Les conductrices

Afficher l'image d'origine

Dans une précédente chronique intitulée les Aviatrices, nous évoquions les femmes volantes qui ne doivent pas nous faire oublier les dames au volant, beaucoup plus nombreuses, sauf en Arabie Saoudite où le grand Mufti qui n’aime déjà guère le jeu d’échecs à cause du diable qui s’y cache, jette en prison toutes celles qui s’aventureraient à conduire, preuve s’il en est que l’égalité avec les mecs ne concerne pas la Mecque.

Afficher l'image d'origine

Nous qui apprécions les femmes à leur justes qualités (mais lesquelles ?) et souhaitons une égalité parfaite entre les sexes dans l’accès aux métiers et aux rémunérations, c’est donc pour partager la lutte des Saoudiennes afin de tenir le volant sur les routes des déserts d’Arabie que nous allons rappeler ici le combat homérique des conductrices en Occident, ce qui va inquiéter notre ami Big Mufti, à ne pas confondre avec Big Lebowski : le gugusse de Médine n’a aucun humour à vouloir régenter le monde sur son tapis volant, surtout lorsqu’il s’en prend au jeu aux échecs ou interdit aux femmes de conduire talons aiguille au plancher.

Afficher l'image d'origine

Le fait de confier le volant à une femme est la preuve d’une grande civilisation si on considère que le critère essentiel est la mesure des risques pris. Observez à ce sujet la photo précédente : le détachement de l’homme est sans doute feint, mais le chien en revanche, a clairement confiance dans les capacités routières de sa maîtresse, comme quoi la race canine a toujours plus de flair que les hommes. Les statistiques sont d’ailleurs formelles : les femmes provoquent beaucoup moins d’accidents mortels ou graves que les hommes, n’ayant pas besoin d’exprimer une agressivité à toute épreuve au volant. Les études montrent aussi que plus les jupons embrayent, moins les jurons s’échangent en vitesse entre conducteurs (proverbe de l’auteur virtuel).

Aux premiers temps des conductrices, on constate aussi que le chapeau tenait une grande part dans la conduite, preuve une fois encore du bon sens féminin : les voitures étant alors décapotables, il n’était pas facile de tenir le volant en même temps qu’une ombrelle ou un parapluie ; et le casque alors était plutôt réservé aux soldats sur le front. Observons encore que l’élégance féminine au volant a toujours emballé les hommes, sans pouvoir déterminer d’où provient la satisfaction de ces derniers, de l’acquisition du bolide ou de la précipitation avec laquelle se nouent au vent les relations entre sexes.

 

Bientôt les femmes ne font plus seulement que conduire. La guerre les amène à rouler des mécaniques elles aussi,  à entretenir les véhicules comme les conductrices de la First Aid Nursing Yeomanry, les Fany,  à Saint-Omer en février 1918 : ce sont des bénévoles anglaises qui assurent les liaisons terrestres entre le front et les hopitaux de campagne, des infirmières intrépides qui dès 1914 pilotent quarante voitures ou camions transformés en ambulances.

Agrandir l'image Photographie noir et blanc montrant un camion et une voiture que nettoient deux femmes..

L’ambulancière devient alors, à portée d’obus ennemis, l’égal de l’homme, sauvant des milliers de vie, comme ici en Macédoine où des infirmières écossaises s’emploient à venir au secours des Tommies blessés. Pour ces femmes dans l’armée, il arrive que le cambouis se substitue au rimmel et que les fourrures plutôt qu’aux podiums soient réservées aux défilés d’hiver, sous les étoiles, sur les routes faiblement éclairées par des projecteurs de fortune.

Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine

De son côté, la femme française en fait tout autant et même mieux en n’oubliant pas de sourire au photographe.

Afficher l'image d'origine

Dès qu’une femme passe derrière le volant, celle-ci devient une intrépide qui rime avec rapide, quel que soit le pays dès lors qu’on manque d’hommes. En Allemagne, entre 1943 et 1945, 50.000 femmes seront ainsi formées à conduire des poids lourds, bus ou camions de pompiers.

De manière générale, les femmes anglaises sont beaucoup plus impériales quand elles ont au volant, surtout quand elles conduisent des bus ou des tramways.

Les locomotives les attirent encore plus, à en voler la vedette à la dernière 4-4-2 High Flyer class locomotive sortant de l’usine à Bradford en 1917, entièrement fabriquée par des femmes alors que les hommes sont au front.

Et rien ne les arrête. Quand ce n’est pas une locomotive, elles construisent un camion : plus leur plaît alors l’essieu que le septième ciel.

La paix revenue, de nouveaux défis les attendent avec la compétition automobile, loin des promenades d’antan entre amies. Et qu’importe de ne pas avoir le permis de conduire pourvu qu’on ait l’ivresse de la vitesse, sur deux roues comme sur quatre roues.
Historical Sass Young woman driving a sports car, 1928 (André Kertész) via mote-historie Two friends out for a drive c.1920s Afficher l'image d'origine

Les publicitaires ont rapidement trouvé leur intérêt à associer les femmes à la promotion des automobiles. Au début, il semble qu’il s’agissait d’inciter les hommes à acheter une voiture pour proposer à leurs femmes une virée entre amies et s’en débarrasser pour se retrouver entre hommes au pub ou au café, tout le temps souhaité.

Afficher l'image d'origine

 

Afficher l'image d'origine

Bertha Benz, femme du Dr Benz et mère de Mercèdes 

Puis il s’est agit de mettre en valeur carrosserie et châssis, en perspectives longitudinales.

Afficher l'image d'origine

Bientôt, les actrices furent mises à contribution pour vanter pistons et joints de culasse, huiles, graisses et caoutchouc histoire d’avaler des kilomètres, comme Joan Crawford au volant de sa Cadillac Fleetwood 1930.

Afficher l'image d'origine

Enfin, les femmes d’action s’imposèrent dans des tenues aussi improbables que les carrosseries impeccables de leurs voitures se vautrant pourtant dans la boue.

Ne restait plus alors qu’à organiser des salons automobiles, prétextes à  donner des conseils avertis pour réparer une roue.

Afficher l'image d'origine

Pour cela, rien de plus naturel que demander à des femmes comment elles s’y prennent. C’est très étrange à ce sujet, comme le machisme revient au galop, une question de chevaux à vapeur sans doute. De là à ne fournir des conseils en ne prenant que des poses invraisemblables sur les capots, ce n’est plus trop la voiture que l’on regarde mais l’hôtesse qui l’escorte à ravir : tout est dans le naturel !

Afficher l'image d'origine

Et comment en vouloir aux hommes quand une Suissesse en combinaison, pilote d’endurance à l’occasion, déclare sa flamme pour les tuyaux d’échappement : j’y pense aux 24 H du Mans. Allez savoir pourquoi, nous aussi ! c’est que nous aimons l’endurance, nous en avons donné de multiples preuves sur ce site, ici et Là où tout n’est que puissance et endurance.
Afficher l'image d'origine

Les femmes n’aiment en fait guère la vitesse, et comme dirait mon arrière grand-oncle, probablement qu’elles sont plus casse-couilles que casse-cou, impossible de ne pas faire ce mauvais jeu de mots ordurier et macho, la vie n’est pas faite que de bons sentiments au milieu  d’une assemblée de bisounours. Car l’affirmation est imparable : réalisez tout de même que côté casse-cou, elles sont peu à être devenues pilotes de Formule 1, cinq seulement et sans grand succès : aucune victoire, aucun podium, et seulement 24 départs en course, dont la moitié pour Leila Lombardi qui en arrivant sixième au Grand prix d’Espagne en 1975 est la seule femme pilote à être classée à un championnat du monde F1 avec un demi-point tout de même, ce qui est moins que 1 point mais plus que zéro!

Afficher l'image d'origine   Afficher l'image d'origine   Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine   Afficher l'image d'origine

Leila Lombardi, Giovanna Amati,  Maria de Filipis, Divina Galica et Desire Wilson, le quinté des femmes pilotes de F1, 3 Italiennes, une Anglaise et une Sud-Africaine.

D’autres femmes ont brillé en sport automobile comme la Française Michèle Mouton qui gagna quatre rallyes mondiaux dans les années 80 ou Danica Patrick en Indycar ou Nascar, connue aussi pour ses couvertures de Sport illustrated fort appréciée de la gente masculine américaine peu connue pour sa galanterie à force de fréquenter les taureaux, surtout au Texas ou dans le Midwest du côté d’Indianapolis justement.

Afficher l'image d'origine

Danica Patrick en combinaison, le short ou le maillot de bain lui va bien aussi. Allez savoir pourquoi on ne voit jamais de pilotes de F1 en slip kangourou !

Afficher l'image d'origine

C’est pour tout cela que nous aimons voir les femmes conduire. Ekkes sont toujours dans la juste mesure. Elles ont même un talent caché qui s’exprime uniquement au volant : elles peuvent être furieusement drôles, la preuve en images :

Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine

Il est vrai que Mae West, voilà longtemps, indiqua la voie à suivre. Ne reste plus qu’au grand Mufti à autoriser les femmes saoudiennes à conduire, pour notre plus grand bonheur (photo d’introduction à la chronique). Il ne sait peut-être pas que les femmes peuvent apprendre à conduire très jeunes.

Fred Stein • « Jeune conductrice » • New York City • 1947 > www.fredstein.com:

En plus, elles ont un véritable talent artistique pour planter les bagnoles sans passer par la phase compression de César.

Guisseny (29). La conductrice n’a été que légèrement blessée... Belle figure.:

Mais ce qui compte le plus, c’est la photo sur le permis : n’oubliez pas qu’on le garde pour la vie : Follow Marylin !

seriously... she NEVER took a bad picture.:

Et puis, s’il vous arrive de vous demander où peut bien courir votre femme, faites un tour au garage moderne, parbleu !

Afficher l'image d'origine

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.