Au pays du mensonge déconcertant chez Vladimir le Magnifique

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Publié une première fois en novembre 2015, après l’invasion russe du Donbass et de la Crimée, cette chronique consacrée au culte du dopage dans le sport et aux principes fondateurs du mensonge déconcertant en Union soviétique et dans l’actuelle Russie de Poutine, témoigne de l’existence ancienne de vifs signaux susceptibles d’alerter les Occidentaux et plus particulièrement les Européens, sur la dialectique de la toute puissance hégémonique en vigueur du côté des descendants de Potemkine. Non seulement il n’en a rien été, mais nombre de Français et même la majorité si on se fie aux dernières sondes du thermomètre électoral, ne trouvent pas seulement magnifique Vladimir le Conquérant, ils le considère comme un exemple fantastique à suivre pour une France déboussolée à la recherche de la quadrature forcée et forcenée de l’hexagone.

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En Russie, rien ne se fait sans l’accord de l’actuel « Patron » du pays, Vladimir Poutine, lointain successeur de l’authentique « Patron » qui a façonné pendant près de trente ans les traditions mensongères et criminelles de la défunte Union soviétique: Joseph Staline, en référence à l’acier dont son âme était trempée, auparavant appelé Koba, nom d’un héros national géorgien, aussi appelé le génial père des peuples.

A l’heure de la mondialisation et de l’internet, il y a quelque chose de pathétique dans la Russie qui se prétend toujours une grande puissance à égalité avec les Etats-Unis et la Chine alors même que l’espérance de vie de sa population s’est effondrée, principalement chez les hommes abrutis à la vodka dès leur plus tendre enfance. La Russie ne cesse de chuter démographiquement et socialement, ayant quitté le club des dix principales puissances économiques,  menacés d’être dépassée dans ce domaine par de nombreux pays africains et asiatiques à la recherche d’un véritable développement pour leur pays.

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Si la vodka pouvait être pour les Russes une potion magique comme la cervoise en son temps pour les irréductibles Gaulois, il n’y aurait pas pour les fédérations sportives russes l’obligation de tricher en permanence avec l’objectif d’arracher des médailles dans tous les sports et plaire au maître du Kremlin qui, il est vrai, est le plus grand sportif mondial de tous les temps, à la fois Achille et Hercule sur le stade quand il n’est pas le dieu de la guerre Mars lorsqu’il s’agit de bombarder en Tchétchénie, en Géorgie, en en Syrie, ou dans le Donbass ukrainien.

Poutine, l'aventurier russe | Slate:

Il reste qu’il est plus facile de faire la guerre que de gagner des compétitions pacifiques dans les stades. C’est pourquoi l’organisation criminelle du dopage en Russie sous l’égide des services de renseignement chargés d’inciter, de soudoyer et compromettre, n’a rien de surprenant. La Russie a retrouvé tous les réflexes de la période soviétique, adaptés à l’univers de la mondialisation.

La tricherie collective, le chantage, la corruption active et l’extorsion de fonds ont toujours constitué le fonds de commerce  du système communiste dans le domaine sportif comme dans tous les autres domaines de la vie, suivant en cela les mécanismes du mensonge déconcertant pour reprendre le titre du livre d’Ante Ciliga: Dix ans au pays du mensonge déconcertant, dont la première partie, publiée en 1938, s’intitulait : Dix ans au pays du grand mensonge. En 1950, il ajouta une seconde partie consacrée à la Sibérie et son industrialisation forcée, par le recours à la main d’œuvre de millions de déportés et détenus rattachés à un système concentrationnaire qui prendra la dénomination d’Archipel du Goulag.

vladimir poutine | Tumblr:

Voici comment le site Babelio résume le livre : En 1936, après trois ans de prison et deux ans et demi d’’exil en Sibérie, Ante Ciliga est à Paris où il écrit la première partie de son livre, Au pays du grand mensonge, publié en 1938, auquel fait suite une deuxième partie, Sibérie, terre de l’’exil et de l’’industrialisation, achevée en 1941 et publiée en 1950. Dix ans au pays du mensonge déconcertant réunit en un seul volume ces deux ouvrages parus à douze ans d’’intervalle qui relatent dans leur suite chronologique l’’expérience des dix années – de 1926 à 1936 – vécues par l’’auteur en U.R.S.S. Ce témoignage d’’un révolutionnaire relate conjointement la résistance opiniâtre du prolétariat russe et la lutte obstinée pour la vérité d’un homme confronté à la bureaucratie stalinienne. Ciliga, emprisonné puis exilé pour n’’avoir pas cédé aux injonctions de la bureaucratie, y dresse un tableau de la vie et de l’’activité carcérales et d’’exil et révèle son effroyable réalité : « La prison est devenue le seul endroit en Russie soviétique où les gens s’’expriment de façon sincère et ouverte ». En prison, cet ex-dirigeant communiste démonte avec une grande lucidité les vaines querelles des opposants intellectuels à propos de « l’’État ouvrier » et tranche : « Le trotskysme est une opposition dont le but est d’’améliorer le système bureaucratique et non de le détruire.… Trotsky est au fond le théoricien d’un régime dont Staline est le réalisateur. » Mais Ante Ciliga ne s’’arrête pas là et en vient à critiquer le léninisme. Il conclut : « La légende de Lénine est un mensonge qui sert à couvrir les crimes de la bureaucratie.»

Pour l’analyse de ce mensonge déconcertant dans la Russie du XXème siècle, on consultera utilement le livre de Jean-Philippe Jaccard publié en 2003 aux éditions l’Harmattan.

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Car aujourd’hui, dans la Russie post-stalinienne et post-soviétique, rien n’a changé. Le système n’est peut-être plus marxiste-léniniste-staliniste, remplacé par un national-libéral-impérialisme. Peu importe sur le fond: les racines du mal russe sont à rechercher dans des mécanismes nationaux autrement plus lointains qui cultivent à la fois  des principes  de soumission religieuse qui sont au cœur de l’orthodoxie russe, et développent le culte impérial de la personnalité qui conduit à ce que toute personne insoumise à l’image même du Tsar incarnant le pouvoir absolu,  est considérée comme un provocateur, un rebelle et à  la fin un traître devant être éliminé de la société.

Ce mensonge déconcertant se retrouve historiquement dans les fameux « villages Potemkine« , ces palissades de bois érigées  sur le passage de  la Tsarine Catherine II pour lui faire croire que le peuple  russe était heureux dans les campagnes, dissimulant la véritable misère et la famine dans lesquelles le peuple russe vivait réellement de toute éternité. Ce « mensonge russe »  a été autrefois dénoncé par Custine ; il reste d’actualité quand il s’agit pour le gouvernement moscovite de présenter une Russie unie, patriote et heureuse alors que dans la réalité elle sombre dans la vodka, subissant une oppression collective placée sous contrôle mafieux pour tous les  aspects de la vie en société, les mafias ayant remplacé  l’ancien parti communiste qui s’est disloqué en 1991.

 Afficher l'image d'origine    Vladimir le magnifique, champion du monde de kayak, de bowling, de boxe, de pêche et de tir à l’arbalète : l’essentiel n’est pas de participer mais bien de vaincre par tous les moyens. 

Le comportement de la Russie en matière sportive  est symbolique des dérives d’un régime qui a loupé le tournant de la démocratie après l’effondrement du système soviétique. On dépense des milliards de dollars pour organiser des Jeux olympiques d’hiver dont la moitié est destinée à alimenter le système mafieux des oligarques ; on achète des votes à la FIFA pour organiser la coupe du monde en Russie en 2018, les virements pour les dirigeants et les arbitres étant faits pour faciliter l’obtention de décisions favorables à la Russie éternelle ; on organise une tricherie généralisée pour  gagner des médailles en athlétisme ou natation, et dans d’innombrables autres sports: rien n’est trop beau pour satisfaire le maître du Kremlin pour qui le culte de la personnalité atteint des sommets charnels lorsqu’il s’agit aussi de vouer à son corps un culte onirique quelque peu surréaliste, plutôt dadaïste ou expressionniste tant celui-ci est grotesque.

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Vladimir le magnifique, champion d’apnée, lors de son record mondial

A défaut d’être champion dans toutes les disciplines olympiques, Vladimir le magnifique a retrouvé le titre perdu de champion olympique du grand mensonge,  que ses illustres prédécesseurs  Staline et Brejnev ont longtemps détenu. Ce serait pitoyable si ce déni de réalité quelque peu comique ne suscitait autant de misère et de violence à l’intérieur de la Russie et dans les affaires internationales.  Il est encore temps que les dirigeants russes retrouvent le sens de la réalité, car autant la Russie a besoin du monde autant le monde entier a besoin d’une Russie sereine, pacifique et ouverte au dialogue constructif avec les Européens.

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Vladimir le magnifique, champion olympique de dressage d’ours en eaux vives

Oublions un instant la Russie éternelle pour nous pencher sur le cas de Vladimir l’Ephémère. Il y quelque chose en lui non pas de Tennessee mais de Jean-Paul Belmondo dans l’Incorrigible ou plutôt le Magnifique, quelque chose en lui d’un formidable acteur qui use toutes les cordes de son arc à mensonges, devenu effroyablement pathétique à force de toujours surjouer le même rôle athlétique.

Toute la question est de savoir ce qu’il pourrait désormais faire. La réponse est simple: la guerre, toujours la guerre.

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