Nous qui aimions, aimons et aimerons Paris

4 impasses secrètes à Paris impasses-cachees-paris

Dans des chroniques parues en octobre 2015 avant les attaques terroristes du 13 novembre 2015, nous évoquions comme nous aimions vivre à Montmartre qui change certes mais qui demeure toujours le même. Nous rappelions encore comme Paris vaut une scène ; et dans un autre article, nous soulignions à travers le souvenir des petits métiers d’antan que le Paris disparu et perdu serait toujours un Paris retrouvé.

En commençant cette série de chroniques consacrée au Paris éternel que nous aimons, il n’était pas possible d’imaginer que deux semaines plus tard des bandes criminelles viendraient semer la mort et l’effroi dans la nuit sanglante du 13 novembre, et que cinq ans plus tard, une étrange pandémie pangoline venue d’extrême-orient aurait des effets dévastateurs au point de fermer pendant des mois d’émoi et moi sans nous, les terrasses parisiennes qui sont un art universel de vivre que nous partageons avec nos frères latins et méditerranéens.

Visites des vignes du Clos Montmartre (Paris 18e) http://www.pariscotejardin.fr/2014/10/visites-des-vignes-du-clos-montmartre-paris-18e/
Vignes du Clos Montmartre, tenue par notre ami M. Coulon

Que ce soit le coronavirus ou ces assassins qui sont une résurgence lointaine de la secte des assassins de la forteresse d’Alamout, semant la mort et l’effroi au Proche-Orient et menaçant, tous ceux qui ne plieraient pas à leur volonté apocalyptique, cette sinistre pandémie ou ces spadassins des temps modernes ne changeront rien à nos habitudes, à nous qui aimons tant prendre un café au zinc et nous attarder aux terrasses des restaurants, les beaux jours ou le soir venu, même si parfois ces lieux sont plus éclairés par les lumières des lanternes publiques que par les néons des bars crapuleux. C’est de là, qu’après avoir devisé sereinement ou avec véhémence toute la nuit au son des chopes et en sifflant des fillettes pour mieux attendre que le Jour se lève, que nous repartons au petit matin venu en titubant sous la protection de la Vierge à l’enfant de la rue de la Madone.

La Vierge à l'Enfantde la rue de la Madone (Paris 18ème)

Autrefois, La Mère Catherine, le Consulat ou le Cabaret des assassins attendaient le « gugusse de Montauban » montant de province pour s’encanailler dans la capitale, fantasmant sur « les petites femmes de Pigalle » avant de découvrir que leur roucoulement tapi dans les ombres des troquets dédiés aux innocents les poches pleines, ne dissimulait que le froissement des billets subtilisés dans le portefeuille vidé en deux coups de cuillère à pot en même temps que la compagnie des noctambules, tout autour, sabrait un champagne à demi-sec à demi-chaud aux frais du prince d’une nuit, subitement à sec.

La Mère Catherine.
Une vue de la rue Norvins à Montmartre dans les années 1950. Encore un peu délabrée mais pleine de couleurs, et surtout... calme. Une photo de © Kurt Otto-Wasow (Paris 18ème)
carrefour de la rue Saint-Vincent et la rue des Saules et le "Cabaret des Assassins" (Le Lapin Agile)

Aujourd’hui et demain quand l’épidémie aura passé, d’innombrables touristes étrangers viendront et reviendront en masse pour retrouver les sensations des générations anciennes au Lapin agile ou au Moulin Rouge.

Moulin Rouge, Pigalle, 82 Boulevard de Clichy, Paris XVIII
rue Saint-Vincent - Paris 18e

Beaucoup si ce n’est le plus grand nombre, se ruent et se rueront à la découverte des cafés, bars et restaurants si parisiens tels que le café de la fourmi rue des Martyrs, le Soul Kitchen rue Lamarck, le bistrot éphémère ou encore la Chambre aux oiseaux, située dans la rue Bichat prise autrefois sous le feu funèbre des rafales criminelles ou un temps vidée par la pandémie.

Paris : Café de la fourmi, rue des Martyrs, photo Gérard Laurent.
Restaurant Soul Kitchen Salon de thé, pâtisseries, Tartes, salades, soupes, smoothies, Biocool, brunch 33, rue Lamarck Paris 18ème
La Chambre aux Oiseaux | 48, rue Bichat Paris 10e
Bar éphémère Ground Control, 26 ter rue Ordener, 18ème. Ouvert du jeudi au dimanche. Soirée d'ouverture du festival Paris International Festival of Psychedelic Launch jeudi 4 juin à partir de 17h.

Notre soif de vivre est telle que rien ne peut nous empêcher d’aller et venir, de circuler librement de lieux en lieux pour nous enivrer avec modération, ici de vin, là de bière, ou plus loin de champagne ou encore, là-bas, si loin ici-bas, de cocktails améliorés au rhum de nos lointains ancêtres pirates de la Caraïbe, sans compter qu’il nous reste toujours la possibilité, rue de l’Abreuvoir, de nous désaltérer à l’heure de partir en ville.

Le Très Particulier, un nouveau bar à cocktails dans un lieu caché de Montmartre | Time Out Paris
Café Lomi 3 ter rue Marcadet 75018 Paris Ouvert du mercredi au dimanche de 19h à 19 h
Restaurant ♦ Le Petit Trianon : Restaurant Paris 75018
rue de l'Abreuvoir - Paris 18ème

Les salles de spectacle nous attendent, avec leurs revues, leurs acteurs de théâtre et les musiciens, à condition cependant de ne point être trop imbibé au point de se croire revenu cinquante plus tôt, en 1960, et de confondre la salle où se jouait alors le Messie de Haendel avec celle abritant le récital de variétés de Gloria Lasso, la si bien nommée ; et même si la place de Clichy n’a guère changé depuis 1935, il n’est plus l’heure de remonter le temps, car sous les braises que nos larmes éteindront, balayant le dégoût de toute cette boue d’horreur et de tous ces corps emportés par le coronavirus, Paris ne brûle pas, Paris ne s’éteint pas, Paris est éternel.

Salles de spectacle disparues à Paris 18e: l' hippodrome
1960-look-parisiennes-evolution

Car à ce virus ou aux assassins, ici dans cette capitale parfois un peu sale avec des habitants grognant, rouspétant et rechignant,  avec ces passants empressés ne proposant souvent que le charme discret de leur muflerie dans les métros, les bus et les rues pour toute source d’itinéraire aux étrangers égarés, nous n’avons à leur opposer à ce virus et aux assassins, que notre foi inébranlable en la liberté et notre amour en la vie, cette vie qui fait que nous sommes vivants, debout, et même debout sur le zinc, pleurant nos si nombreux morts et soulageant nos innombrables blessés si cruellement atteints dans leurs chairs, nous apprêtant à endurer de possibles souffrances à venir pour que la France ne recule jamais devant le crime, la lâcheté ou les épidémies : voici que le Jour se lève où les assassins s’assassinent et que le virus passe et trépasse.

Résultat de recherche d'images pour "hotel du nord"
Scènes d’automne dans le jardin Rachmaninov (Paris 18e) http://www.pariscotejardin.fr/2012/11/scenes-d-automne-dans-le-jardin-rachmaninov-paris-18e/

Personne ne pourra jamais nous enlever le Paris que nous aimions, que nous aimons et aimerons toujours, celui du réalisme poétique du cinéma d’avant-guerre,  tel que Hôtel du nord dont l’action est située le long du canal Saint-Martin, à proximité immédiate de la tragédie nocturne du 13 novembre  ; ou encore le Paris des rues secrètes et des jardins aux couleurs d’automne ou du printemps, dont l’un porte le nom d’un musicien immortel, Rachmaninov, un jardin qui nous rappelle chaque fois que nous le traversons en fredonnant l’air d’un concerto de piano, que la musique est une source vitale d’inspiration, plus qu’un art de vivre, toute une civilisation en un alexandrin, celui de la fraternité entre les hommes du monde entier, quelles que soient leurs nations et leurs croyances : plus nous plaît Rachman’ov que la kalachnikov ou tous les virus du monde. Paris était, est et sera toujours une fête.

LES PLUS BELLES RUES SECRÈTES DE PARIS
Paris sera toujours Paris, notre Paris éternel, retrouvé.