L’éclipse des bolides

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Prévoyant, l’auteur virtuel avait consacré en 2015 des chroniques à  quelques souvenirs liés à une « assignation à résidence » dans l’un des collèges de la ville du Mans connue mondialement pour son circuit, qui mérite aussi le détour pour la cathédrale et la vieille ville où la peste s’y est nichée de temps en temps au Moyen âge.

Cette année point de de compétition automobile, Covid19 oblige. Pas de ronde de nuit et de pétarades, les pots d’échappement ne gronderont pas. Le Mans est la dernière épreuve de sport prototype qui résiste encore et toujours à la suprématie de la formule 1. Aucune autre compétition automobile en dehors des 500 miles d’Indianopolis ne possède une telle renommée, et à juste titre. Les bolides qui y participent ont un double mérite : ils peuvent rouler de jour et de nuit pendant 24 heures et parcourir 5.000 km là où les F1 ne tiennent guère plus de deux heures et 300 km ; leur mécanique  et leur aérodynamisme inspirent le vertige, peut-être plus par le passé qu’aujourd’hui, de quoi justifier d’y avoir consacré trois chroniques rattachées à la permanence des souvenirs.

De quoi consoler toutes celles et ceux qui suivent avec curieuse abnégation les palpitations mécaniques nocturnes de bolides élevés à un grand art technique, aujourd’hui accusées de tous les maux écologiques alors que l’automobile est un outil de liberté humaine pour aller d’un point à un autre en toute facilité. Mais comme notre époque est vouée au massacre des libertés, il ne faut pas s’étonner si les souffrances de la selle du vélo sont préférées au confort et au luxe de l’automobile, on peut désormais s’attendre à tout pour justifier l’écrasement de tous et par tous.

La compétition automobile paye dans le même temps une régression épouvantable. Longtemps sport de gentleman, voici qu’elle n’est plus qu’un business mondial, un grand cirque quelque peu corrompu où l’argent justifie tout et rien, pour des masses populaires se vautrant dans les vapeurs d’huile, la barbe à papa et  de la mousse de bière à gogo.

De quoi nous souvenir d’un monde qui n’est plus, celui où les 24 heures du Mans avaient de la gueule d’ange, comme celle de l’acteur Steve Mac Queen. On était en 1970, cinquante ans déjà.

Là où tout n’est que puissance et endurance 

Au cours de la nuit la plus longue

Sur la plus belle ligne droite du monde

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Il y eut un temps où le volant pouvait être à droite ou à gauche indifféremment !