380 mètres par seconde, 1, Buffalo Springfield Again

telle est la vitesse sonique d’une munition de calibre 45 ACP du pistolet Springfield Armory 1911 modèle Ronin, à la carcasse en acier inoxydable et à l’esthétique raffinée, fabriquée à Geneseo dans l’Illinois dont la capitale est Chicago, qu’il serait possible d’acquérir pour 985 euros par l’internet de tous les égos, goûts, égoûts et dégoûts, une arme dont le coefficient balistique ne laisserait aucune chance à Lô, autrement appelé l’Auteur virtuel de son véritable nom Lothaire Realitus Virtualis, du fait que le canon court se trouvait à moins de 2,4 centimètres de sa tempe où bourdonnait un moustique tigre ;

en cet instant, Lô pensa qu’il aurait du flinguer l’insecte volant d’un coup de machette en quittant trois heures plus tôt, l’habitacle de la Renault Captur E-Tech full hybrid 145, louée l’avant-veille au soir à l’aéroport Pôle Caraïbes des îles de la Guadeloupe, implanté sur la commune des Abymes ;

plus encore que chaque seconde gagnée en cette situation, il importait surtout à Lô en ce début de nuit installé de force assis sur le siège conducteur par ses deux gardes le mettant en joue, de ne faire aucun geste brusque pour éloigner de sa tempe le moustique tigre prêt à bondir, qui survolait sa feignasse de tignasse de lion ressemblant à un arpent de forêt amazonienne arasé, au risque de se retrouver confronté au rugissement de la balle du pistolet Springfield qui n’appartenait pas au Buffalo Soldier inconnu, surgissement évalué dans un ordre de grandeur du cent mille millième de seconde à l’instant précis où le moustique piqua la tempe : le reclus dans le véhicule n’exprima aucune douleur pour ne pas décontenancer les singes astronomes l’entourant, alors qu’il ne réescomptait plus que quatre ou cinq secondes de survie sur la terre, qui seraient toute une éternité pour devancer la mort ensanglantée s’annonçant déguisée en larmes de pierre et de cendres provoquées par l’usage intempestif de l’arme à feu ;

c’est alors qui lui revint en mémoire une petite musique, deux ou trois notes pas plus, et une voix, celle de Birkinesh la Merveilleuse rappelant à Lô au grand soudain, n’avoir pas le droit de mourir au lancer de dés ou de cartes jetées dans l’éternel oubli [le temps] tombe ce qu’il moissonne ;

certes, la littérature n’est que de la mort, mais sous condition d’être Trompe-la-mort parcourant en contrebande à la seconde décisive une distance intérieure équivalente à 380 mètres pour le moins, qui est celle d’un noeud de vie à la mode de Saint-Florent-le-Vieil ;

Lô se rappela alors l’un de ces passages de traverse semé de pavés, qu’il était toujours possible d’emprunter dans une ville immense comme Paris, une voie étroite s’inclinant d’un instant l’autre vers Montmartre sur le chemin d’une seconde vie.

Birkinesh, Y Pourpre de Cassius

Buffalo Soldier

la littérature n’est que de la mort

Les larmes de pierre et de cendres

Lothaire Realitus Virtualis

Quatre ou cinq secondes

Les Singes astronomes

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