Grève des quarante jours et poétique de l’octet en circonstances cartésiennes

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Il peut arriver de se demander où va l’argent de l’Etat. Après tout, les dépenses publiques  en France représentent 55% du PIB qui approche 2.400 milliards d’euros, soit quelque chose comme 1.320 milliards, rien qu’une poutre dans une paille de foin. On se demande bien à quoi sert tout ce « pognon de dingue », pour reprendre une expression d’inspecteur des finances en mal d’égo. Et comme les aristocrates d’Etat de la Cour des comptes et les valets de Bercy nous affirment que jusqu’ici, tout va bien, pourquoi ne pas les croire puisqu’ils sont  gentilhommes de cour et métayers de bon calcul, veillant au grain à moudre, pour nous braves gens qui ne dormons plus sans bonnet blanc ou bonnet blanc depuis que la maréchaussée noire avance et recule à coups de gourdins, gazeuses et grenades au gré des vagues agitées de gilets jaunes ou gilets rouges obstruant au carrefour de leur triste vie, les ronds-points, les grands boulevards ou les quais de gare.

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Et comme La France est de toute éternité un pays gouverné en circonstances cartésiennes, il importe peu ce que l’Etat fait de notre argent, c’est pour le bien commun, le bonheur de toutes et de tous, l’intérêt général, la justice sociale, l’égalité égalitariste, l’équité inoxydable, la misère misérable, pourvu que le peuple soit rassasié et que les gouvernants gouvernent, plus ou moins que moins que plus, tout est dans la calculette ou plutôt, de nos jours, dans les octets et les nuages numériques. Le cloud veille, le radar fulmine et le gabelou ramasse tout ce qu’il trouve en monnaie virtuelle pour le bonheur de toutes et de tous. Comme dirait le clown, les tas c’est eux et l’Etat c’est nous.

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Personnages de la Commedia dell’arte

Au pays des éborgnés au vague à l’âme rural et des marcheurs urbains confluant pour aller au travail de la gare désertée par les trains fantômes en ramant sans métro et en attendant le bus de nuit, question octets, pendant que les petites gens n’ont plus pour liberté que de souffrir de cors au pied ou d’oeil-de-perdrix en surveillant l’apparition des durillons, question octets donc, voici qu’une gazette locale nous apprend que notre Etat bienfaiteur et miséricordieux se préoccuperait du développement d’une poétique de l’octet, sans, hélas, notre sainte Colombine à la recherche spatio-temporelle de l’horizon polaire perdu.

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On croirait que cette histoire de poétique de l’octet est une blague, une farce, un canular, pour le moins une bourde, un bobard ou une bévue, allons donc, une galéjade, une rigolade ou une bouffonnerie, pas du tout, ce n’est ni une erreur ni un impair, pas même une fumisterie, une maladresse ou une sottise, mais la réalité, la dure réalité comme à la télé, bien plus surprenante en émotion forte que la représentation de la Grève des quarante jours mise en scène par les producteurs de l’Elysée, Matignon et Montreuil associés, réunis plus pour le pitre que le meilleur, une représentation sauvage qui se joue dans les rues et dans les gares avec mille millions de marcheurs en détresse. Matamore et Arlequin sont de retour sur scène, qu’on le dise à Pierrot sans Pantalon qui attend Polichinelle en coulisse.

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Voici en effet, que le bien nommé Horizons publics  nous apprend le 12 décembre 2019 à l’occasion de la semaine de l’innovation publique, « tournée vers l’avenir » (sic) que « les choses communiquent » et  ce que serait, selon un Collectif de défricheurs,  « un service public de rêve » qui se préoccuperait de ramasser à la pelle publique, poésie et prospective. On croit rêver ou cauchemarder, voici que l’horizon loin de se dégager ou s’éclaircir, a été happé, englouti, disparaissant de notre vie, qu’il n’est plus du tout dans notre champ de vision. Heureusement, surgi du vide qui n’est pas le néant et encore moins l’être, voilà la sarabande poétique des octets accompagnée de la farandole joyeuse du Hérgé-Payday politiquement correct, déguisé en acronyme RGPD pour la plus grande gloire du monde.

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Dans ce monde voué à la résurgence de la brutalité absolue sans espoir d’y échapper, voici que les idiots du village urbain, les crétins du numérique et les imbéciles des réseaux asociaux ont pris le pouvoir, les citadelles de l’intelligence française tombent une à une sous les coups des artifices sans robots ; nous attendions devant le musée le retour de Toutankhamon, nous voici avec Toutencarton et Toutencarbone, princes des octets et de la pacotille ayant envahi la place publique pour des conférences gesticulatoires lors d’ateliers de poétique publique, qui sont à la poésie ce qu’est le bidet à la salle de bain et le baudet au pur-sang. Ce spectacle grotesque suscite auprès du public désemparé mais heureusement peu averti, un immense désarroi face à un Etat sans imagination  à la recherche de vieilles idées ratisfolatrices tout englouties dans les égoûts et dégoûts d’un passé prestigieux révolu, tandis que dans le fracas des jours, le peuple silencieux s’épuise jusqu’au sang à marcher au petit matin,  pour de sinistres calculs d’égos n’intéressant que les prébendiers, qu’ils soient au gouvernement ou dans les syndicats.

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La grève des quarante jours, quarante jours interminables, n’aura été qu’immenses souffrances infligées à autrui, une violence insupportable et cruelle  dont tous les acteurs du minable mélodrame social porte l’entière responsabilité partagée. Dans un pays dont les élites publiques ignorent tout de l’empathie et de la bienveillance, se vautrer ainsi dans la violence sociale ne peut se comparer qu’aux cochons dans la boue. Malheur à tous ceux qui oublient de faire le Bien pour autrui, ils verront les tempêtes se lever, les grappes de fruits tomber et ne récolteront que le sang versé des Innocents, usufruitiers de la légitime colère grondante et grandissante d’un peuple oublié, ignoré et galvaudé, qui n’en peut plus de la Terreur d’Etat.

Aristocrate d’Etat en costume, France, 2020

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