La Marche du crabe au tambour doré

Malheureux le « pauvre en esprit » qui croit que les gens qui n’ont rien de rien seraient des gens qui ne sont rien. Il ignore une vérité cruelle, celle des « puissants renversés de leurs trônes et des humbles qui sont élevés » (Luc 1:52). Car comme le rappelle le patron des peintres et des médecins, « quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé ». (Luc 14:11). Visiblement, les marcheurs en politique n’apprennent pas que l’humilité est indispensable à celui qui veut marcher avec autrui et donc avec Dieu si d’aventure celui-ci se manifeste ce qui ne peut être le cas avec les riches puisqu’ils doivent se défaire de tout leur fardeau d’or pour pouvoir entrer au royaume de Dieu, un précepte largement ignoré de nos milliardaires. Lorsque l’esprit mutualiste est envahi par l’affairisme forcené et le monde des affaires par le goût ostentatoire des parvenus de la dernière heure, il n’y a rien d’étonnant à ce que les faibles et les pauvres soient ainsi méprisés par les hommes politiques au service exclusif des puissances d’argent.

C’est que les prétendus marcheurs vont à gauche puis à droite comme un crabe avançant au son d’une voix de velours rythmée par un tambour doré ; ils préfèrent Las Vegas et les illusions modernes du numérique, ou Versailles et son congrès de pacotille aux désordres de la porte de la Chapelle et ses migrants éprouvés qui vivent dans le dénuement le plus total et qui ne seraient donc rien selon l’oracle à la langue qui fourche, et qui s’en tient à la philosophie de l’abreuvoir désormais que le boudoir n’est plus qu’un gâteau. Pour aller à Las Vegas en compagnie de journalistes flagorneurs ou tenir congrès avec ceux qui vous doivent tout et qui eux, ne sont rien, quand on est puissant il est facile de pouvoir compter sur un Etat misérable en déficit de quatre-vingts milliards d’euros et enseveli sous une dette de deux mille milliards de même monnaie trébuchante, pour consacrer à chacun de ces deux déplacements bien inutiles, trois-cent-cinquante-mille euros au bon plaisir du président désormais parvenu. Ces nouveaux gouvernants ont vite adopté les méthodes charlatanesques traditionnelles, veillant surtout scrupuleusement à continuer, dans le même temps, de ne pas trouver un peu d’argent pour accueillir si peu de toute cette misère du monde, puisque de toute façon cette misère concerne ceux qui NE SONT RIEN, jusque dans les gares où ils errent sans fin comme des âmes damnées jusqu’à périr électrocuté sur les toits de train donnant la mort à grande vitesse.

Pourtant, on trouve sans grand effort sur le marché internet, des mobil-homes pour huit vacanciers au prix unitaire de 22.000 à 25.000 euros ; soit avec 700.000 euros de quoi loger sans aucun effort d’imagination 250 personnes ; et donc pour les 1.500 migrants abandonnés à leur sort épouvantable de la porte la Chapelle, un budget de cinq millions d’euros y compris le transport en convoi exceptionnel, permettrait de les loger dignement. Au lieu de cela, nos jeunes politiciens déjà bien vieux préfèrent s’en remettre à cette poudre mystérieuse aux vertus merveilleuses, bien connue des bonimenteurs sous le nom de poudre de perlimpinpin.

En attendant, à chaque heure du jour et de la nuit, des drames se nouent pour d’innombrables personnes qui ne sont rien à l’aune de l’idéologie du pouvoir qui de tout temps, n’a jamais été que celui de l’argent, « l’argent qui corrompt et qui tue », celui de la prétendue réussite, celle des puissants qui doivent tout aux forces des ténèbres. Car, pour citer un autre apôtre, patron des percepteurs et des banquiers, « Aucun homme ne peut servir deux maîtres : car toujours il haïra l’un et aimera l’autre. On ne peut servir à la fois Dieu et Mammon (Matthieu 6:24) ».

La République française en marche sera-t-elle la terre d’accueil et d’asile des marcheurs au long cours venus d’Afrique ?

Une réflexion sur “La Marche du crabe au tambour doré

  1. Dominic Pukallus 5 juillet 2017 / 22 10 42 07427

    Amateur de Leonard Cohen que je suis, je ne peux que me rapeller à chaque tour ces jours-ci les paroles de son chef-d’oeuvre « The Future ». Je ne pouvais savoir, quand je l’entendis la première fois il y a tant d’années maintenant, combien il était préscient. Du moins le semble-til en ce temps qui me parrait effréné vers un quelconque abîme moral, social, enfin tout, précisément à cause de la saloperie de Mammon.

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