Mille ans de Solitude

Charles Delhaes est né à Liège en 1948. Il y vit depuis 1994, année où il est retourné dans sa ville natale après avoir vécu au Portugal, au Canada, à New York et à Paris où il y séjourna une dizaine d’années.

Voici plus de quarante ans que Charles Delhaes vit exclusivement de sa peinture, y consacrant l’intégralité de son temps. Il vend directement ses oeuvres à des collectionneurs privés passionnés. Ceux-ci apprécient son travail et lui achètent ses toiles dans un circuit court, du peintre au collectionneur, hors la portée des galeristes rapaces. Il n’a jamais fait appel à la manne publique et aux subventions culturelles qui sont pour le plus grand nombre une source d’enrichissement sans cause, plus issue de la relation intéressée d’un entremetteur que du talent. En général, il organise chez lui deux expositions par an, l’une à l’automne l’autre au printemps, lors desquelles il présente ses dernières oeuvres, inspirées d’une thématique précise comme la mer, la terre, le vin, Ulysse, et même par le passé, avec une certaine audace et réussite, le parcours de golf, le chocolat ou le fromage (!)

   

L’abstraction a longtemps été son champ de prédilection favori, sans jamais épuiser toutes les possibilités qu’offre ce modèle de représentation de l’homme et de la nature.

Ses toiles ont une rare densité chromatique. Les variations subtiles de couleur permettent d’ introduire la lumière sans laquelle la peinture abstraite perd de son intérêt. Sans lumière, il n’y a pas de peinture abstraite, et même, pas de peinture du tout, seulement des rinçures.

Charles Delhaes a été aussi sollicité par le passé pour réaliser des maquettes de tapis, décorer des meubles contemporains aux formes audacieuses ou tout simplement des vases ou divers objets.  Des collectionneurs ont fait appel à lui pour décorer leur appartement, les oeuvres étant alors réalisées sur des supports mobiles, généralement en bois, pour permettre leur transport en cas de déménagement.

Le vin est une source d’inspiration sans cesse renouvelée. Il a réalisé des dizaines de peintures à partir des sensations olfactives, visuelles ou gustatives dont le résultat est stupéfiant. Les amateurs de vin reconnaissent le plus souvent l’appellation d’origine contrôlée et de nombreux professionnels se sont intéressés à ces tableaux qui par leur nombre constituent une collection impressionnante de peinture dédiée au vin.

L’usage du tondo lui permet de réaliser ses oeuvres les plus spectaculaires. Le tondo est un support de format rond, le mot étant directement issu de rotondo, rond en italien. Ce format a été beaucoup utilisé à la Renaissance par des peintres tels que Fra Angelico, Botticelli, Lippi ou Raphaël. L’un des tondi les plus célèbres est incontestablement le Tondo Doni qui se trouve actuellement à la Galerie des Offices à Florence.

Au fil des années, sans renier l’abstraction, l’art de Charles Delhaes est allé vers la figuration, sous la forme d’un dialogue permanent avec les peintres de la Renaissance. Sous l’influence de la grande peinture flamande ou italienne, il a commencé par peindre des métaphores de tableaux célèbres de Vierge à l’enfant, se confrontant même avec succès aux peintres de la Renaissance représentant une scène évangélique telle que l’Annonciation, dont on voit ci-après une reproduction et un détail (bas du tableau à gauche).

Il s’est aussi engagé dans un « dialogue » pictural avec Zurbaran, dont il s’est inspiré des célèbres Saintes, pour renouveler totalement l’art contemporain, en lui redonnant ce qui lui manque le plus, du souffle, de l’âme et de la vie.

Si vous passez par Liège, ne manquez pas de visiter l’atelier de Charles Delhaes. il réside au 26 rue de l’Etat Tiers, à proximité de la gare TGV de Liège-Guillemins.  D’ailleurs, vous pouvez vous y rendre sans attendre d’y passer, allez lui rendre visite sans tarder, vous pourrez vous rendre compte qu’il existe des peintres qui ne sont pas des charlatans cherchant à vous faire prendre des vessies pour des lanternes en exposant des bidets pour les baudets.

Nous reviendrons ultérieurement sur l’oeuvre de Charles Delhaes, si loin du désenchantement actuel du monde, si proche de l’éternité.

En attendant, si vous souhaitez voir une oeuvre de Charles Delhaes, en dehors des collections privées, l’un des rares lieux publics que je connaisse, peut-être même le seul, où est visible une toile de Delhaes, est l’église Notre Dame du Bon Conseil, à Paris, au 146 rue de Clignancourt, dans l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale française. Cette église est tenue par les religieux de Saint Vincent de Paul, un ordre dont la vocation est d’être au service des déshérités du monde. On peut y voir la première oeuvre figurative qu’il a réalisée, au tout début de ce millénaire, en 2001. Depuis lors, sa technique « abstracto-figurative » a beaucoup évolué. Mais cette toile est unique dans sa carrière artistique car elle est et sera toujours, la première dans ce nouvel esprit de lumière, qui constitue un renouvellement de l’art.

Une oeuvre représentative du talent de Charles Delhaes