a souri, sûre de son effet. Et elle est repartie comme elle était venue, sur le nuage de l’Amour de toute une vie qui ne reviendrait plus jamais, laissant un homme de soixante-trois ans, qui, au soir de sa vie, venait de rencontrer la plus forte amitié qu’il lui ait été donnée de découvrir, celle de cette petite fille à la veille de ses trois ans, venant lui rappeler qu’elle comptait bien sur lui pour recevoir une poupée comme promis et comme attendu, Lol. Il est des promesses qu’il vaut mieux tenir au balcon de Noël qu’au tison de Pâques si l’on veut rester le meilleur ami d’une petite fille.

En attendant, s’il est un conseil à donner aux mamies et aux papys qui traînent leur ennui dans la cuisine sur ordre, c’est de se mettre vite aux fourneaux et de fêter l’anniversaire de chacun de leurs petits-enfants en famille: la vie n’attend rien. Pas plus que l’amour, l’amitié, l’affection des êtres et des choses. Il faut être con comme un plumeau pour obéir aux ordres d’un gouvernement. Comme le disait déjà Rimbaud affirmant dans les Proses évangéliques: Maintenant on croit à l’homme d’état. Heureusement qu’il existe des petites filles de trois ans pour secouer les vieillards de leur torpeur, nous rappelant à nos devoirs et obligations, en fait à notre seul et unique devoir d’homme libre: accompagner dans l’immense silence des générations qui nous précèdent, les générations qui nous succèdent pour leur transmettre comme dans un livre de nos vies, qui nous tombe d’épuisement des bras, le Livre de la Vie, qui pourrait être l’un de ces titres des livres inachevés de l’Auteur virtuel composant la seule et unique oeuvre commencée à l’été 1978 sous le soleil de Provence et au milieu de la lavande et des amandes à Saint-Julien d’Asse: Les lettre d’ivoire, dont la première phrase écrite alors, avait été dédiée à Juliette qu’il ne pourra plus jamais remercier: Toute ma vie je n’écrirai qu’un livre écrit par mes gardes, un livre toujours recommencé.

Miracle d’humilité

Nous y voilà. Quarante-deux ans plus tard, à la réflexion, il eut été préférable d’écrire : Toute ma vie je ne composerai qu’un livre écrit par mes gardes, sachant que dans la version initiale, mes gardes était écrit: mégarde. Mais bon, c’est un avantage considérable d’être à l’exemple de Balzac, son propre éditeur with a little help from my Friends. Ne pouvant passer trop de temps sur ces premiers mots auxquels succèdent des bavardages, caviardages et chavirages d’un bon gros million de mots, il est l’heure de se remettre un peu au boulot et, Si Dieu veut, de chercher à achever le travail. L’ennui comme dirait l’Auteur virtuel, c’est au hasard qu’on cherche dans la brocante qui se trouve en bazar. A moins que ce ne soit: C’est dans le bazar qu’on trouve la brocante qui se cherche au hasard. Allez savoir, la langue française est merveilleuse, un miracle d’humilité. Lisez Cervières!

Amies lectrices, amis lecteurs, je vous aime comme un homme de bonne volonté à votre égard. A ce jour, vous êtes plus de deux cent cinquante mille tous uniques à vous être égarés visitant la brocante des Lettres d’ivoire, et pour plus d’un tiers d’entre vous venant de la terre entière autre que de France, quand la Faux ne veut pas de vous tous ces jours-ci. Et qui sait, dans ce flot, une petite tailleuse chinoise qui lirait Balzac. Le cuirassier Destouches a raison quand il écrit: Mais vous savez, la littérature c’est de la mort. Ce qui retient en vie, c’est seulement l’affection des êtres et des choses. Tout le reste n’est rien[Louis-Ferdinand Céline, lettre à Erika Irrgang, septembre 1932].

Pour ma part, je vous ouvre mon coeur à livres ouverts par l’internet, n’attendant pas même un fifrelin de votre part tout en ne vous donnant pas grand chose qu’à peine rien, si ce n’est peut-être un petit peu si peu que rien, comme du secours virtuel dans les épreuves de vos vies, qui arriverait du lointain d’une chambre d’écho, en marmonnant et ruminant doucement dans le coin qu’il n’est personne qui puisse vous prendre votre liberté, la liberté d’Être humain, que seul compte le respect pour les autres, le Bien fait à autrui, sans oublier de cultiver dans le potager de la douceur des jours, la faculté de l’inutile.

La piscine de Bethesda – Bible de Zürich |
Piscine de Bethesda, Bible de Zurich
Page de garde: le site découvert en 1888 dans les jardins de l’église de Sainte-Anne à Jérusalem, en Terre sainte

Note de l’auteur d’enfer et damnation

Les lettres d’ivoire (LLI) sont une seule et unique oeuvre commencée en juillet 1978, regroupant seize livres constitués chacun de quatre titres, soit autant que les cases de l’échiquier, l’ensemble étant constitué de 366 chapitres ou lettres correspondant à chaque jour d’une année bissextile, aux 366 principaux personnages de l’oeuvre et 366 lieux de l’action, étant entendu que la composition respecte ainsi l’unité de temps, de lieu et d’action, unité inscrite dans un théorème littéraire dont la démonstration sera publiée l’heure venue, un théorème fondé sur la théorie des jeux, inspiré du Sonnet des Voyelles de notre pauvre Arthur Rimbaud et dont les origines se retrouvent dans la tenture dite de La Dame à la licorne, qui est une composition de six tapisseries du début du XVIe siècle consacrée aux six sens dont le goût de la madeleine, parfois perdu et retrouvé, nous rappelant toute la beauté des chemins de Magdala, tandis que K., la petite fille Key, cette nouvelle Alice au pays des Merveilles, sera toujours-là pour nous aider à retrouver la mémoire de nos Vies.

Et me direz-vous ou pas, ces anciennes chroniques des Lettres d’ivoire? Juste un dédale, un labyrinthe, un jeu de l’oie de 63+1 cases, un divertissement d’auteur virtuel, rien de sérieux au bonheur des mots, des lettres et des intuitions qui finiront pas n’être plus que les lettres oubliées (LLO), en miroir et au secours de l’oeuvre unique, si Dieu veut, et avec l’aide des personnes pour qui j’écris depuis toujours et à l’Automne déjà, ces nouvelles et futures générations qui bousculent l’ordre des choses, à l’exemple de cette petite fille, K., Key, Key JIMKNOWS, qui, le moment venu, retrouvera… Quoi? L’éternité. Où? Au musée de Cluny. Avec Qui? en compagnie du compositeur virtuel. Quand? Au trois cent soixante-cinquième jour d’une ultime publication anachronique. Comment? Va, je ne te hais point. Pour quoi? Demandez au Paralytique. Six questions et six réponses successives de A à Y, d’une voyelle l’autre, a, e, i, o, u d’un sens l’autre, d’une couleur l’autre, d’une sonorité l’autre, d’un jeu l’autre, jusqu’à notre seul désir, ay, tout et rien ou presque: les alphabets, les dictionnaires, les encyclopédies, tout l’univers.

Recours à l’autoéditeur virtuel

Il se peut que la version initiale et les versions successives jusqu’à la version finale, comportent des égarements de publication. Nous ne manquerons pas de les signaler à l’autoéditeur virtuel jusqu’à le tancer pour le mauvais français, les fautes d’orthographe, la grammaire approximative, la syntaxe discordante, les conjugaisons incertaines aux temps anciens, même si l’éditeur prétend disposer d’une excuse tirée du jeu de Tarot: l’écriture inclusive à l’Ecole des femmes savantes, tendance col Mao. C’est du boulot de charognard pour le Pendu et ce n’est pas rigolo comme tirer l’ancienne langue française devenue langue de la Francophonie, unique pays de Votre enfance.

Sur les chemins de Magdala:

Le linceul de pierres

Les redoutables mystères

Tehawedo

Maine-et-Loire - Randonnée et balade - Les oiseaux migrateurs, des basses  vallées Angevines - Agenda Sainte-Gemmes-sur-Loire 49130
Voyageurs sur la terre et l’eau, passant en basses vallées angevines de la Loire, les oiseaux migrateurs sont des milliers à y faire étape à l’automne et au printemps

Première version publiée en octobre 2022, au souvenir de Geneviève, alors résidente de passage

A suivre