Que se lèvent mille bérets, foulards et turbans

African fashion editorial

Un ancien président de la République française, diviseur en diable, souhaite élargir les interdictions du port du foulard intégral  aux universités et dans l’espace public en France. Voilà une  proposition bien insensée, démagogique, destinée uniquement à complaire à une frange craintive de la population dans un esprit de Reconquista, non pas religieuse mais politique.

The May issue of Negro Digest, United States, 1969, published by Johnson Publishing Company. Negro Digest started life during WWII as a black counterpart to the American version of Reader's Digest, but eventually shuttered. It was revived in the late 1960s and later renamed Black World, becoming an important curator of international black culture and art, before abruptly ceasing publication in 1976 to great protest in the black American arts community.

Sans pour autant obliger l’auteur virtuel à dévoiler qu’il est coiffeur pour dames, modiste et styliste, il arrive à celui-ci de feuilleter quelques revues pour femmes, en attendant dans un salon qu’on lui posât des bigoudis pour le défrisage afin d’aller danser avec Bruno Mars et Mark Ronson dans les rues de New York, au souvenir funky de ses années de jeunesse où retentissaient encore les notes d’Harlem Renaissance. Car, à ce rythme, devrons-nous bientôt laisser tomber le chapeau dans l’espace public des salles de concert ?

En tout cas, il est hors de question de saluer chapeau bas ou tirer son béret pour une proposition aussi dévastatrice qui fleure la méconnaissance de l’histoire, la haine et le rejet, et qui met surtout en avant un manque évident de confiance en soi et une grande expression de peur, comme si nous étions revenus en 1789, lorsque la Grande peur traversait les campagnes françaises.

Plutôt que d’interdire le port du voile intégral dans l’espace public, puis ensuite fixer une taille réglementaire au port de la barbe et des moustaches, dans un état d’esprit typiquement réglementaire où les obligations prescriptives des lois l’emportent toujours en contraintes systématiques et interdictions inutiles sur l’esprit de liberté, laissons fleurir mille bérets, foulards et turbans, qui sont autant de signes d’un bonheur retrouvé, comme au temps des canotiers de Renoir, le dimanche sur l’île de Chatou.

Car le bonheur est là, simple et paisible dans le port du chapeau autour d’une table joyeuse où dans les corbeilles se pressent au soleil les raisins, à boire du vin. Croyez-vous donc que Mon cher vieux pays, qui hérita et fit fructifier les vignes romaines plantées à Bordeaux ou en Bourgogne, ait quelque chose à crainte de tissus noirs désespérants, qui ne lui sont certes pas aussi étrangers qu’on voudrait nous le faire croire car nous avons nos dames chanoinesses même si celles-ci sont moins nombreuses que par le passé ; et ces dernières sont parfois bien  plus effrontées et liquoreuses qu’on ne le croit, portant parfois la croix de Lorraine que bientôt les dirigeants de la RATP voudront aussi retirer des réclames affichées sur des murs qui ne leur appartiennent pas, mais qu’ils annexent pourtant de leur incompétence aussi crasse que leurs couloirs.

Car en fait, c’est à la loi de s’adapter aux mœurs et non l’inverse. Ne vivons pas dans le refuge d’un passé qui n’est plus où régnait en maîtres, les seuls  bérets basques, bonnets rouges, melons noirs et canotiers, allons de l’avant, comme savent le faire si bien les femmes antillaises, africaines, ou indiennes en portant à leur guise, mille chapeaux, bérets, foulards et turbans qui rendent notre vie plus joyeuse et plus gaie dans un maelstrom de couleurs qui chantent la vie.

Le concours est ouvert.  Voici quelques exemples qui témoignent de la diversité en matière du port du béret, du turban et du foulard, et qui confirme qu’une loi supplémentaire sur le sujet est hors de propos et disqualifie ses initiateurs

Photographed by Charlton Hudnell  Photographed by Charlton Hudnell  beautiful 

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Comme quoi, l’auteur virtuel a trouvé une Juste cause à défendre. Lui aussi va déposer une proposition de loi pour rendre obligatoire, en tout temps, tous lieux publics, le port du béret, du chapeau, du foulard ou du turban, et même chez soi le bonnet de nuit, modèle Groucho Marx, dans Duck soup (1933).

Plaisanterie mise [en plis] à part, le sujet est si important que l’auteur virtuel y reviendra très prochainement pour vous éclairer de sa lanterne magique, car en matière de bonnet blanc ou de blanc bonnet, nous ne sommes pas dans une affaire de chapellerie ou de querelle de chapelles, mais de libertés fondamentales, comme en témoignera un prochain article consacré aux origines du foulard antillais.

Jamaican girl

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