Dans les marais occidentaux

« L’attentat d’hier nous fait penser à toute cette cruauté, cette cruauté humaine, à ce terrorisme que ce soit un terrorisme isolé ou un terrorisme d’Etat. Cette cruauté dont l’homme est capable. Prions, maintenant, pour les victimes de cette cruauté. Tant de victimes ! Et prions pour les personnes cruelles afin que le Seigneur convertisse leur coeur. »

Prière pour les Français, par le Pape François, en la chapelle Sainte Marthe du  Vatican, au matin du jeudi 8 janvier 2015, rapportée par Radio-Vatican

 

Dans le même temps, ne nous laissons pas déborder par les vaines émotions suscitées par une déferlante médiatique d’une violence inouïe. Il existe des images et des mots qui peuvent devenir cruels et assassins lorsque les simples d’esprit s’en emparent. Attention à ce que « Barbarie » et « Civilisation » ne viennent remplacer « la paille » et « la poutre » dans la parabole rapportée par Matthieu, chapitre 7, versets 1 à 5 :

Ne jugez pas, afin de n’être pas jugés ; car, du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous. Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! Ou bien comment vas-tu dire à ton frère : »Laisse-moi ôter la paille de ton œil », et voilà que la poutre est dans ton œil ! Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère.

Ayons la sagesse et le courage de nous regarder en face : hypocrites, ôtons d’abord la CIVILISATION  de notre œil, et alors nous verrons clair pour ôter la BARBARIE de l’œil de notre frère.

Car pour citer cette fois Arthur Rimbaud en reprenant un passage de « L’impossible« , extrait d’Une Saison en enfer : « M’étant retrouvé deux sous de raison – ça passe vite ! – je vois que mes malaises viennent de ne m’être pas figuré assez tôt que nous sommes à l’Occident. Les marais occidentaux ! Non que je croie la lumière altérée, la forme exténuée, le mouvement égaré… Bon ! voici que mon esprit veut absolument se charger de tous les développements cruels qu’a subis l’esprit depuis la fin de l’Orient… Il en veut, mon esprit ! »