Photo d’un camp de réfugiés de Soudanais du sud, à la frontière éthiopienne @untold stories
Lors de la création de ce site, il n’avait pas été envisagé de le transformer en agence de presse. On peut faire cependant exception. Il se trouve que « l’obstination du hasard » conduit depuis quelques temps à lire régulièrement des articles postés par deux journalistes norvégiens qui sillonnent le monde. On y apprend par exemple comment des pêcheurs chinois utilisent des cormorans pour leur pêche. C’est ingénieux, il suffit d’empêcher les oiseaux prédateurs d’avaler le poisson en enserrant suffisamment leur cou avec un tissu, et l’affaire est dans le sac ou dans le lac selon la bonne volonté manifestée par le cormoran à pêcher et ramener le poisson. Mais ce ne sont pas les articles les plus intéressants.
Il faut surtout lire certains articles sur l’Afrique, sur la pauvreté au Malawi, sur le désastre écologique de l’extraction de pétrole par la Shell au Nigéria ou bien, ces temps derniers, sur la situation désastreuse des réfugiés du Soudan du Sud à la frontière éthiopienne.
Le Soudan du Sud est devenu indépendant le 9 juillet 2011. On aurait pu espérer que se terminât la guerre entre le nord musulman et le sud chrétien, qui a ravagé cette région pendant trente-cinq des cinquante ans séparant l’accession du Soudan à l’indépendance en 1955 et les accords de paix conclus en 2005 à Naivasha au Keyna. Cette guerre a provoqué la mort de deux millions de personnes et le déplacement de quatre autres millions, pudiquement appelés réfugiés alors qu’ils sont sans abri, sans vivres et sans eau. Ils n’ont plus rien en dehors de l’assistance internationale.
Mais un nouveau conflit au sein de cette jeune nation, entre les peuples nilotiques Nuers et Dinkas, a éclaté fin décembre 2013 provoquant de nouveaux déplacements au sein d’un pays dont le tiers ou le quart de la population est constitué de réfugiés, pour certains depuis plusieurs générations. C’est cette situation que décrivent dans leurs « posts » les deux journalistes qui, venant de passer une semaine dans un camp, s’en retournent à Addis-Abbeba puis en Norvège :
Our job is done in the camps for South Sudanese refugees. It’s for us to move on – first to the Ethiopian capital Addis Abeba and then back to Norway. A week is enough. Enough sad stories, enough hardship, enough heat and dust. We are happy we can leave. But at the same time it feels unfair in a way. We have the money and the documents needed to get on the next plane and fly out of this depressing place. All the refugees we are leaving behind are stuck. For how long no one knows. The only thing we can do is to report what is happening; even if we know it will take a lot more to change these people’s lives to the better.
Voici l’adresse du site : http://www.verdensglimt.wordpress.com.
Merci pour leur témoignage : de même que nous ne devons pas oublier le Nigéria du Nord, n’oublions pas les réfugiés du Soudan du sud, ils ont besoin de nous, leur détresse est épouvantable. Ils sont enlisés dans le sable et la poussière, probablement pour des années encore. Regardez surtout les photos des enfants, plus encore celles des filles que des garçons car si ces derniers peuvent jouer avec trois fois rien, elles, les malheureuses, triment trois fois plus, dans un pays où la tradition est que la femme travaille pendant que l’homme chasse. Or, voilà bientôt 50 ans que l’homme chasse l’homme et qu’il ne rapporter plus rien à manger, alors que la femme doit continuer de tout faire.
Tout n’est pas à reconstruire mais à construire au Soudan du sud aujourd’hui peuplé de 12 millions d’habitants. Les besoins sont gigantesques.