La croix de Jérusalem est composée d’une grande croix dont chaque branche égale se termine par la lettre grecque Tau, et de quatre petites croix symbolisant les quatre évangiles et les quatre points cardinaux vers où la parole du Christ se propage. Adoptée par les premières communautés chrétiennes à l’époque romaine, figurant sur les armoiries du royaume de Jérusalem, elle a été adoptée comme symbole par la custodie franciscaine de Terre Sainte.
Au Saint-Sépulcre, partout la pierre suinte, s’impose, domine. Piliers, voûtes et ogives sont là pour nous rappeler deux mille ans d’histoire et nous faire voltiger de l’ombre à la lumière. Les destructions et effondrement successifs ont suscité reconstructions et réhabilitations qui ont conduit à multiplier les enchevêtrements architecturaux sur d’innombrables niveaux qui s’échelonnent des cryptes les plus profondes jusqu’aux toits et par-delà jusqu’au ciel. Et c’est miracle que tout tienne encore debout, malgré les ans. Heureusement, la basilique peut compter sur des piliers imperturbables qui veillent comme des templiers immortels sur le tombeau du Christ.
Partout la foi se réfugie, ici dans une crypte, là dans une grotte, on monte et on descend d’une chapelle l’autre, les autels attendent de recevoir les témoignages de foi, se contentant parfois ou souvent, peu importe, de la simple visite d’un spectateur égaré dans la pénombre des murs, à la recherche de la lumière qui traverse les rares fenêtres creusées dans cette caverne sculptée de larmes immobiles de pierres.
Là où l’on croit s’approcher de la lumière, lorsque tout s’éclaircit et que l’on commence à entrevoir des fresques ou des peintures murales, alors que le regard s’habitue à cette rare lumière qui vous brûle brusquement les yeux, soudainement tout retombe dans la nuit, en souvenir de cette sixième heure quand le soleil s’éclipsant, l’obscurité se fit sur le pays tout entier, jusqu’à la neuvième heure (Luc 23:44)
Car voici l’heure de prier dans l’épreuve, mes temps sont dans ta main, laissant seulement un court instant pour lever les yeux vers le ciel et quitter ce tombeau de pierres pour rejoindre un abri sûr, en la forteresse de l’Esprit :
Sois pour moi un roc de force,
une enceinte de rempart qui me sauve,
car mon rocher, mon rempart, c’est toi ;
pour ton nom, guide-moi, conduis-moi !
Roc, rocher et rempart, tel est le Saint-Sépulcre, témoignage de pierre depuis deux mille ans de la Foi des hommes en la parole du Christ.
Et c’est alors qu’au moment de quitter les lieux, le miracle s’accomplit : le pavement usé et irrégulier, à peine entrevu dans la pénombre, se transforme sous nos yeux ébahis en une mosaïque parfaitement claire, lisse et régulière enlacée par une douce lumière provenant des rares fenêtres percées à travers le tombeau de pierres. Partout, dans les multiples recoins d’ombres et de lumière, à travers le discret travail accumulé par des générations d’hommes anonymes au cœur fervent, Dieu notre Père, en ce lieu du sacrifice du Fils de l’homme qu’il nous a donné, nous parle par l’Esprit, et nous console éternellement :
Voici venant sur les nuées du ciel, comme un Fils d’homme. Il s’avança jusqu’à l’Ancien et fut conduit en sa présence. A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous peuples, nations et langues le servirent. Son empire est empire à jamais qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit (Daniel 7 14)
Ce que Luc reprend dans la première annonce de la Passion : Le Fils de l’homme doit souffrir beaucoup, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être mis à mort, et le troisième jour, ressusciter (Luc, 9 22)
Tout ce qui apparaît est, en effet, lumière (Paul aux Ephésiens, 5 14)