Dernières nouvelles de l’Homo voyageur

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L’ennui avec nos ancêtres, c’est qu’ils se manifestent peu souvent et ne donnent guère de leurs nouvelles. Voici qu’un lointain cousin indien de la famille Levallois qui avait disparu depuis 385.000 ans vient de resurgir pour semer le doute, comme si l’Homme n’avait que cela à faire, alors qu’il est déjà très occupé à être et donc penser. Et puis ce très lointain cousin indien, il aurait pu envoyer une vidéo, un sms, rejoindre un groupe whatsapp, facebooker ou instagramer, au moins adresser une carte postale, pas du tout, il a seulement laissé quelques débris de pierre taillée pour des spécialistes du paléolithique qui parlent l’acheuléen, le biface, l’hachereau et le moustérien, autant dire que l’habitant qui fréquente par habitude et habituellement les marchés de Levallois n’y comprend rien, tout en ne se demandant pas trop en quoi cela le concerne. Et il a bien tort. Car l’Homo voyageur est très intrigant. Il ne laisse pas beaucoup de débris sur le chemin de millions d’années.

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Pourtant si nous en savions plus sur nos ancêtres et cousins lointains, tout irait mieux. Déjà qu’il n’est pas facile de s’y retrouver dans l’histoire biblique qui remonte à 4.000 ans au plus, et dont on doit se contenter de traces archéologiques qui n’ont guère plus de 8.000 ans comme la tour de Jéricho, alors quand on découvre que des cousins Indiens du côté de Madras débitaient des pierres façon Levallois voilà 385.000 ans, tout cela « bouscule un peu » pour reprendre l’expression d’un archéologue qui datait ces silex de 200.000 ans seulement, en Inde. Une paille de temps quand on y pense.

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La tour de Jéricho

Car à force de découvrir des ossements ou des pierres taillées un peu partout et surtout là où l’on ne s’y attend pas,  on finit par carrément s’y perdre. Longtemps, on avait imaginé que les premiers hommes surgis en Afrique dont on ne sait où, avaient migré depuis l’Afrique vers l’Europe et l’Asie en passant par le Proche-Orient, aboutissant à la conclusion sereine que migrations et colonisations sont assurément le propre de l’homme depuis 2,5 millions d’années.

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Homo habilis pris sur le vif

Mais de quels hommes s’agit-il ? Là, cela se complique sérieusement. Pour simplifier, on parle d’Homo, comme quoi il n’y a rien de nouveau sous le soleil, ce que la Bible d’une certaine façon confirme quand on étudie la naissance d’Adam et Eve. A ce sujet, ce n’est pas le passage le plus convaincant, c’est un peu comme l’histoire de l’oeuf et de la poule. Il est étonnant d’ailleurs que les féministes toujours à la pointe des combats les plus inventifs, n’exigent pas la réécriture de la Bible en mode inclusif et paritaire, les temps changent !

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Crâne Homo habilis O.H. 24

Ce qui change vraiment, c’est l’Homo depuis 2,5 millions d’années qu’il taille de la pierre au paléolithique, ce qui sonne bien mieux que l’âge de la pierre, qui fait tout aussi daté que l’âge de bronze ou du fer. C’est que les temps ont déjà changé pour nos plus anciens ancêtres. Ils croyaient vivre à l’âge de la pierre, pas du tout c’était au paléolithique, c’est rassurant que l’on puisse ainsi changer d’âge ou d’ère une fois mort. D’une certaine façon cela met de la vie dans les sites de fouilles où les archéologues remontent avec patience le temps.

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3 millions d’années de progrès techniques résumés en une planche !

Car de la patience, il en faut pour retrouver tout le monde dans le bon ordre. Apparemment, s’agissant du début, du commencement et même du tout commencement, voici 2,5 millions d’années, c’est l’Homo habilis qui tient la corde ou plutôt la pierre. C’est un « Homo habile » comme son nom l’indique, preuve formelle que les spécialistes ne racontent pas n’importe quoi, le latin ayant de plus l’avantage de faire sérieux. Car un Homo habilis c’est autre chose qu’un Homo habile, une expression qui serait presque malhabile aujourd’hui.  Donc l’Homo habilis est le bonhomme qui est apparu en commençant à tailler des pierres pour en faire des armes ou des outils et plus tard domestiquer le feu. Fallait y penser, et donc être, être homme habile plus précisément. L’adjectif n’est pas usurpé.

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Eclats et fragments de silex

Cette découverte, l’Homo habilis a mis du temps à s’en remettre. Au moins 800.000 ans pas toujours facile à vivre pour peaufiner la culture de la taille de la pierre, dite acheuléenne, constituées de bifaces ou hachereaux. C’est qu’à l’époque le voisinage était remuant au milieu de contrées hostiles pas toujours propices à la survie, invitant à se réfugier dans des cavernes pour ne point trop croiser quelques bêtes préhistoriques pas très empathiques.

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Nucleus Levallois en silex

Toujours est-il que l’Homo habilis bien décidé à connaître le vaste monde, commence à explorer la planète : la culture acheuléenne apparaît en Afrique voici 1,7 million d’années, puis en Inde il y a 1,5 million d’années et en Europe voilà 1 million d’années où l’industrie dite lithique de la pierre taillée « disrupte » pour reprendre une expression de notre temps : l’acheuléen laisse la place il y a 400.000 ans  au moustérien avec l’apparition de la technique du débitage dite Levallois, ce qui laisse songeur, le monde entier ignorant ce qu’il doit à cette commune de l’Ouest parisien plus connue pour les frasques de son maire. Et jusqu’alors la technique dite Levallois  se retrouvait en Inde voici seulement  200.000 ans, ce qui arrangeait les spécialistes d’une certaine façon, tout était clair ou presque, les outils nés de la main de l’homme ayant été inventés en Europe avant de passer en Asie.

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Sauf que maintenant, on a trouvé en Inde des silex taillés façon Levallois voilà 385.000 ans. Cela change tout. Avec ces cousins indiens d’Attirampakam, du nom du site de la découverte de silex taillées façon Levallois se trouvant à Chennai près de Madras dans le sud-est de l’Inde, cela voudrait dire que l’Homo serait sorti plus fréquemment d’Afrique et qu’il aurait souvent voyagé. On ne sait plus trop de quel Homo il s’agit, un Homo ancien, peut être Erectus, heidelbergensis, néanderthalensis, ou une autre branche éteinte, peut être même un Homo aussi inconnu que notre soldat sous l’arc de Triomphe, de quoi rendre encore plus palpitantes les recherches paléolithiques qui s’y perdent déjà un peu en matière de lignées d’homo sapiens.

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Silex trouvés à Attirampakan, dans le Tamil Nadu

En attendant de nouveaux progrès palpitants et fulgurants du côté de la technique Levallois, pour retrouver tous nos ancêtres, il reste pas mal de boulot. Rien que pour remonter à nos ancêtres les Gaulois vivant au temps du Christ, il faut compter de l’ordre de 80 générations, et comme on le voit avec ces histoires de pierres taillées qui se trimbalent de Levallois au sud de l’Inde, l’Homo déjà aimait voyager et l’être humain continue de se déplacer pour des raisons multiples qui font des migrations un sujet permanent de zizanies et de discordes. S’agissant de nos ancêtres de Levallois, voici 400.000 ans, il faut compter environ 1.600 générations avant de retrouver tout le monde, un boulot « fou » quand on y réfléchit. Merci aux archéologues et paléontologues de prendre le temps de nous donner de leurs nouvelles : nos ancêtres le méritent bien, sans eux, nous ne serions pas là à nous demander d’où nous venons avec le succès que nous connaissons, c’est à dire peu sinon rien, à peine la taille d’un silex.

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Ici, à Attirampakan, 1,5 millions d’années d’histoire des hommes sont enfouis

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