Le cimetière des éléphants

DSC_0172Chaque jour qui passe, l’auteur virtuel s’en retourne au cimetière des éléphants qui est justement le titre d’un livre d’Henry de Monfreid, lu dans son enfance, et qui est aussi une chanson d’Eddy Mitchell soit-dit en passant. Cette croyance infondée que les éléphants s’en retourneraient d’eux-mêmes,  à l’heure où la mort approche, vers des cimetières secrets, a longtemps été l’espérance des chasseurs d’ivoire avant de devenir un mythe populaire et désormais une expression d »une très grande banalité, employée à tort et à travers. Les éléphants méritent mieux.

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Et pourtant, pour celui qui écrit avec lucidité et sincérité, il arrive toujours un moment où il lui faut invoquer l’esprit de ses ancêtres, retourner sur ses pas et choisir le silence en attendant la mort. Le monde dans lequel l’auteur virtuel vit, celui de tous les jours de nos jours, n’est plus le sien depuis longtemps si tenté qu’il l’ait été un jour, il lui est totalement étranger et il lui faut beaucoup d’abnégation pour supporter tout ce fatras d’idioties, cette violence généralisée, la crapulerie de masse, la vulgarité et l’insulte permanentes sans oublier tous ces gens vertueux qui se complaisent dans la débauche d’idées hypocrites ou odieuses, quand le moindre neurone de coccinelle devient démonstration d’intelligence pour cloportes ankylosés ; oui, le monde dans lequel nous vivons est difficile à supporter intellectuellement, spirituellement et physiquement : où sont Chateaubriand, Balzac, Stendhal, Baudelaire, Apollinaire, Saint-Exupéry, Gary et tant d’autres ? Justement, au cimetière des éléphants.

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Et s’il n’y avait que la littérature ! La danse, la musique et la peinture subissent cette même loi systémique de l’effondrement des lois de l’honneur, de la dignité et de la douceur de vivre. Rien n’a changé depuis quarante ans que l’auteur virtuel a commencé un roman qui s’appelait « les foutaises », et qui commençait par : Un jour, on se retrouve seul… Le roman, fort médiocre, est heureusement passé à la trappe, mais les foutaises sont toujours là, dans les journaux, aux radios et télévisions, et maintenant sur les réseaux sociaux où moins les gens s’expriment, plus ils partagent et s’agitent inutilement en vains gazouillis, histoire de passer le temps et de se donner de l’importance.

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Chaque jour qui passe est une trahison de l’écriture, de la réflexion et de la pensée. Prenez par exemple le Louvre qui consacre une exposition bienvenue  à Nicolas Poussin, qui est la peinture ce que Racine est à la littérature, un génie des arts et des lettres.  Pourquoi accompagner cette exposition d’un verbiage creux et imbécile sur le peintre pour savoir s’il croit ou non en Dieu, ce dont tout le monde se fout, alors que seule l’œuvre compte ? Et qu’en l’occurrence, l’œuvre est immense, exceptionnelle. « Où es-tu franche pistole » ?

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Depuis l’ouverture du site, voilà cent jours, l’auteur virtuel a déposé 130 articles constitués de 150.000 mots et 900.000 signes, qui auront été regardés, l’un ou l’autre, car on ne sait pas s’ils sont lus, par plus de 3.000 visiteurs uniques, ce qui est en soi une performance car l’auteur ne se préoccupe guère de diffusion, advienne ce qu’il advient. C’est comme s’il avait écrit un livre de 500 à 600 pages,  hors les photographies, ayant autant de lecteurs que Stendhal autrefois, de son vivant, avec La Chartreuse de Parme.

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Les photographies, justement, sont ce qui rend supportables les articles. A la suite de cette chronique, ont été regroupées les photographies ayant figurées en page de garde du site, un jour ou l’autre ; et il faut bien l’avouer ce sont ces illustrations qui facilitent la lecture des textes.

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Alors, voilà, au moment d’achever cette chronique, l’auteur virtuel ne peut vous garantir qu’il en publiera à nouveau, demain, dans un an ou dans dix ans, peut-être que oui, peut-être que non ; car il est certain en ce qui le concerne que voilà longtemps, il a pris, sans esprit de retour, le chemin du cimetière des éléphants, et que le silence est préférable à l’agitation surtout lorsque celle-ci est brouillonne, bruyante, et en définitive peu respectueuse d’autrui.

Et à la réflexion, il est probable que ce cimetière des éléphants ressemblera plutôt le jour venu à un gisant destiné à un croisé pacifique qui après avoir « péleriné » à Jérusalem, Rome et Compostelle, aura été enfoui de nuit dans une abbaye en ruines, sous une stèle sur laquelle il serait gravé en lettres invisibles : ci-git, l’auteur virtuel.

En attendant un retour aussi probable qu’improbable, Que Dieu vous garde.

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