«Nous sommes en marche, nous ne nous arrêterons que lorsque le drapeau français flottera sur la cathédrale de Strasbourg».
Voilà le serment que le colonel, autopromu, Philippe Leclerc de Hauteclocqueque fit à ses troupes au milieu du désert saharien, le 2 mars 1941, il y a bientôt 74 ans, et que ses soldats et officiers reprirent à la suite, après avoir obtenu la reddition de la garnison, alors italienne, de Koufra, situé au sud de la Lybie, si loin de tout et surtout de Strasbourg, pendant la Seconde guerre mondiale.
Cette victoire proclamée des forces françaises libres (« FFL ») est la première d’une longue série qui mena effectivement la deuxième division blindée du Général Leclerc à libérer Strasbourg, le 23 novembre 1944, après être entrée la première à Paris le 25 août 1944, puis à poursuivre jusqu’à Berchtesgaden, le « nid d’aigle » d’Hitler en Bavière, où se trouvait sa résidence secondaire, le Berghof, occupée le 4 mai 1945.
S’il existe des zones d’ombre dans l’épopée de la 2ème DB, notamment le fait qu’à la demande américaine, la division fut « blanchie », à un « noir » près, en mai 1943 lors de son passage en Angleterre pour préparer conjointement avec les américains le débarquement en Normandie puis la libération de la France entière, il n’empêche que le serment initial a été tenu au point d’entrer dans les livres d’histoire avec des paroles beaucoup moins martiales et plus « historiques », ce qui est le propre de toute épopée. : jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg.
Il n’en reste pas moins que nous pouvons croire chaque mot prononcé par Leclerc lorque celui-ci déclara aux alsaciens le 23 novembre 1944 : la flèche de votre cathédrale est demeurée notre obsession. Nous avions juré d’y arborer de nouveau les couleurs nationales. C’est chose faite. Peu avant, le lieutenant-colonel Rouvillois, ayant pénétré dans Strasbourg avait lancé cette phrase codée réstée célèbre pour signifier sa libération : « Tissu est dans iode« . Mais il faudra attendre trois mois de plus pour réduire cette sinistre « poche de Colmar » et libérer totalement l’Alsace, au prix de pertes humaines insensées : 8.000 Américains, 13.000 Français et 20.000 à 40.000 Allemands.
Si je vous conte l’histoire du serment de Koufra et de la libération de Strasbourg, c’est que nous aussi, trois générations plus tard, à l’échelle de la France, de l’Europe et du monde, nous devons faire le serment de libérer le nord du Nigéria des hordes de Boko Haram. Ce n’est pas la simple liberté d’expression qui est en jeu ou le reflux des vagues terroristes qui s’en viennent frapper le cap d’Europe, mais le droit indivisisible des peuples à vivre en paix, et la liberté universelle, de tous, y compris celle des Nigérians du nord. Sauf à se résigner à voir la violence et la haine étendrent leur emprise au fil des jours et des ans, la compassion envers les villageois massacrés du Nigéria ne suffit pas.
Car au-delà du Moyen-Orient englué dans les barils de pétrole, l’Afrique sahélienne et subsahérienne, de la Somalie à la Mauritanie, a besoin d’un Overlord suivi d’un véritable plan Marshall à l’échelle de cet immense continent prometteur, sinon c’est le Sida ou Ebola, au mieux, qui vaincront : comment voulez-vous que les populations du Sierra Leone et le Libéria, victimes d’anciennes guerres civiles impitoyables atroces, puissent survivre lorsque ces pays ne comptent, en 2010-2012, qu’1 ou 2 médecins et 17 à 27 infirmières pour cent mille habitants, là où l’Afrique du sud en compte 76 et 490, et la France, par exemple, 318 et 930.
L’Afrique a plus besoin de médecins et d’infirmiers que de guerriers fanatisés et de paras sur le retour. Il faut bien, pourtant, pourchasser ces terroristes sanglants, les faire prisonniers quand c’est possible, et déférer leurs dirigeants devant le tribunal pénal international pour crimes contre l’humanité. Que cet objectif devienne notre obsession.