A la Recherche de l’âme perdue

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Il n’y a pas que l’Arche d’alliance qui soit perdue tous ces jours-ci, l’âme individuelle aussi qui tendait déjà à disparaître depuis un certain temps et dont on est sans nouvelle depuis que les principes de responsabilité sociale s’effondrent.  Voici que revient le temps des assassins accompagnés des meutes sanguinaires et des masses adoratrices. Autant dire que l’âme individuelle n’a plus guère de place sur les réseaux sociaux de la discorde, les plateaux de télévision perfides et les ondes radiophoniques sinistres.

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Dans la précédente chronique, nous avons évoqué Hermann Broch qui soulevait la question de la responsabilité sociale de l’individu, y compris celle de l’écrivain, dont on peut affirmer que par nature égotiste, celui-ci n’est guère porté à exercer une quelconque responsabilité sociale. En son for intérieur, la vérité n’est pas son fort. Dans cette même précédente chronique, nous avons évoqué un fabuleux quatuor d’humanité composé de Robert Musil, Elias Canetti, Thomas Mann et Hermann Broch. Ce dernier présente en matière d’âme individuelle une singularité attachante.

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Autrichien, né dans une riche famille juive, ayant accompli des études scientifiques qui le mènent à diriger l’entreprise familiale de textile, Broch se convertit au catholicisme et renoncer à faire prospérer son entreprise industrielle pour dédier sa vie à la connaissance en écrivant des livres, poursuivant des études philosophiques qui le conduiront au temps de l’exil à enseigner dans les universités américaines. S’agissant de son parcours intellectuel, toute sa vie il défendra le principe de la responsabilité sociale de l’écrivain, qui passe par un devoir de connaissance pour remonter au plus près des origines de l’humain. Vaste programme, comme dirait un général de brigade bien connu, dont on peut observer s’agissant de l’individu Hermann Broch, qu’il a bien été rempli en nous léguant quelques livres percutants dont le plus étonnant et brillant est probablement La mort de Virgile.

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Il est cependant possible d’exprimer un désaccord d’importance sur un point crucial, la responsabilité sociale de l’écrivain. Non pas que la responsabilité sociale n’existe pas. Ce sont les écrivains qui n’existent pas. Il existe un métier d’écrivain, une corporation de scribouillards se prenant pour des scribes, mais pas d’écrivains, qui ne sont que donneurs de leçon comme les restaurateurs vocifèrent des ordres ou des bouchers taillent la viande au hachoir.  L’ennui avec les écrivains est qu’ils prétendent représenter le monde alors que pour le plus grand nombre ils ne font que le défigurer. Pour le plus grand nombre, ces écrivains, nés au siècle des lumières, fils de la Révolution française, ont embouché  la trompette du progrès et ignoré que leur seule préoccupation devait être la querelle de l’Humain, son origine intrinsèquement humaine, c’est-à-dire, sa relation à la Vérité dans toute la complexité de son âme individuelle.

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C’est pourquoi il faut oublier aujourd’hui toute notion ou préoccupation d’écrivain et préférer cette d’auteur, voire d’auteur virtuel appelé à l’oubli, à disparaître en n’étant qu’un simple témoin de son temps, à la recherche de l’âme perdue, en n’ayant pour lanterne que la flamme de la Vérité transmise de génération en génération par d’illustres témoins anonymes dont on n’est même pas certain parfois qu’ils aient existé. Pour éclairer notre propos, Sans même remonter jusqu’à la Bible des origines, ce ne sont point les auteurs évangélistes qui nous préoccupent, pas plus les témoins du Christ, mais la restitution de sa parole et des prédécesseurs. Plus nous plaît les Proverbes et les Cantiques que la mitraille des polars ou les romans à l’eau de rosé dont se gargarisent les amateurs de chateaubriands au déjeuner des Goncourt. En fait, pour traverser le temps, les auteurs ne doivent pas seulement s’effacer devant leur oeuvre mais disparaître, même si un nom peut parfois resurgir comme ceux des quatre évangélistes Matthieu, Marc, Luc, Jean ou l’apôtre Paul. Nous autres, deux millénaires plus tard, sommes appelés à marcher au désert sur leurs traces de pierre, toute autre vocation serait vaine.

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Croix d’Anjou ? Croix de Lorraine ? Non. Croix d’Hongrie 

Mais qu’est-ce que la Vérité ? Comme elle ne nous appartient pas, nous n’en savons rien. Nous pouvons seulement chercher à nous en approcher avec notre âme perdue que nous délaissons la plupart du temps, préférant l’ignorer ou même dénier son existence, ce qui est encore plus pratique. Et pourtant c’est avec notre âme que nous pouvons être bienveillant, que nous pouvons faire le bien à autrui, qui est la seule occupation utile lors de notre passage sur cette terre, secourir les démunis et venir en aide aux plus démunis. Tout le reste est dérisoire. Il n’y a de grandeur que dans la petitesse. La pièce jaune d’une retraitée aux faibles ressources, qui retentit dans la timbale d’un clochard, est un don qui vaut bien plus que mille millions de billets de milliardaires jetés avec une morgue obscène sous les caméras  complices du mécénat défiscalisable.

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Le suaire de Turin (et en début de chronique, le suaire d’Oviedo)

Et c’est pour cela que tous ces jours-ci, il est difficile que s’exprime le bien à autrui. Il y a trop de bruit, trop de fureur, trop de fracas pour empêcher que les hommes apprennent et songent à faire le bien pour autrui, l’acte au plus près de la parole de Vérité, de génération en génération. L’amour seul, peut nous restituer notre visage d’homme, appelé à se confondre avec le suaire du Christ, dont il importe peu en vérité qu’il soit authentique ou non. Les sources de la Vie ne se trouvent pas dans les champs de lin ou de coton. Rien de ce qui est matériel ne nous permet d’approcher au plus près la vérité. Deux traits  traçant une croix dans les sables du désert ont pour nous autant de valeur si ce n’est plus qu’une croix incrustée de diamants, même si celle-ci est la croix d’Anjou.

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Les armoiries de Slovaquie, héritières de la Croix d’Anjou

Et c’est pour cela que si vous me demandez ce que nous gribouillons, nous vous dirons : des histoires destinées à faire le bien à autrui, ce qui est à la fois peu évident et bien imprudent. Et comme on peut y perdre ses talents, il est préférable de les donner avant qu’il ne soit trop tard.

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Où voir la Vraie Croix d’Anjou