Heureux ceux qui aiment la nature

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Publiée pour la première fois en janvier 2015 à l’ouverture du site des Lettres d’ivoire, cette chronique alors intitulée Le Malheur nous est utile, est destinée aux personnes en souffrance extrême, confrontées à la perte brutale d’êtres chers, dans leur famille, parmi leurs amis, alliés et simples relations du fait de la pandémie du Covid-19 ou pour d’autres motifs, car la mort ne fait aucune distinction en matière de malheur. La vie est sans surprise, un jour ou l’autre, celui-ci nous accable, encore plus à l’occasion de grandes catastrophes comme le furent dans le passé les révolutions, les guerres ou les pandémies dont nous avions oublié l’existence avec les progrès de la science et de la médecine.

Mais le malheur comme le bonheur passe. Ce n’est jamais un état définitif. Nous avons survécu une première fois au confinement, nous vaincrons la pandémie et nous surmonterons les difficultés économiques et sociales à force d’obstination, de volonté et de courage en n’oubliant personne sur le chemin, même si nous ne savons où mène la route que nous sommes forcés d’emprunter dans ce malheur inattendu. A condition cependant de ne jamais renoncer à ce que nous sommes, des Hommes libres. la Liberté est notre unique salut. Car il existe sur cette route, un danger bien plus grand que le pernicieux Covid-19, c’est la folie furieuse autoritaire qui devient totalitaire dès lors que nous faisons preuve de faiblesse pour défendre ce que nous sommes depuis des millénaires de marche dans la vase, le sable et la terre, des êtres humains qui portent en eux leur demeure éternelle.

Voici donc cette chronique autrefois consacrée  au malheur qui nous est utile, et plus que jamais, aujourd’hui, dans l’adversité : Ne vous résignez jamais ! 

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Sans lui, les facultés aimantes de notre âme resteraient inactives ; il la rend un instrument tout harmonie dont au moindre souffle, il sort des murmures inexprimables. Que  celui que le chagrin mine, s’enfonce dans les forêts ; qu’il erre sous leurs voûtes mobiles ; qu’il gravisse la colline d’où l’on découvre, d’un côté de riches campagnes, de l’autre le soleil levant sur des mers étincelantes, dont le vert changeant se glace de cramoisi et de feu, sa douleur ne tiendra point contre un pareil spectacle : non qu’il oublie ceux qu’il aima, car alors ses maux seraient préférables, mais leur souvenir se fondra avec le calme des bois et des cieux : il gardera sa douceur et ne perdra que son amertume. Heureux ceux qui aiment la nature, ils la trouveront et trouveront seulement elle au jour de l’adversité. Telle est la première sorte de plaisir qu’on peut tirer du malheur ; mais on en compte plusieurs autres. »

Et François-René, vicomte de Chateaubriand, puisque tel est l’auteur de ces lignes, de citer l’étude de la botanique et  la lecture, lorsque la nuit approche. Non sans prévenir que « les romans sont les livres des malheureux : ils nous nourrissent d’illusions, il est vrai : mais en sont-ils plus remplis que la vie ? » Et de poursuivre : « Peut-être aussi, lorsque tout repose, entre deux ou trois heures du matin, au murmure de la pluie et des vents qui battent contre vos fenêtres, écrivez-vous ce que vous savez des hommes. L’infortuné occupe une place avantageuse pour les bien étudier, parce qu’étant hors de leur route, il les voit passer devant lui. »

En malheur, le vicomte était expert. Il en eût plus que son lot à surmonter sous la Révolution et l’Empire, sans compter  sous la Restauration bien des désappointements qui ruinèrent toute espérance de bonheur, si ce n’est fort fugitif. On doit à l’utilité de ce malheur qui le poursuit, les Mémoires d’outre-tombe dont la rédaction commence en 1809 et s’achève en 1841, l’oeuvre d’une vie parcourue en trente-deux années d’écriture, au murmure de la pluie et des vents, à écrire ce qu’il sait des hommes. Marc Fumaroli, qui a écrit « le poète et le roi : Jean de la Fontaine en son siècle« , a consacré des pages admirables sur « le malheur nous est utile« , dans « Poésie et terreur », un essai consacré à l’oeuvre de Chateaubriand. Un ami nous raconta un jour qu’il eût la chance de longuement méditer en prison les pages de cet essai, ce qui, il faut bien le noter, est une chance très relative lorsqu’il s’agit de méditation en un lieu forcé.

Le lys, roi des jardins - Paule-de-Bourgogne.over-blog.com

Pour notre part, si nous ne doutons pas que les promenades en forêt, la lecture ou l’écriture sont des plaisirs qui permettent d’affronter le malheur qui toujours nous assaille et renouvelle ses coups brutaux, nos faibles connaissances en botanique font craindre de ne pouvoir  reconnaître le lys mélancolique du Convolvulus à l’aspect attendrissant, et encore moins de rencontrer la tulipa sylvestris ou l’ulex épineux. Mais s’il faut rechercher quelque préférence « dans ce règne aimable, les plantes qui par leurs accidents, leurs goûts, leurs moeurs, entretiennent des intelligences secrètes avec [mon] âme », la Rose de porcelaine conviendrait, qui est aussi appelé le bâton de l’Empereur dans les pays hispanophones : ses grandes feuilles, sa fleur rouge ou rose si parfaite et son parfum, tout en elle permet d’échapper au malheur qui nous est hélas, si utile.

Car s’agissant des forêts, aucune ne sera jamais aussi grande pour s’y réfugier, et pour la lecture, les livres nous tombent de la main la nuit venue, lorsque nous approchant de l’écritoire à tâtons, il arrive de chercher, avec une terreur frémissante, un encrier où y trouver la seule encre qui puisse inspirer une plume, l’encre de l’Amour. Cela dit, on peut aussi pianoter sur un clavier en arrière boutique, question romantisme à la plume d’oie ce n’est pas terrible, mais on se salit moins les doigts.

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Encore qu’en ces temps de Covid-19, il convient sans doute de nettoyer au karcher chaque touche du clavier après usage, il doit bien exister sur le sujet une loi, un décret, un arrêté, une circulaire, un instruction, une recommandation voire tout simplement du droit souple : ne riez surtout pas, il existe une étude de trois cents pages publiée en 2013 par le Conseil d’Etat sur l’émergence de cette notion juridique approximative s’apparentant au roseau pensant en univers hivernal extrême du côté de l’Antarctique, expliquant que le droit souple c’est un peu comme le droit raide mais en plus dur à cerner, avec un effet boomerang digne d’un dîner de cons où un conseiller d’Etat avenant remplace avantageusement un spécialiste de maquette en allumettes, même si le fou rire, hélas, trois fois hélas, n’est pas garanti.

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