La destruction du peuple arménien par l’empire Ottoman est intervenue entre 1894 et 1922, en trois vagues principales dont la plus forte toucha les provinces d’Arménie occidentale en 1915, pendant la Grande guerre 14-18 au cours de laquelle les Ottomans étaient alliés à l’empire allemand du Kaiser Guillaume II. Tous ces événements ont eu lieu sous le régime dit des Jeunes-Turcs alors que le sultan ottoman était au pouvoir et que le monde était en proie à une tourmente guerrière qui offrit la possibilité au gouvernement turc de traiter la question arménienne de la façon la plus brutale possible. Tout au long du XIXème siècle, les Turcs n’avaient cessé de perdre pied en Europe, devant renoncer à la Grèce asservie depuis quatre siècles, puis à la Roumanie et la Bulgarie. Les Jeunes-Turcs arrivés au pouvoir, s’appuyant sur un nationalisme exacerbé par les défaites successives, envisagèrent alors de s’étendre vers l’Est pour constituer un grand empire pan-Turc s’étendant aux peuples Azéris et Turkmènes. Tout problème peut trouver une solution finale.
Quel Problème ? En plein milieu de la future Grande Turquie, se trouvait le peuple arménien qui plus est chrétien, partagé entre l’Arménie occidentale sous contrôle ottoman et l’Arménie orientale sous domination russe depuis les conquêtes coloniales dans le Caucase menées par les Tsars successifs au début du dix-neuvième siècle.
Quelle Solution ? Eradiquer les Arméniens en commençant par l’Arménie occidentale puis transformer les provinces nettoyées en zone de peuplement turc en effaçant toutes les traces de la présence antérieure des Arméniens.
Quel Résultat ? La destruction totale de l’Arménie occidentale pendant la Première guerre mondiale, avec l’aide d’officiers allemands qui crurent utiles de s’employer à prêter main forte, comme s’ils pressentaient la nécessité de se préparer aux futurs nettoyages ethniques organisé par Hitler à l’échelle de l’Europe.
Officiers turcs et officiers allemands posant devant des crânes de victimes arméniennes
Car c’est en Arménie que tout a commencé en matière d’organisation et de planification des meurtres de masse, de destructions entières de population, bien avant que les nazis et les communistes ne prennent le relais, tout un siècle d’exterminations successives jusqu’au Rwanda en 1994 et les Ouïghours en Chine, sans oublier en Syrie et en Irak les nouveaux Ashashins qui ont pris le relais pour perpétuer le règne immuable de la terreur au Proche-Orient. Et, à chaque fois, toujours les mêmes méthodes dans les grandes lignes, mises au point en Arménie occidentale qui servit de laboratoire expérimental de l’horreur : séparation des hommes valides des femmes, des enfants et des vieillards ; assassinat systématiquement sur place des hommes, destruction des villages et des quartiers chrétiens dans les bourgs et les villes, déportation de la population affamée et assoiffée en organisant une marche à travers le désert en direction d’Alep pour que personne ne revienne.
Tableau de chasse ottoman en Arménie occidentale, 1915
Voilà pour simplifier ce que fut le génocide arménien. Avec une variante locale : la conversion systématique des femmes à l’Islam et leur asservissement, vendues à des harems ou tout simplement mariées de force. Quant aux jeunes enfants arméniens demeurés en vie après avoir été arrachés à leur famille détruite, ils furent donnés en adoption à des familles turques avec le résultat étonnant qu’entre un cinquième et un quart de l’actuelle population turque aurait un Arménien dans leur généalogie récente.
Femme arménienne réduite à l’esclavage. Ses tatouages sur le visage indiquent qu’est elle est soumise à un propriétaire ou contrainte à la prostitution.
Pour paraphraser Aragon, en Turquie la femme a toujours été l’avenir de l’homme.
A ce jour, la Turquie n’a toujours pas reconnu les actes qui ont conduit à ce que la population chrétienne qui représentait 30% de la population totale de la Turquie dans ses frontières actuelles, n’en constitue plus que moins de 1%. Dans la logique de l’actuel gouvernement turc et à bien comprendre, personne ne sait où sont passés les deux millions et demi d’Arméniens qui vivaient en Turquie, dont pourtant un million cinq cent mille ont été massacrés, un million prenant le chemin de l’exil ou étant asservis en Turquie même.
De la part d’un pays dont l’actuel président ne reconnaît pas que la femme est l’égale de l’homme mais qu’elle est seulement « complémentaire », il n’ y a rien de surprenant. Si nous n’avons rien à attendre des dirigeants Turcs dans la reconnaissance du génocide, au moins soyons déterminés à les ignorer dans la vie de tous les jours. Rendons leur la monnaie de leurs crimes. Nous démocrates qui aimons la liberté, n’avons rien à faire en Turquie, ni commerce, ni tourisme, ni finance, ni industrie. Il faut frapper au portefeuille, avec ces gouvernants qui méprisent la vie, la liberté, et qui n’ont aucun respect des droits de l’homme, méprisant souverainement la femme. Le monde est assez vaste pour les ignorer même si les plages, les paysages, les ruines grecques et l’ancienne basilique Sainte Sophie sont certainement plaisantes à visiter. Commençons par le commencement, et ignorons ceux qui bafouent les droits des femmes, les droits de l’homme et l’histoire. Il n’y a là rien d’agressif. C’est juste une question de méthode et de logique. Il faut changer d’approche avec « les asservisseurs », leur compliquer personnellement la vie, leur rendre impossible les déplacements, les loisirs et menus plaisirs dans les pays qu’ils prétendent abhorrer mais où ils n’aiment rien tant qui venir : finis les parfums et l’épicerie fine, adieu palaces, yachts, ski, jet set et jet-ski. Bloquons leurs comptes bancaires, leurs avoirs, saisissons leurs propriétés.
Mais pour le moment, au nom de l’histoire voici quelques éléments de ce que fut le génocide arménien. Les documents et photographies se suffisent à elles-mêmes. Tout au long de l’année, nous reviendrons sur le génocide arménien mais aussi sur l’Arménie où l’auteur virtuel a voyagé. Il est revenu avec plus de souvenirs dans ses tiroirs que s’il avait mille ans.
1) Exemple de destruction dans une ville des quartiers arméniens : Adana en 1909
2) Exécution d’intellectuels arméniens à Constantinople en 1915
3) Enfant sur le chemin des la déportation dans le désert de la Syrie
4) Arméniens déportés dormant dans la rue, sans nourriture
5) Famille turque passant, au milieu d’une ville, devant des enfants arméniens mourant ou morts de faim.
6) Squelettes d’Arméniens victimes du génocide, découverts dans une fosse commune
7) Orphelins arméniens abandonnés dans le désert Syrien après les déportations et les assassinats perpétrés par le gouvernement ottoman en 1915
8) Assassinats de masse d’Arméniens par des supplétifs de l’armée ottomane qui engagea des Kurdes, des Tchétchènes et autres peuples circassiens pour « les basses besognes ».
9) Maria Jacobsen, missionnaire danoise. Témoin des assassinats perpétrés par les Turcs, elle vint en aide à des milliers d’orphelins arméniens abandonnés sur les routes, de 1915 jusqu’en 1922. Témoignant aux Etats-Unis à la suite de la parution de « Journal d’une missionnaire danoise », elle leva des fonds pour ouvrir un orphelinat à Beyrouth, ayant été interdite de territoire en Turquie. L’orphelinat appelé Bird’s nest accueillit 208 enfants.
Elle est décédée en 1960, honorée en Arménie et au Danemark, détestée en Turquie pour avoir témoigné de tous les crimes qu’elle a vus de ses propres yeux en Arménie occidentale, plus particulièrement en 1915 :
Each day new groups of children stood in front of my door asking for help, but what more could I do? I had nothing more to give them. One day a 13 year old boy stood out among a starved group of children that came to me. His belly was not swollen up with hunger as others so I told him; there are many in worse condition than you who need help. Yours is the least serious, that’s why I am sorry, I can not take you in. The same evening when I came to our kitchen’s fireplace, my eyes caught a child lying crumpled on the warm ashes. It was the boy I sent away the previous day. He had died of hunger. That day I thought I would never be able to smile again. Each day we found ten to fifteen children that had died of famine
10) Convois de déportés arméniens en 1915. Déjà les wagons de bestiaux !
11) Marche de la mort de déportés arméniens dans le désert syrien pour se rendre à Alep. Les escortes sont principalement composés de Kurdes et Tchétchènes qui avaient ordre d’exécuter les retardataires et les affaiblis. Ceux qui survécurent s’installèrent en Syrie, à Beyrouth, ou encore à Jérusalem, prirent le chemin de l’exil vers l’Europe, notamment Marseille qui en constitua la porte d’entrée, mais encore l’Amérique ou l’Australie. La diaspora arménienne est forte de 2 à 3 millions de personnes, hors la Russie.
12) Croix arménienne, symbolisant l’arbre de Vie, portant aux extrémités des racines remontant vers le ciel
Longue vie à l’Arménie et aux Arméniens.