Le mythe de la compétition automobile du Mans doit tout à sa durée, ce tour d’horloge, ces fameux 24 heures qui sollicitent les hommes et les mécaniques justifiant d’appeler course d’endurance cette épreuve. Il est d’ailleurs assez paradoxale que la nuit automobile la plus longue se tienne en juin quand la nuit tombe vers vingt-trois heures et que le soleil se lève vers cinq heures, ce qui n’empêche pas les pilotes de parcourir près de mille cinq cents kilomètres pendant ce bref laps de temps, de quoi faire un aller et retour Paris Marseille pour une virée sur le Vieux port.
Cette fascination pour la vitesse au milieu de la nuit s’exprime jusque dans l’affichage publicitaire annonçant la tenue de l’évènement comme en témoigne les affiches des années 30.
Dans les années 50, l’horloge remplace la pleine lune, et deux heures à quatre heures du matin deviennent les heures fatidiques de la somnolence dont les pilotes doivent se méfier.
La concentration est alors maximale comme en témoigne l’illustre Juan Manuel Fangio en 1957 dont le casque alors ressemblait alors plus à celui d’un combattant que de celui intégral auquel nous sommes aujourd’hui habitués.
Car la magie des 24 heures est d’abord dans les phares sous les branches des arbres, plus que dans les décibels ou la vitesse. Sans ces rayons de lumière dans la nuit, les 24 heures seraient orphelines de ce qui les différencie de toutes les autres compétitions, la communion paradoxale avec la nature.
Les nuits ne sont pas longues seulement pour les pilotes, mais aussi pour les mécaniciens appelés à se pencher sur les moteurs et changer les pneus. On les voit peu, ce ne sont pas les héros, mais ils sont indispensables et d’une rare habileté, car c’est bien connu, au Mans tout est dans l’écrou.
Et pendant ce temps, que fait le public ? Et bien, il regarde tourner les voitures, et quand il s’ennuie, il va dans le village, expression donnée pour définir ce qui ressemble beaucoup plus à une ville. Il y boit de la bière, s’amuse, déambule entre troquets et estaminets, pour, dès poltron minet s’intéresser à nouveau à la course après avoir vidé quelques pichets.
Et pour ceux qui s’ennuient ferme, il reste toujours la possibilité de rechercher des effets de lumière en prenant des photographies.
Ou bien aller faire un tour sur la grande roue observer de haut tourner les quatre roues.
Et pour les noctambules endurcis, il reste toujours la possibilité de s’amuser comme des grands sur un autre type de circuit des 24 heures, cela va moins vite, c’est moins impressionnant, les risques moins élevés, mais cela semble tout aussi passionnant.
Mais s’agissant des véritables pilotes prêts à aller jusqu’au bout de la nuit, il faut d’abord songer à prendre le volant, et pendant longtemps ce fut tout un art, un style unique, à l’exemple du néo-Zélandais Chris Amon qui gagna la compétition en 1966, et qui s’entraînait régulièrement lors du championnat mondial d’endurance, comme ici à Sebring, aux Etats-Unis, où la course ne dure que douze heures.