Breakfast in America, le disque du groupe de rock Supertramp aurait été vendu en 1979 à plus de 20 millions d’exemplaires, se retrouvant en tête des charts dans de très nombreux pays ; il n’en reste pas moins que les paroles n’ont pas marqué les esprits, loin s’en faut. Elles disent quelque chose comme : je monte à bord d’un jumbo pour traverser l’océan, j’aime aller voir l’Amérique, aller voir les filles en Californie, j’espère que cela va se réaliser… pouvons-nous avoir du hareng fumé pour le petit déjeuner… ils en ont sûrement au Texas, car ils sont tous millionnaires.
L’Amérique a beau être le grand Satan, l’ennemi universel des dictatures qui s’entendent au moins sur ce point, nous rêvons tous de traverser l’océan en jumbo, d’aller voir l’Amérique, les filles et les Beach Boys en Californie.
Pour nous qui partons d’Europe, le voyage commence par la côte Est. On y découvre Boston, Washington, Philadelphie et New York, des villes bien ennuyeuses, avec des gratte-ciels à perte de vue, des références historiques et des musées. Heureusement à Atlantic City, on peut s’amuser un peu, casinos, plages et jolies filles à chapeau de paille vous font signe de loin.
Plus loin à l’Est, heureusement, Chicago vous propose de retrouver un peu de cette ambiance de l’entre-deux-guerres, quant les bootleggers faisaient la loi, au temps de la prohibition entre 1917 et 1935. Rétrospectivement, l’interdiction de la vente d’alcool semble une mesure assez surréaliste, mais il faut reconnaître qu’elle aura eu le mérite d’inventer Al Capone et ses amis gangsters, et une ambiance sans laquelle Chicago ne serait pas Chicago.
Il est temps de prendre la route vers la Floride. Sur la route, traversant le Sud, des villes qui rappellent la guerre de Sécession, attendent votre visite telles que Charleston, Nashville, Savannah où le temps semble s’être arrêté.
Plus au Sud, Miami offre ses plages et ses boulevards infinis en bord d’océan. Tout semble respirer le luxe au point qu’on pourra préférer une visite dans les Everglades à ses risques et périls. Il n’y a pas mieux pour se débarasser d’un cadavre à en croire la série des Experts, surtout lorsque le cadavre bouge encore.
En route vers l’Ouest, on s’arrêtera à la Nouvelle-Orléans qui n’est plus ce qu’elle était depuis l’ouragan Katrina, le 29 août 2005, qui inonda 80% de la ville et plongea tout l’Etat de la Louisiane sous l’eau, causant près de 2.000 morts. La traversée du Texas donne l’occasion de visiter la cité de l’Espace, Houston, d’apercevoir les puits de pétrole qui ont fait la fortune de l’Etat et de croiser quelques cow-girls lors des rodéos.
L’Ouest, le vrai, le véritable, l’authentique Ouest américain se laisse découvrir à travers les immenses parcs nationaux, le Grand Canyon, le Yosemite, le Grand Téton, le Yellowstone, les Arches, le Bryce Cannon ou le territoire des Navajos, de quoi envoyer des cartes postales, prendre des photos ou des selfies avec les ours.
Enfin, comme dans la chanson Breakfast in America, ce que nous espérions se réaliser, devient possible, voir la Californie, ses filles et ses garçons : la cité des anges et son cinéma nous attend.
Pour arriver en Californie, il sera encore nécessaire de traverser l’Arizona, le Montana, le Wyoming ou le Nouveau-Mexique. C’est tout le problème des Etats-Unis : son immensité. L’avion raccourcit les distances, mais une fois dans les airs on ne voit pas grand-chose, surtout si on passe son temps d’un aéroport à l’autre. Et comme les trains prennent leur temps, pour voir du pays et des paysages, il ne reste plus que la route, ou plutôt les routes mythiques comme la 66 ou la 101.
C’est pour cela que ceux-qui veulent faire du surf, visiter San Francisco ou Seattle, évitent le périple qui vient d’être décrit et s’envolent directement pour la Californie, y prendre leur petit déjeuner avec des filles qui portent des planches de surf toute la journée sur la tête. Si l’Amérique ne fait plus beaucoup rêver pour ses gratte-ciels, son pétrole de schiste ou ses politiciens véreux de Washington, la Californie demeure, jusqu’au prochain tremblement de terre, une terre de rêve, l’Etat le plus peuplé des USA avec près de 40 millions d’habitants pour une superficie équivalente à 80% de la France et où le GAFA prospère (Google, apple, Facebook, Amazon), emportant dans son sillage des milliers de start-up qui ambitionnement d’inventer l’économie de l’avenir, loin des clichés des affiches anciennes. C’est dommage pour nous qui aimons les vieilles guimbardes, les maillots une-pièce, les ukuleles et les yukas. Le monde moderne a plus besoin de nous, pauvres consommateurs, que nous de lui.
Les affiches anciennes nous parlent beaucoup plus que toutes les campagnes publicitaires menées depuis lors par les compagnies aériennes, les agences de voyages, les tour-opérators ou les centrales de réservation. Elles avaient le charme d’une réalité embellie par le trait pictural alors qu’aujourd’hui les promotions publicitaires enlaidissent par la vulgarité des réductions et autres avantages tarifaires surlignés au point d’effacer la destination. On vend Punta Cana comme Marrakech ou Bizerte, petit déjeuner continental compris.
Toute idée de charme a disparu à la différence des anciennes campagnes publicitaires menées par Continental, Western, American ou Virgin Airlines, pour promouvoir leurs destinations phares. On n’a plus besoin de faire rêver les clients avec des affiches ringardes, on s’occupe de tout, l’objectif est de remplir les avions en modulant les tarifs en fonction de l’évolution prévisionnelle des ventes tenant compte des comportements d’achat, on se fout royalement du client, il est juste là pour payer son billet. Cette technique s’appelle le Yield management, les compagnies aériennes ou hôtelières en raffolent, et même désormais les chemins de fer. C’est tout simplement l’art de vous arnaquer en vous faisant croire que vous faîtes une bonne affaire. C’est le principe même de la vente. Cela dit, il n’y a pas de sot métier. Et comme le disait notre grand-mère restauratrice : les pigeons sont là pour être plumés. Quant à notre mon grand-oncle hôtelier, il ajoutait: et les touristes aussi.
Et c’est pour cela que nous préférons nous rendre dans les îles des Petites Antilles, collier de perles accroché à l’Amérique, même si la Pan American a disparu : il est bien préférable d’y déguster des langoustes au soleil et d’aller à la pêche au gros que de se retrouver au Texas à avaler des harengs fumés dans des vapeurs d’asphalte.
Pour nous qui aimons l’Amérique, nous préférons la Caraïbe.
merci pour ces très belles affiches ici rassemblées, ces peintres ont vraiment le sens de l’esthétique; belle collection
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… sans parler de la plume de l’auteur … et de ses nombreuses et diverses références (connaissances)
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