Aux origines de Sachsenhausen : le terrorisme nazi

SS Generals Hall - Himmler's SS Castle - Wewelsburg - Black Sun

Retour à Orianenburg, cette petite ville paisible allemande proche de Berlin qui accueille en mars 1933 le premier camp de concentration, et dont le destin bascule ainsi dans l’horreur banale. L’année qui suit la prise du pouvoir par Hitler le 30 janvier 1933, voit ce dernier rapidement concentrer tous les leviers de commande jusqu’à devenir le Fuhrer du troisième Reich après la mort du vieux maréchal Hindenburg en juillet 1934. On l’oublie souvent, mais cette ascension au pouvoir des nazis n’est pas intervenue avec l’assentiment écrasant du peuple allemand. Lors des élections de mars 1933 qui suit la nomination d’Hitler comme chancelier, le NSDAP, le parti d’Hitler, est certes majoritaire mais n’obtient que 43,8% des voix, dans un contexte pourtant marqué par une intimidation violente systématique de l’opposition à la suite de l’incendie du Reichstag le 27 février 1933. Etrangement, plus encore que l’endiguement de l’opposition divisée entre communistes, socialistes ou démocrates modérés, c’est la nuit des longs couteaux, du 29 au 30 juin 1934, qui symbolise véritablement la prise de pouvoir absolu par Hitler : il élimine dans le sang, les rivaux et alliés des premiers jours, comme pour conjurer le temps des échecs cinglants des années Vingt : les démons anciens du désordre bestial représentés par les dirigeants des SA sont alors sacrifiés sur l’autel du réalisme politique pour satisfaire les nouveaux alliés que sont l’état-major de la Reichswehr, les conservateurs de la finance, les capitaines d’industrie et maîtres de forge indispensables au réarmement.

Interior Minister Wilhelm Frick and SS chief Heinrich Himmler touring the Sachsenhausen concentration camp in Oranienburg, Brandenburg, Germany, 1936

Himmler, accompagné de Wilhem Frick et de dirigeants SS, visitant le nouveau camp de concentration de Sachsenhausen, à son ouverture, en 1936

Dans cette conquête du pouvoir absolu, un être falot et délirant, Heinrich Himmler, va jouer un rôle décisif auprès d’Hitler. Bien que compagnon de route de ce dernier dès les premières heures de la création du parti national-socialiste (NSDAP) , participant par exemple à la tentative de putsch de Munich en octobre 1923, il ne figure pas parmi les « têtes d’affiche » du parti nazi tels que les Goering, Hess ou cet Ernst Roehm qui a pris la direction de la Sturmabteilung (SA), ce mouvement de rue nazi chargé d’affronter par la violence physique les opposants, plus particulièrement les communistes qui sont la principale force politique adverse structurée sur un modèle identique de prise pouvoir, bénficiant de surcroît du soutien de la Russie communiste. Ces sections d’assaut qui recrutent principalement parmi les déclassés de la société allemande, notamment dans les bureaux de chômage, vont finir par constituer une véritable armée intérieure forte de 280.000 hommes aux effectifs supérieurs à la Reichswehr, l’armée allemande. Roehm aura le tort de persister à exiger en 1933 et 1934 que l’armée lui soir rattachée, ce qui n’a jamais été dans les intentions d’Hitler qui ne voulait pas confier à un homme aussi désordonné que le dirigeant SA, son futur instrument militaire de conquête extérieure.

Adolf Hitler, Hermann Wilhelm Göring, Wilhelm Keitel, Karl Dönitz, Heinrich Himmler

Les dignitaires militaires nazis : derrière Hitler, de gauche à droite, maréchal Goering (armée de l’air), maréchal Keitel (armée de terre), amiral Donitz (marine) et Reichführer SS Himmler

Le sort de Roehm et des dirigeants de la SA scellés, restait à trouver les exécuteurs. Ce seront les membres  de la Schutzstaffel, la SS, le sigle signifiant escadron de protection. Il s’agit d’une unité de la SA créée par Hitler en 1925 pour lui servir de garde rapprochée, Hitler se méfiant de Roehm et des SA, indisciplinés et vélléitaires. Au début, ces gardes du corps sont peu nombreux à peine 300, veillant sur Hitler et ses proches, jusqu’à ce qu’Himmler en prenne la direction, quatre ans plus tard, en 1929. En quelques mois, il recrute des jeunes nazis, disciplinés, souvent éduqués, qui vont devenir rapidement plus de 3.000 puis jusqu’à 50.000 lorsque Hitler devient chancelier en janvier 1933, quatre ans plus tard.

North Tower, Wewelsburg Castle

Tour nord du château de Wevelsburg, quartier général de la SS

Cette nouvelle unité d’élité nazie jure non seulement fidélité absolue à Hitler mais applique un code d’honneur propre à la SS, invention du cerveau détraqué d’Himmler le bureaucrate : être durs envers nous-mêmes et envers les autres, donner la mort et l’accepter,  est ainsi l’une des devises de la SS qui dans l’esprit d’Himmler incarne l’éthique nouvelle dont les valeurs intérieures sont : fidélité, loyauté, obéissance, dureté, correction, pauvreté et courage. C’est au titre de ces « valeurs intérieures » que la SS à compter du 29 juin 1934 et sur tout le territoire allemand, va traquer pendant un mois, sans pitié, les dirigeants SA débauchés et corrompus, et tous ceux qui depuis 1923 ont eu le tort de s’opposer à un moment ou à un autre, au sein du mouvement, à Hilter dont l’ascension au pouvoir fut tout sauf irrésistible. Cette traque articanale va devenir le métier permanent à l’échelle industrielle de la SS, dont la folie meurtrière sera à l’origine de l’extermination de millions de personnes, opposants politiques, prisonniers de guerre et simples civils maintenus en esclavage, affamés ou déplacés, sans oublier six millions de Juifs Tziganes et homosexuels systématiquement pourchassés et assassinés.

Himmler in his early days with the SS.

Himmler en 1929, lors de sa prise de fonction de dirigeant de la SS

Détraqué est bien le terme pour décrire Heinrich Himmler, paysan de par ses origines de tout son sang et tout son être,  né en 1900, ayant fait des études d’ingénieur agronome après quelques mois passés au front à la fin de la première guerre mondiale. Au cours des années 20, et avant qu’il ne devînt le chef de la SS en 1929, il sera dirigeant d’une entreprise d’élevage de poulets où commence à se manifester ses qualités d’organisateur hors pair, confirmée entre 1929 et 1933 par sa capacité à développer la SS dans toute la République de Weimar affaiblie par la crise économique de 1929.

A compter de juillet 1934, la SA ayant été dissoute, plus rien ne s’oppose à la concentration des pouvoirs de police au sein de la SS dirigé par le Reichführer-SS Himmler qui prend ses ordres directement d’Hitler. La suite, c’est le développement tentaculaire des organismes répressifs au sein de la SS, le renseignement intérieur et extérieur (SD), la police politique (Gestapo), la police criminelle (Kripo), la surveillance interne de l’armée, l’organisation des camps de concentration et d’extermination, la SS-Totenkopfverbande, la Waffen-SS (unités militaires), les commandos d’extermination (Einsatzgrüppen), les usines de recherches en armes nouvelles ou encore, l’une des trois premières sections créées au sein da la SS dès 1931, le RUSHA, le bureau pour la race et le peuplement, chargé de veiller à la pureté idéologique et raciale des membres de la SS et encore, plus anecdotique mais significatif de l’idéologie racial nazie, le Lebensborn, ces lieux de rencontre et d’accouchement destinés aux femme aryennes en vue de concevoir anonyment des enfants pour l’adoption en s’accouplant « comme des lapins » avec des membres de la SS, pour regénérer ainsi la race aryenne.

Dans un discours prononcé le 4 octobre 1943 à Posen devant des dirigeants SS, Heinrich Himmler, le Reichführer-SS, a laissé un témoignage en langue allemande particulièrement effroyable et significatif de la démence idéologique qui anime les intentions nazies.  Ce discours met en évidence brutalement l’absence de tout scrupule dans le destin de millions d’êtres humains exterminés dans le cadre d’une organisation terroriste parfaitement planifiée et aux finalités assumées.  Loin d’être « un point de détail » dans l’histoire de la Seconde guerre mondiale comme un abruti de base persiste à l’affirmer bestialement, la destruction des Juifs d’Europe est au cœur des objectifs du Troisième Reich et le développement des camps de concentration et d’extermination tel que celui de Sachsenhausen répond à la volonté méthodique des maîtres du IIIème Reich de créer le paradis de la race germanique dans le cadre d’un totalitarisme messianique. Ces phrases résonnent d’autant plus fortement, que dans un autre contexte actuel, elles peuvent être parfaitement synchroniser pour arriver au même résultat de démence messianique.

Nazi elite in Wewelsburg

« L’élite » nazie à Wevelsburg

Alors même que les nazis enregistrent depuis le début de l’année  1943, défaite sur défaite [2 février : chute de Stalingrad ; juin : reddition de Tunis ;  juillet : échec de l’opération citadelle à Koursk suivie de l’entrée en Urkraine des Russes;  juillet à septembre :  débarquement des américains en Sicile puis dans le sud de l’Italie], voici que nous dit Himmler en octobre 1943 :

Ce serait une erreur totale de transposer chez des peuples étrangers notre sentimentalité inoffensive, notre générosité et notre idéalisme. Une pareille erreur a été commise, d’abord par Herder, qui a sans doute écrit sa « voix des peuples » dans un état d’ébriété, et nous a ainsi apporté, à nous ses descendants, des souffrances et des détresses immenses. C’est aussi l’erreur commise avec les Tchèques et les Slovènes, à qui nous avons apporté le sentiment national qui les anime. Ils n’y étaient absolument pas disposés et c’est nous qui l’avons inventé pour eux.

Il existe un principe absolu pour les SS : nous devons nous conduire de façon loyale, correcte, fidèle et amicale à l’égard de ceux qui appartiennent à notre propre sang, mais à l’égard de personne d’autre. je me moque éperdumment de savoir ce que deviennent les Russes ou les Tchèques. Le sang pur et apparenté au nôtre des autres peuples, nous nous l’approprierons, au besoin en volant leurs enfants, et en les élevant chez nous. Que les autres peuples vivent dans le bien-être ou crèvent de faim, peu m’importe, cela ne m’intéresse que dans la mesure où nous en avons besoin comme esclaves au service de notre civilisation. Que dix mille femmes russes soient ou non mortes d’épuisement en creusant des tranchées antichars ne m’intéresse que dans la mesure où ces tranchées destinées à la défense de l’Allemagne auront été achevées… Jamais nous ne nous montrerons brutaux ou sans coeur si ce n’est pas nécessaire, c’est bien évident. Nous autres Allemands qui sommes les seuls au monde à nous montrer corrects envers les animaux, nous le serons également à l’égard de ces bêtes humaines, mais ce serait un crime envers notre propre sang que de nous inquiéter d’eux et de leur apporter des idéaux…

Je voudrais évoquer ici, en toute franchise, un chapitre bien pénible. Il faut absolument que nous en discutions bien sincèrement entre nous, et pourtant nous n’en parlerons jamais en public… je veux parler de l’évacuation des Juifs, de l’extermination du peuple Juif… cela fait partie des choses dont on discute facilement. « Le peuple juif sera exterminé, déclare n’importe quel membre du parti, c’est bien évident, ça figure dans notre programme, la mise hors jeu des Juifs, leur extermination, bon, on marche ». Et voilà qu’ils viennent tous, nos braves quatre-vingts millions d’Allemands, et chacun présente son bon Juif. Oui bien sûr les autres sont de salauds, mais celui-là c’est un Juif formidable. Aucun de ceux qui parlent n’a rien vu, ni compris. la plupart d’entre vous savent ce que cela veut dire cent, ou cinq cents ou mille cadavres alignés. Avoir vu cela et être restés corrects – à l’exception de quelques faiblesses humaines – voilà qui nous a forgé une âme d’acier. Voilà qui constitue une page glorieuse de notre histoire, une page qui n’a jamais été écrite et ne devra jamais l’être.

Ce discours terrifiant qu’il faut lire et relire, nous rappelle le danger absolu que constituent les idéologies terroristes fondées sur le principe de forger des âmes d’acier qui savent ce que cela veut dire cent, cinq cents ou mille cadavres alignés. Avoir vu cela et être restés corrects (sic). Sauf à encourir des dangers encore plus grands, l’histoire nous a appris que les démocraties doivent impérativement s’organiser pour ne laisser aucun espace aux idéologies terroristes et veiller à les étouffer dans l’oeuf.

Heinrich Himmler speaking to the SS. In the background you can see  Wewelsburg Castle

Himmler haranguant des troupes SS ; en arrière-plan, le château de Wevelsburg

L’homme qui parle ainsi, Heinrich Himmler, reichführer-SS, était détesté des proches d’Hitler et des principaux dirigeants nazis qui redoutaient les pouvoirs de surveillance et d’inquisition qu’il détenait à travers l’Ordre SS. Carl Jacob Burckhardt, diplomate suisse qui fut Haut commissaire de la Société des Nations pour la ville libre de Dantzig de 1937 à 1939, puis négociateur pour le compte de l’organisation internationale de la Croix rouge pour l’amélioration du traitement des civils et prisonniers de guerre détenus par les Allemands pendant toute la Seconde guerre mondiale, trouvait Himmler plus inquiétant qu’Hitler, à cause de « ce degré de soumission concentrée, d’un zèle quelque peu borné et d’un méthodisme inhumain accompagné d’un certain automatisme« , toutes médiocres qualités d’un bureaucrate qui furent à l’origine même de son ascension au sein du mouvement nazi.

Et dans le même temps, ces seules qualités d’administration inhumaine, car Himmler curieusement pâlissait à la vue du sang, s’accompagnèrent de bizarreries et absurdités prétendant s’opposer à la décadence du monde, qui nourrirent un discours idéologique de théories racistes délirantes, de croyances païennes mystiques et de doctrines naturistes et végétalistes.

This photo was taken on Cathedral Hill in Quedlinburg, Harz mountains in the west of Saxony-Anhalt, Germany. It shows Heinrich Himmler on the way to the grave of the German King Henry I. Behind him, from left, Hans Frank, Wilhelm Frick and Robert Ley. Himmler had ordered excavations on Cathedral Hill of Quedlinburg in search of "Aryan proof" in German ancestry. He also saw himself as the reincarnation of King Henry I (AD 876 - 936).

Himmler marchant vers le tombeau du Roi Henri Ier à Quedlinburg ; derrière lui les principaux dirigeants SS : Hans Franck, Wilhlem Frick et Robert Ley, exterminateurs en chef

Reichsführer Heinrich Himmler leads an Allgemeine-SS ceremony on the anniversary of the death of Heinrich I at Quedlinburg, July 1938

Heinrich Himmler at commemoration of King Heinrich I in Quedlinburg Cathedral on 2 July 1936.

Himmler à Quedlinburg (Saxe-Anhalt), capitale du Saint Empire, le 2 juillet 1936, aux cérémonies SS du millénaire du roi Henri Ier l’oiseleur (règne de 919 à 936)

Pour ne donner que quelques exemples de ce caractère farfelu, Himmler se considérait comme la réincarnation de l’empereur germanique Henri Ier qui avait lutté contre les Slaves et les Hongrois avant l’an mil ; à table, il s’inspirait du roi Arthur et ne tolérait que douze convives ; pour forcer une personne à dire à la vérité dans une pièce à côté, il organisait avec quelques officiers SS, des « exercices de concentration » en regardant fixement et longuement devant lui, jusqu’à l’obtention des aveux. Boire de l’eau minérale et manger des poireaux était le petit déjeuner matinal qu’il préconisait à ses officiers. A la recherche de la race germanique primitive, il organisa des fouilles et des recherches archéologiques en même temps qu’il demanda à ce qu’on étudiât les crânes des commissaires judéo-bochevistes, pour déterminer les caractéristiques physiologiques du sous-homme.

Himmler and party examine a bas-relief at the Externsteine, a rock formation in northwest Germany with ritualistic associations. “Nazism needed a state religion,” Heather Pringle wrote in The Master Plan: Himmler’s Scholars and the Holocaust. “And it needed a god, or perhaps several gods, as well as suitable rituals to take the place of Mass and other Christian services. ‘After the war,’ he explained, ‘the old Germanic gods will be restored.’ ”

Examen de bas-reliefs par Himmler accompagné d’archéologistes, à Extersteine, une formation pierreuse dans le Horn-Bad Meinberg, temple païen  dans l’Antiquité. le nom d’origine, Eckensternensteine, signifie Pierres d’angles d’étoiles. « Les nazis ont besoin d’une religion d’Etat, selon Himmler, d’un Dieu ou peut-être de plusieurs Dieux et pour l’organisation de rituels à la place des messes et de la liturgie chrétienne. »

Même Hitler se méfia des conséquences des cérémonies cultuelles instaurées dans la SS et des études à caractère pseudo-scientifique de l’occultisme raciste, qui avaient essaimé en Allermagne depuis le début du vingtième siècle et qui nourrissaient les recherches ordonnées par Himmler à ce titre : Notre programme, rappela Hitler en 1938 dans le cadre du congrès national du parti nazi, ne cherche pas son inspiration dans de mystérieuses intuitions, mais dans une connaissance claire qui entraîne une franche profession de foi. Mais malheur si, par l’infiltration d’éléments mystiques des plus confus, le mouvement ou l’Etat se mettent à dispenser des tâches confuses. Il suffit déjà que cette confusion se trouve dans la parole. C’est déjà un danger de déposer une motion pour un soi-disant « lieu de culte », parce qu’il en résulte la nécessite d’envisager ultérieurement des « jeux cultuels » et des « actes cultuels ». Notre culte consulte exclusivement à promouvoir ce qui est naturel et par conséquent ce qui est voulu par Dieu.

Wewelsburg

Château de Wevelsburg, Rhénanie du nord – Westphalie, au plan triangulaire, quartier général de la SS à compter de 1934

Cet avertissement n’empêcha pas Himmler de perpétuer l’occultisme au sein de la SS, organisé autour de la tête de mort qui constitue l’insigne de la nouvelle chevalerie SS. les uniformes noirs impeccables dessinés par le couturier Hugo Boss qui recourt à des esclaves pour les couper, trancheront avec ceux de l’armée régulière, de plus en plus boueux au fur et à mesure des retraites militaires. Car si Hitler dénigrait l’idéologie, il en appréciait sa valeur technique, ses capacités d’organisation et d’extermination. Et il comprenait fort bien que la liturgie SS dont cette unité d’élite avait été dotée par Himmler était principalement destinée à constituer une communauté de conjurés liés par des engagements criminels.

The Wewelsburg: the Nazi Grail Castle - a triangle castle adopted by Himmler to hide the Grail Order - the SS, the Schutzstaffel and its sacred treasures (the Spear of Destiny)

Projets de construction de l’Ordre SS autour du château de Wevelsburg, futur centre du monde

Le rituel mystique instauré par Himmler à Wevelsburg qui devait devenir le centre du monde à l’issue de la victoire nazie, était en fait une sorte d’ordination religieuse consacrant l’entrée des postulants dans une nouvelle communauté en rupture avec l’ancien ordre familial et social, pour se dévouer entièrement à l’organisation SS sur les différents théâtres d’opération, comprenant notamment tous les actes impitoyables de violence et d’extermination déstinés à ériger le futur paradis de la race germanique.   Celui-ci, dans l’imagination délirante d’Himmler, reposerait sur deux piliers : en vertu des lois de Mendel, en l’espace de cent vingt ans,  il convenait d’instaurer la race germanique primitive constituée d’individus aux cheveux blonds et aux yeux bleus, d’où un commencement d’exécution avec des directives grotesques en matière de législation du mariage et suppression de la monogamie ; ensuite, l’objectif était de repousser vers l’Est les frontières ethniques allemandes de cinq cents kilomètres, avec la destruction de toutes les structures urbaines existantes pour y mettre à la place des villages fortifiés (wehrdörfer) réservés aux membres de l’Ordre nouveau SS qui pourraient alors s’exercer au commandement d’esclaves et faire fructifier les terres. Ces communautés guerrières et paysannes constituaient la vision enchanteresse d’Himmler, au nom de laquelle il convenait d’exterminer tous ceux qui n’y trouveraient pas place, et au premier rang desquels figuraient les Juifs et tziganes.

Heinrich on a magazine cover with Hitler Youth.  From page 156 of Martin Mansson’s book Heinrich Himmler: A Photographic Chronicle of Hitler’s Reichführer-SS owned by Christian Habisohn

Cérémonie de la jeunesse hitlérienne organisée par Himmler  dans le sud de l’Ukraine en 1942, à l’occasion de l’installation d’une colonie de peuplement allemand « aryenne »

Et c’est ainsi qu’en juillet 1934, Himmler héritant du camp de concentration d’Orianenburg ouvert en mars 1933 par les SA éliminés lors de la Nuit des longs couteaux, décida de confier à la SS la création et l’organisation d’un nouveau camp de concentration à Sachsenhausen, à proximité immédiate d’Orianeburg pour qu’il devint la matrice de tous les camps de concentration et d’extermination à venir, le, caractère à la fois et rationnel et mystique d’Himmler le conduisant à sélectionner un projet architectural de forme triangulaire identique à celle du château de Wevelsburg, triangle qui allait devenir le symbole nazi du mal imposé à toutes ses victimes.

Plan du camp de concentration de Sachsenhausen. le plan initial est formé du seul triangle principal auquel il sera adjoint, sur le côté gauche, à l’extéruer de la zone détention, les installations d’extermination

 (A suivre)

 

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