Eternel retour au château du Plessis-Bourré

Il est dans le Haut Anjou, une route de campagne où paissent des moutons dont le chien de berger nous mène par-delà les bois, à un chemin où, soudain au loin, on aperçoit des toits pointus d’ardoise, et lorsque nous nous rapprochons, se découvrent des pierres blanches, des murs et tours en tuffeau entourés de douves carrées si profondes et si larges qu’il faut un pont de de quarante mètres pour y accéder en ne pouvant pénétrer dans ce château de conte de fées qu’après avoir franchi un pont-levis tel qu’il était à l’origine et demeurera pour les siècles à venir, si nous voulons que rien ne change et qu’il passe le cap glorieux du millénaire depuis le début de la construction, ce qui n’est rien ou si peu au fil du temps, des années, des mois, des jours, des heures et même de la seconde qui peut percuter le son au rythme de 380 mètres, près de dix fois la longueur du pont-levis.

Pour sûr, sûrement et assurément, il s’agit de l’un des plus beaux châteaux du Val de Loire en majesté, de la France éternelle et de la terre entière, loin des circuits touristiques obligés, méconnu, or, pourtant, l’un des plus illustres tant les tournages cinématographiques y ont été, sont et resteront multiples. Son architecture n’a pas évolué ou fort peu et demeure à l’image de ce qu’elle était lorsque Jean Bourré, le financier de Louis XI édifia le château pour le grand bonheur des générations successives et, à l’occasion, notre modeste personne sommé d’un éternel retour pour y retrouver son enfance, son adolescence et sa vie adulte, qui surgissent dès qu’apparaissent les prés tels la magnificence d’un collier d’émeraude réfléchissant l’ombre de la mémoire en bandoulière.

Plusieurs fois, nous avons tenté de nous souvenir de toutes les personnes avec qui nous visitâmes les lieux, et la liste actuelle en compte bien une soixantaine, ce qui finit par constituer une véritable petite troupe, échelonnée sur six décennies, à peine de quoi pourtant remplir un car pour s’y rendre par les voies détournées des routes vicinales.

Telle est aussi la vocation de Mille ans de Solitude, une couronne d’épines engloutie dans un fossé loin des douves, qui appartient au site des Lettres d’ivoire dont nous humerons un parfum de nostalgie jusqu’au dernier jour s’il venait que les forces manquent pour y trouver toute sa place en prenant des voies contournées pour traverser allègrement le nouveau millénaire à peine commencé, ce qui nous laisse en matière de discernement et sincérité, que fort peu de temps. Mille ans n’est rien.

Château du Plessis-Bourré. Écuillé, Maine et Loire, France

Plaise à Dieu que jamais cette rivière, ces champs, ces arbres et cette modeste demeure à l’échelle du temps et des hommes, ne disparaissent.

Malheureux,  ceux qui  jamais n’approcheront le Plessis-Bourré, car ils ne pourront connaître l’une des douze authentiques merveilles du Val de Loire enfouies dans les foins de l’âme secrète de la France, terre de châteaux s’il en est, qui n’en manque pas ou si peu. Mais, heureux ceux qui les voient et les revoient, car ils croient et continueront de croire aux contes de fées, se forgeant ainsi une véritable âme de conquérant au service de la Paix entre les Nations..

Chaque visiteur qui franchit les grilles et traverse le pont pour se rendre dans la Cour au milieu des murs, à chaque fois investit un lieu où demeure les songes du souvenir du passage cinématographique de Peau d’âne, Jeanne d’Arc, Louis XI, le Bossu, Fanfan la Tulipe ou encore,  la princesse de Montpensier: chevaux et cavaliers,  cavalcades et chevauchées, qui assemblent l’histoire et la littérature françaises pour y atteindre les sommets d’universalisme permettant de dépasser l’Himalaya des haines et de la violence, pour rester en capacité, sur cette terre, chaque jour, de faire le bien pour autrui, tourment d’amour roulant perpétuellement comme le rocher de Sisyphe, en plus compliqué encore puisqu’il faut le rouler par les escaliers étroits menant à la plus haute tour: pas facile et encore moins chaque jour avant la tombée de la nuit, lorsque les clefs du gardien s’en viennent tintinnabuler pour rappeler en fermant portes et grilles, que notre présence ne peut-être que temporaire, ici où là sur terre.

C’est en regardant un château tel que celui du Plessis-Bourré que nous comprenons qu’il n’y a pas de plus grand devoir et Victoire, pour nous qui sommes mortels, que de léguer aux générations à venir, ce tuffeau et ces ardoises si fragiles, symboles d’un patrimoine qui n’est jamais à l’abri des dévastations du temps et des hommes. Notre-Dame de Paris en témoigne.

✅ Château du Plessis-Bourré (49)
Que Mille ans de Solitude demeure en nous et resplendisse.

Et en attendant, que survivent les histoires de cape et d’épée qui font le bonheur des enfants, des cinéphiles et des vieillards.

La Princesse de Montpensier
Le Bossu de Philippe de Broca 1997
Fanfan la Tulipe (2003)
La princesse de Montpensier
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Donkey Skin (Peau d'Ane) by Jacques Demy - 1970
Château du Plessis-Bourré – Maine-et-Loire

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