Les toits du quartier juif de la vieille ville de Jérusalem, vus de la terrasse du couvent des Maronites situé dans le quartier arménien, au petit matin
Après Tel Aviv, Jérusalem (Yerushalaïm en hébreu) est la principale ville d’Israël. Elle est la capitale de la Judée et la capitale déclarée d’Israël, où siègent le gouvernement et le parlement (Knesset). Mais cette capitale n’est pas reconnue par la communauté internationale. La ville est située à 800 m d’altitude entre la mer Méditerranée et la mer Morte, à 100 km à l’est de Tel-Aviv-Jaffa.
Jérusalem abrite des lieux saints pour les trois religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam. Officiellement, la ville possède un statut international prévu par une résolution des Nations Unies adoptée en 1947. Dans les faits Jérusalem a été coupée en deux pendant vingt ans, entre 1948 et 1967. En effet, au printemps 1948, les armées israélienne et jordanienne s’affrontèrent. Israël occupa la partie ouest de la ville, où se trouvent les quartiers modernes résidentiels et d’affaires, et la Jordanie, la partie est, comprenant la vieille ville. L’armistice conclu le 3 avril 1949 entérina cette division de la ville jusqu’à la guerre de 1967 dite des six-jours. Leur victoire éclair a conduit les Israéliens à occuper puis annexer la moitié de la ville, tout en permettant aussi le libre accès des Juifs au mur occidental souvent appelé mur des lamentations, auparavant situé dans la partie jordanienne.
Le caractère saint de la ville est affirmé pour chacune des trois religions. Sur le mont Sion se trouve le tombeau de David ; le Saint Sépulcre a été construit au lieu supposé du Golgotha où se situe la Passion du Christ et ce serait là où a été érigé le Dôme du Rocher que le prophète Mohamed serait monté au ciel. La vieille ville de Jérusalem , jordanienne jusqu’en 1967, est entourée de remparts datant de la période ottomane (XVIème siècle). On y accède par de nombreuses portes telles que Jaffa, Damas, Hérode, Lion et Sion. On peut encore citer les portes Neuve, Dorée, d’Hérode ou de saint Etienne . La porte double a une signification particulière pour les Juifs en tant que symbole historique de la patrie juive. La vieille ville est divisée en quatre quartiers comme le montre la carte ci-après : chrétien, arménien, juif et musulman. Sa superficie ne dépasse pas 1 km2. La population du quartier chrétien serait inférieure à 5.000 habitants alors qu’elle était de l’ordre de 40.000 avant la création de l’Etat israélien en 1948. On y trouve encore une quarantaine de monastères. Le quartier arménien serait peuplé de 2.000 habitants. Le quartier musulman serait peuplé de 30.000 habitants tandis que le quartier juif aurait une population de 3.000 habitants. Après 1967, le quartier maghrébin a été dynamité pour faciliter l’accès au mur occidental qui était auparavant enserré dans un dédale de maisons et de rues.
Pour se rendreà ce mur, on peut emprunter diverses parcours et passer par les multiples portes percées dans la muraille ottomane, telle que la porte de Damas ci-après. Les vendredi et samedi soir, au crépuscule, on voit de très nombreux juifs religieux tout habillés de noir s’empresser pour s’y rendre, seul, en famille ou en bandes d’hirondelles amicales, d’un pas voltigeant sous des chapkas lourdes ou des chapeaux à bord ronds. Leur air est plus joyeux que grave, convergeant tous vers le mur dans la nuit qui tombe. Les plus assidus viennent à pied de leur travail ou de leur maison distants de plusieurs kilomètres parfois et s’en reviennent par le même chemin, toujours à pied. On les reconnaît à leurs chaussures noires qui sont de vrais godillots de troupe.
Une fois passée la porte, la route vers le mur traverse le souk, constitué de multiples échoppes et petits commerces généralement tenus par des arabes dont certains sont chrétiens.
Il règne dans les rues le plus souvent recouvertes, une ambiance plutôt bon enfant, sauf les jours où des tensions se manifestent sur l’esplanade des mosquées située dans le quartier musulman. De nombreuses patrouilles de l’armée israélienne, Tsahal, veillent au maintien de l’ordre, discret mais ferme. Les vigies se postent le plus souvent aux principaux carrefours, l’arme en bandoulière, généralement un Uzi qui est un pistolet travailleur de marque israélienne. Ce sont souvent des soldates très jeunes, qui font leur service militaire de trois ans. Elles sont maquillées, portent du rouge à lèvres ou aux ongles, nouent nonchalamment un foulard dans leurs cheveux qui donnerait presque l’envie de s’engager, en tout cas bien plus que dans les bandes armées du prétendu état islamique. Et puis, Tsahal ne leur demande pas de couper des têtes, on est dans un état démocratique, une exception dans tout le Proche et Moyen Orient. C’est d’ailleurs bien ce que l’on reproche aux Israéliens quand on y réfléchit, cet acharnement à vouloir être une démocratie dans un environnement géopolitique qui ne s’y prête guère.
Foulards, tissus et tapis de toutes les couleurs donnent au souk un air de fête permanent. Ces couleurs contrastent avec les tenues noires des religieux juifs qui traversent la vieille ville à grands pas.
Le mur est situé en partie occidentale du mur de soutènement de l’esplanade. Ce sont les seules ruines qui demeurent du second temple agrandi par Hérode 1er le Grand (voir maquette ci-dessous). Du haut de la place donnant accès au mur occidental, on aperçoit le dôme de la mosquée d’Omar et le sommet dess arbres plantés sur l’esplanade.
Du haut des maisons du quartier juif reconstruit qui bornent la place d’accès au mur occidental, on a une vue magnifique sur le mur et l’esplanade. On y aperçoit à la fois le Dôme du Rocher et la mosquée Al Aqsa. Seule la passerelle en bois permettant l’accès à l’esplanade défigure les lieux.
Dans la religion juive, hommes et femmes vont au mur prier séparément comme chez les musulmans et autrefois les chrétiens. Les femmes, accompagnées des enfants, disposent d’un espace plutôt réduit qui a d’ailleurs donné lieu à contestation pour obtenir un élargissement des lieux qui leur sont réservés et qui sont encombrés de chaises, revendication indigne aux yeux des juifs les plus religieux et du plus grand nombre des rabbins. Il ne manquerait plus que l’on confie les rouleaux de la Torah à la gente féminine. Et pourquoi pas des rabbines pendant que l’on y est ? Ce qui est dà les cas dans de nombreux pays même si le terme est réservé aux hommes. Cette demande d’égalité de la part des femmes n’est en effet pas du goût de tout le monde, et cela peut se comprendre quand les ancêtres remontent à Abraham, il ne faudrait pas trop bousculer la généalogie tout de même.
Sur le modèle des hommes portant obligatoirement la Kippa, les femmes se rendant au mur doivent prier en portant un voile ou un châle sur la tête. Les non juifs peuvent aller prier aussi à condition de porter la Kippa. Il est possible de laisser dans les interstices, des prières écrites sur de petits papiers pour pouvoir plus facilement les glisser entre les pierres. Ces messages sont régulièrement enlevés et conservés, tant on sait que le peuple de la Bible ne plaisante pas avec l’écrit. Les prières et demandes d’intercession sont si nombreuses, qu’il est facile d’imaginer que Dieu doit avoir bien des difficultés pour répondre à une aussi forte demande. En tout cas, les prières éclairées à la bougie des Chrétiens ont l’avantage certain de monter plus vite au ciel et la fumée des cierges n’encombre pas trop le secrétariat de Dieu.
Les Juifs les plus religieux adoptent un rythme impressionnant pour scander leurs prières au plus près du mur. Ils baissent et remontent la tête à en donner le tournis, les plus adeptes pliant le torse avec une dévotion de derviche tourneur. C’est d’autant plus impressionnant que leur front, avec une facilité déconcertante, effleure les pierres du mur sans jamais le toucher il serait d’ailleurs malvenu de s’y frotter, le mur en a vu bien d’autres depuis deux mille cinq cents ans. Il est de bonne coutume de quitter les lieux sans se retourner en se déplaçant en arrière, face au mur, jusqu’à une distance respectable qui vous autorise à lui tourner le dos.
Sur la place dégagée devant le mur, Il arrive de croiser des rabbins importants qui ont l’autorisation de la police veillant à la sécurité des lieux, pour franchir le barrage et accéder aux lieux dans une voiture parfois luxueuse. Dans l’idéal, la plaque minéralogique est américaine, de préférence celle de l’Etat de New York, l’importance du rabbin pouvant aussi être appréciée au nombre de leurs gardes du corps.
Et c’est ainsi que Dieu est grand, en permettant aux Juifs et non Juifs de prier ensemble au mur occidental, à condition cependant de ne pas être envahis par les femmes qui doivent rester de leur côté à garder les enfants qui tournicotent.
Plus tard, sur le mont Sion, à Saint Pierre en Gallicante, là où la tradition évangélique veut que Pierre par trois fois renia le Christ avant que le coq ne chanta pour la troisième fois, on aperçoit dans le lointain, un autre mur, le mur dit de Sharon, qui sépare Israël de la Cisjordanie. Mais, c’est une autre histoire beaucoup moins intéressante en ce qu’elle divise au lieu de rassembler.