La création, cette semaine, d’une nouvelle rubrique dénommée « Art de vivre » répond à un besoin de respiration de l’auteur virtuel. Beaucoup d’articles publiés dans Cervières.com ne respirent pas la joie de vivre. On y évoque le génocide arménien, la Shoah, le Goulag, les dictatures, l’esclavage, le racisme, l’antisémitisme, le mépris affiché des femmes, les tremblements de la démocratie, peu d’occasion de se réjouir, même si tout cela est hélas à l’image de notre monde brutal et violent. Et ce n’est pas fini, il faut tordre le cou à beaucoup de préjugés.
S’il faut bien faire le job, c’est un peu lassant et fatiguant, personne ne naît pour comptabiliser les morts et les victimes ; et même quand on aborde les œuvres d’écrivains ou de peintres, ce n’est pas forcément très joyeux, à l’exception de l’univers de Charles Delhaes qui, lui, vit très clairement dans un autre monde, au grand bonheur de ses visiteurs.
L’art de l’embellissement, un des 64 arts de vivre du Kamasutra
Et puis, regardez, on pourrait se réjouir des vies sauvées et exemplaires d’Abraham Hanibal ou de lady Sarah Forbes Bonetta-Davies, mais ce qu’ils ont vécu dans leur enfance nous renvoie au pire de l’humanité, l’esclavage et les sacrifices humains.
Sitara Thobani, danseuse Odissi, danse classique de l’Orissa, l’une des plus vieilles formes de danse de l’Inde
Même les promenades dans Jérusalem, carrefour des trois religions monothéistes, nous rappellent le climat de violence permanente qui sévit dans le Proche et Moyen-Orient, avec une montée aux extrêmes dans les parages quelque peu inquiétante.
Miniature indienne, 17ème siècle
On ne peut même plus écrire un article sur les foulards qui conduisent à évoquer la situation invraisemblable de certaines femmes enfermées dans des burqas, dont certaines n’hésitent pas à se rendre sur des champs de bataille à des milliers de kilomètres en toute sérénité, au milieu des crimes les plus violents et sanglants volontairement commis pour effrayer.
Temple de Khajurâho, Inde
Alors, il arrive un moment où un peu de légèreté ne nuit pas. L’écriture du feuilleton Numériquement votre répond en partie à cette nécessité, mais exige un peu d’investissement en écriture et une continuité dans l’histoire qui n’est pas sans obligation pour l’auteur.
Les amoureux, attribué à Manohar 1597
Voici donc venu le temps d’assurer la publication d’une rubrique Art de vivre dont la constitution sera fortement charpentée puisqu’elle va reposer sur les soixante-quatre piliers des arts de vivre du Kamasutra. Le Kamasutra est loin de n’être qu’un livre de positions sexuelles, tel que son image est galvaudée dans le grand public. C’est d’abord un livre de sagesse portant sur l’art de mener sa vie personnelle. Il renvoie à un ensemble de disciplines qui font le bonheur de vivre, ce qui est probablement le plus difficile au monde à atteindre, avant même la confrontation aux aléas de la vie.
Danseuse indienne, Deccan, Golconde, vers 1700
L’auteur virtuel est probablement l’auteur le plus mal placé qui soit pour donner des conseils en art de vivre. Il va seulement traiter des arts de vivre, qui sont au cœur de sa réflexion dans Roman d’espoir.
Kantha, forme traditionnelle de travail manuel dans le monde rural en Inde
D’une certaine façon, ce sera l’espace détente de la publication en circonstances numériques à laquelle il va désormais consacrer son énergie après quelques essais probants.