La Société du monde, UNE et INDIVISIBLE

IMAG0999 Soixante-dix années séparent 2015 de 1945, année qui marque la fin de la Seconde guerre mondiale et le commencement d’une ère nouvelle marquée à la fois par l’expérimentation réelle, à Hiroshima et Nagasaki, des capacités de destruction totale de la planète et la création d’une panoplie d’organisations internationales pour tenter d’édifier un monde de paix entre les nations : ONU, OMS, UNESCO, Banque mondiale, FMI… Soixante-dix ans plus tard, le bilan est plus qu’incertain. La guerre atomique a été évitée, parfois de justesse mais de nombreux Etats se sont dotés de l’arme nucléaire ou souhaitent s’en doter, démultipliant les risques d’embrasement atomique. La chute du mur de Berlin a mis fin au risque principal de conflit mondial, mais de nouvelles menaces ont surgi comme l’islamisme radical devenu le premier foyer mondial  d’agitation en suscitant des conflits locaux à l’échelle planétaire. La population mondiale est passée d’un peu plus de deux milliards d’habitants à plus de sept milliards d’habitants sans provoquer une pénurie alimentaire généralisée. Mais une mauvaise répartition des ressources mondiales privent plus d’un milliard de personnes de moyens de subsistance au jour le jour et les insuffisances en matière de santé et d’éducation concernent de l’ordre de trois milliards de personnes. En de nombreux lieux, l’épuisement des ressources est préoccupant, notamment pour l’eau et les gaspillages d’énergie demeurent considérables. De plus les moyens de production sont le plus souvent mal employés, privant de nombreux habitants du confort minimum pour vivre dans des conditions satisfaisantes, que ce soit en milieu rural ou dans les concentrations urbaines qui voient s’entasser inexorablement un surplus de population ne trouvant plus à s’occuper dans l’agriculture ou l’industrie. De nouvelles menaces, de nature écologique, apparaissent, avec un dérèglement du climat qui impose de prendre des décisions probablement douloureuses pour une partie de la population mondiale habituée à vivre au-dessus des moyens écologiques renouvelables pour tous. Cette brève description de l’état du monde suffit en elle-même. Les études et rapports sur le sujet ne manquent pas, à commencer par ceux des organisations internationales, indépendantes par principe, dont les rapports de l’OCDE, plutôt impartiaux. http://www.oecd.org/fr Que faut-il faire ? Lénine qui publia justement un livre ainsi intitulé, aurait répondu : la Révolution. Les révolutions n’ont pas manqué depuis 1903, date de publication de cet opuscule (de mémoire pour la date !). Le principal apport de ces révolutions aura été de priver de liberté des centaines de millions de personnes, de provoquer des guerres, des déportations, des exterminations, des famines, que ce soit du fait du nazisme, du communisme, du maoïsme, ou du  castrisme à moindre échelle, et ainsi d’engendrer des millions et des millions de morts, mutilés, blessés, déplacés, familles brisées, autant de souffrances indescriptibles qui font du vingtième siècle, un siècle de cauchemar pour l’humanité entière. Et bientôt quinze ans après l’attaque terroriste concertée des tours du World Trade Center à New York, nous sommes bien repartis pour que tout recommençât encore. Il faut être lucide : la paix et la fraternité ne sont jamais des bien acquis par nature et pour toujours. Des avancées démocratiques sont régulièrement nécessaires.. DSC_1006

Vue sur le mont Ararat que la tradition fixe comme lieu où se trouve l’arche de Noé. Au premier plan, Khor Virap où Grégoire l’Illuminateur fut détenu 13 ans dans une fosse avant de convertir le Roi Tiridate IV d’Arménie

C’est pourquoi il nous faut, en fait, commencer par penser dans le cadre d’une société mondiale, une et indivisible. Le temps des actions nationales ou régionales à l’échelle d’un continent est révolu.  Le temps des organisations internationales conçues comme des lieux d’affrontement des intérêts nationaux est dépassé. Il faut passer à une nouvelle étape, se projeter dans un monde futur qui ne sera plus simplement peuplé de sept milliards d’habitants mais de neuf puis onze milliards d’ici 2050 et 2100, selon la tendance moyenne. Trente-cinq ans nous sépare de 2050. Ce n’est rien. A rebours, en remontant dans le temps, nous nous retrouvons en 1980, date du boycott occidental des JO de Moscou après l’invasion de l’Afghanistan par le Soviétiques : cette décision se révéla catastrophique car elle incita, par réaction, au retour de l’islamisme guerrier, bien plus que la prise du pouvoir en Iran par le clergé religieux chiite ne se révéla problématique temps que la question de l’armement nucléaire n’émerge pas ; à la même époque, en 1980, toujours en réaction,  c’est le second choc pétrolier qui va permettre aux monarchies sunnites du Golfe d’acquérir des moyens financiers considérables à l’échelle mondiale pour mener une nouvelle Guerre sainte qui tait son nom.

Tout cela ne nous explique toujours pas ce qu’il faut faire.

D’abord, le monde change : sept milliards d’habitants en 2015, huit en 2030 et 9 en 2050. La plus grande part de l’augmentation de population proviendra d’Afrique. Et si rien n’est fait sur ce continent, nous courrons tous à la catastrophe. Ne demandez pas pourquoi plus d’un tiers des jeunes Africains souhaitent tenter leur chance en Europe même si les conditions d’accueil ne sont pas forcément les plus favorables. Mettez-vous à leur place, vous feriez de même, malgré tous les dangers physiques encourus et les incertitudes quant à la réussite du voyage et à un établissement loin d’être satisfaisant dans le pays choisi. On ne peut pas laisser l’Afrique dériver dans la violence, le gaspillage et la corruption comme c’est le cas dans de très nombreux pays africains actuellement. Qui n’a pas une anecdote sur les détournements des fonds internationaux ? Et dans le même temps, on ne peut pas plus continuer d’accepter que de nombreux pays africains ne disposent pas d’infrastructures alimentaires et médicales dignes de ce nom. La pauvreté en Afrique doit être combattue par tous les moyens si nous voulons commencer à penser à l’échelle du monde. Il faut aussi donner à ce continent les moyens de son développement économique, ce qui signifie d’abord investir dans l’éducation, la santé et la formation.

Penser le la société du monde une et indivisible, c’est ensuite réfléxir aux conséquences de la transformation en cours du monde. Celui d’aujourd’hui n’est pas le monde d’hier. Qu’on le veuille ou non, notre terre est mondiale : les flux migratoires sont mondiaux ; les échanges économiques sont continentaux ; les transactions financières sont internationales ;  l’organisation des transports est planétaire, par air, par mer, par rail et et par route ; car s’il est possible à un avion de traverser la moitié du monde en moins d’une journée, il est aussi possible à un motard de parcourir trente cinq mille kilomètres de Lisbonne à Singapour en passant par la Chine en moins de quatre mois. La mondialisation concerne bien évidemment l’internet et les réseaux sociaux ou réseaux de vente en ligne. A tout moment, des milliards de personnes s’échangent des informations et des biens. Les touristes se dépacent d’un bassin l’autre, de la mer à la montagne, du désert à la plage, de l’Océan indien aux îles de la Caraïbe. Plus rien n’échappe à la circulation des personnes, des biens et des informations d’autant que les capacités techniques ne cessent de se démultiplier. Et rien ne ressemble plus aujourd’hui  à une ville mondiale qu’une autre ville mondiale : les villes deviennent cosmopolites à l’exemple de Londres dont la population de plus de huit millions d’habitants comptent cinquante communautés nationales fortes de plus de 10.000 personnes, et parlant en tout 300 langues.

Dans le même temps, l’économie souterraine, le crime organisé transnational ou la traite des êtres humains s’adaptent et s’organisent pour franchit tout aussi allègrement les frontières, en toute clandestinité. La cybercriminalité n’est plus rare, elle devient fréquente, les usurpations d’identité se multiplient. Tout est bon pour faire du profit illicite, et les prisons se remplissent. Plus de dix millions de personnes seraient actuellement détenues dans le monde entier, essentiellement pour des motifs de droit commun même s’il existe dans de nombreuxc pays des prisonniers politiques. Les conflits aussi s’internationalisent.

Tout cela ne nous dit toujours pas ce qu’il faut faire.

Tout simplement, nous, citoyens des pays  démocratiques ayant adopté et appliquant la Charte universelle des droits de l’Homme,, pour simplifier les pays de l’Union Européenne et les autres membres de l’OCDE n’appartenant pas à l’Union européenne, soit au total 28 + 13 = 41 Etats, nous devrions exiger de participer à l’élection du président des Etats-Unis d’Amérique pour que celui-ci devienne  le président d’une Fédération mondiale des Etats démocratiques, afin que les pays démocratiques cessent de se chamailler et s’organisent véritablement au niveau mondial en matière de relations internationales, défense, économie, échanges économiques et promotion des droits de l’Homme. Cette Fédération mondiale serait ouverte à tout pays candidat, quel que soit le continent, qui disposerait ou adopterait des institutions de nature démocratique, avec un fonctionnement démocratique effectif  en matière de libertés individuelles et publiques, de justice, et de respect de la dignité humaine. Une telle Fédération serait forte d’une population de 1,2 milliard d’habitants, soit sensiblement la population de l’Inde et un peu moins que la Chine ; son PIB global serait de l’ordre de quarante mille milliards de dollars, plus du triple de celui de la Chine, réparti plus ou moins par tiers entre les USA, l’Union européenne et les autres pays (principalement Japon, Corée, Turquie, Canada et Mexique). Enfin, l’OTAN élargi à l’ensemble de ces pays deviendrait le bouclier unique en matière de sécurité et défense, sur la base d’une organisation planifiée à l’échelle de la fédération qui ne serait pas le fait d’un seul Etat comme c’est le cas actuellement.

Et si vous me demandez pourquoi un tel saut ? il me semble que c’est la seule issue pour échapper aux conséquences néfastes de la crise morale et politique qui frappe actuellement l’Europe, maillon faible des démocraties. De plus, et plus encore depuis la chute du mur de Berlin, de même que la Gaule ou la Grèce appartenaient à l’Empire romain, nous sommes de facto membres de l’Empire américain sans en retirer aucun bénéfice : 300 millions d’Américains décident pour 1,2 milliard d’habitants ; et nous ne voyons pas pourquoi nous ne pourrions voter pour le président des Etats-Unis devenus président de cette Fédération des Etats démocratiques  alors que celui-ci est actuellement choisi par un excité texan de la gâchette, un Bobo de la côte Ouest ou un retraité de la Floride, qui sont tout autant idiot du village, crétin des Rocheuses ou imbécile des suburbs que nous. Car c’est la dure loi de la démocratie que tout le monde peut voter ce qui lui chante, y compris l’abruti de base, et cela reste le meilleur système politique à ce jour. (A suivre)