Dans l’univers du béret, The Black Panthers sont un continent à eux seuls. Ni paysan, ni basque, pas plus actrices, artistes ou guerriers, ils militent pour l’égalité des droits au pays de la discrimination raciale que sont les Etats-Unis dans les années soixante. Créé en Californie, il s’agit d’abord d’un parti révolutionnaire afro-américain dont le titre exact est : The Black Panther Party for Self-Defense. Le béret noir est leur signe d’appartenance, et l’auto-défense est entendue comme par tous moyens nécessaires (By any means necessary)
Proche des idées du nationalisme noir de Malcolm X, les Black Panthers ne se limitent pas à la lutte contre les discriminations raciales. Leurs idées sont radicales et largement révolutionnaires dans un pays alors en pleine guerre froide, foncièrement conservateur, capitaliste et anticommuniste. Le poing levé, signe de contestation révolutionnaire s’il en est, deviendra connu du monde entier aux jeux Olympiques de 1968.
Tommie Smith et John Carlos aux JO de Mexico en 1968, têtes baissées, brandissent le poing ganté lors de l’hymne national américain et le lever de drapeau. Ils seront suspendus et exclus à vie des jeux olympiques.
L’idéologie Black Panthers constituée d’antiracisme, anticapitalisme et anti-impérialisme suscite d’autant plus la surveillance du FBI que l’une des premières actions menées par les Black Panthers est de surveiller les activités racistes de la police, ce qui d’ailleurs demeure d’actualité dans une Amérique qui n’en a pas fini avec la violence raciale. https://cervieres.com/2015/04/23/guerre-raciale-en-amerique/
« Hey chief, il hear you’re looking for black policeman »
L’organisation de patrouilles répond en effet à l’un des points de leur programme qui est d’obtenir la fin immédiate des brutalités policières et des assassinats de noirs. Le parti s’organise donc en une véritable milice d’autodéfense qui prend le nom de Patrouilles d’alerte des citoyens noirs.
A la différence du mouvement pacifiste de Martin Luther King, les Black Panthers ne reculent pas devant des protestations qui peuvent conduire à des heurts violents avec la police d’autant que le mouvement est assez rapidement confronté à des infiltrations par le FBI destinées à le déconsidérer dans le public.
Le choix de la Panthère comme symbole est intervenu à Atlanta, dans le prolongement de la marche de Selma en 1965. S’agissant de la panthère sa signification est simple à comprendre : la panthère est un animal sauvage qui, si on l’attaque ne reculera pas. Cela veut dire que nous riposterions si nous le devions…
Organisés et disciplinés, Les Black Panthers furent rapidement considérés comme une menace intérieure par le FBI
La riposte, forcément, ne pouvait entraîner qu’un engrenage incontrôlable de la violence face aux forces de police et à la multiplication d’actions « révolutionnaires » qui aboutirent à ce qu’Edgar Hoover, le patron du FBI déclare les Black Panthers comme la menace la plus sérieuse de la sécurité interne des Etats-Unis.
En même temps, Hoover organise un programme contre-insurrectionnel destiné à les infiltrer et multiplier les provocations en vue de démanteler le parti, conduisant à une multiplication des raids meurtriers de la police, des arrestations et condamnations pour actions terroristes.
Si Angela Davis, alias Tamu, demeure l’une des activistes les plus célèbres des Black Panthers, on ne doit pas oublier que le mouvement des droits civils a emprunté son chant de protestation To Be Young Gifted and Black à l’inoubliable Nina Simone surnommée la grande prêtresse du soul. mais ni l’une ni l’autre ne portaient le béret noir, pour des questions pratiques se rapportant à la coiffure, tout une époque !
Ecole organisée par les Black Panthers : le port du béret est institutionnalisé
Dans le même temps, les Black Panthers ont développé de nombreuses activités humanitaires dans le domaine de l’éducation et de la santé qui conduiront John Lennon et Yoko Ono, par exemple, à les soutenir pour améliorer l’offre médicale en matière de lutte contre la drépanocytose, une anémie d’origine génétique qui frappe principalement les populations noires et qui à l’époque n’était pas traitée dans les hôpitaux américains. http://fr.wikipedia.org/wiki/Dr%C3%A9panocytose
Programme social Black Panthers du petit déjeuner gratuit pour les enfants
Plus de trente ans après la disparition du parti dont l’histoire n’est pas l’objet de cet article, s’il nous reste un souvenir, c’est celui des bérets noirs qui constituaient le signe de ralliement des Black Panthers en tant que structure organisée pour des patrouilles d’autodéfense, pas loin de constituer des groupes paramilitaires dans leurs méthodes d’organisation et entraînement.
Et si les bérets noirs étaient portés par les hommes, les coiffures alors afro-américaines des femmes ne s’y prêtaient guère, à l’exception des enfants, filles et garçons portant le béret. En revanche les démonstrations d’armes relevaient le plus souvent de la provocation, même s’il arrivait que les choses tournent mal.
Propagande des Black Panthers. A noter, lance et boucliers africains.
Les Black Panthers ont aussi essaimé hors de la communauté noire. Un mouvement des bérets bruns (Brown berets) est né dans les années soixante au Nouveau-Mexique au sein de la communauté latino-américaine pour s’organiser face à la brutalité et la violence policière, avec une histoire similaire très proche de celle des black Panthers. http://en.wikipedia.org/wiki/Brown_Berets
Toute la difficulté d’un mouvement comme les Black Panthers fut, en s’affichant imprudemment avec des armes, de faire comprendre qu’il n’était pas pour la guerre des races mais contre la guerre des races, et que si ses membres portaient des armes et s’organisaient en une véritable milice, c’était pour se défendre des agissements racistes, plus particulièrement de ceux d’une police qui avait droit de vie et de mort sur les Noirs américains en toute impunité, ce qui est encore largement le cas aux Etats-Unis, comme le montre d’innombrables exemples récents.
Quant à John, il a toujours aimé porter le béret, et pas qu’avec The Black Panthers, tout comme Paul d’ailleurs. mais la casquette va tout aussi bien à ces quatre garçons dans le vent que sont The Beatles.
Nous Français, aussi, avons porté, portons et porterons le béret. Pour le voile, c’est plus compliqué.