Au souvenir des Arbegnoch

L’été dernier, me trouvant en Basse-Terre qui est comme son nom ne l’indique pas l’île volcanique la plus haute, je fus invité au titre du voisinage à un baptême. Là, au milieu des convives, j’ai rencontré par l’intermédiaire d’une amie commune, un médecin éthiopien qui séjournait dans les îles de la Guadeloupe à titre professionnel.  Nous avons bavardé de l’Ethiopie toute l’après-midi jusqu’à tard le soir. Je commençai par le surprendre  lorsque je lui décrivis le vol du gypaète barbu au-dessus des monts Simien et des loups d’Abyssinie, ce qui, après tout, pouvait n’être qu’un souvenir de touriste en goguette. Mais lorsque j’évoquai  Orde Wingate et la  mission  101 du colonel Sanford destinée à venir en aide aux Arbegnoch, les patriotes, pour libérer l’Ethiopie de l’oppression italienne pendant la Seconde guerre mondiale, il hallucina et me demanda si j’étais historien de profession.

Après avoir raconté de son côté qu’il avait été longtemps médecin militaire dans l’armée éthiopienne, soignant comme il pouvait les innombrables victimes de la guerre entre l’Erythrée et l’Ethiopie en 1998, une boucherie qui provoqua pas moins de cent mille morts et autant de blessés, il revint à la charge et me demanda comment je connaissais ainsi l’Ethiopie. Le soir tombait et le ti-punch s’invitant, dérivant des chutes du Nil Bleu à l’évocation de la légendaire beauté des Ethiopiennes, j’en vins pour la première fois de ma vie à lui conter l’histoire suivante, authentique autant qu’elle peut l’être, celle d’Ophra qui, l’obstination du hasard aidant, est à la fois le lieu de sépulture du juge biblique Gédéon et le second prénom de l’héroïne de cette histoire dont le premier prénom est Selam qui veut dire Paix en Amharique, la langue la plus usitée d’Ethiopie, peuplée majoritairement d’Amharas.

Gédéon, cinquième juge d’Israël, retable  de Martin van Heemskerck, musée des Beaux-Arts de Strasbourg (1550)

Pour ceux qui veulent aller plus loin sur ce sujet,  voici un lien utile vers le site de l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) où l’Amharique, issu du Guèze, l’éthiopien classique et liturgique, est enseigné depuis 1898. http://www.inalco.fr/langue/amharique

Qu’il ne soit pas dit que l’auteur virtuel ne se soucie pas de susciter l’intérêt pour une langue qui demande tout de même de maîtriser un alphasyllabaire associant 26 à 35 consonnes à sept vocalisations, soit au total 182 à 245 caractères, ce qui, vous l’avouerez, n’est pas à la portée du premier latiniste venu qui se contente d’un misérable alphabet comportant 26 lettres, consonnes et voyelles tout compris. A ce propos, celui qui a eu tout faux en ayant écrit que les Africains ne sont pas entrés dans l’histoire, au lieu de jouer à l’imbécile des hauts quartiers sur les bancs de l’Assemblée nationale, devrait suivre des cours forcés du soir de langue amharique, peut-être que cela le calmerait un peu, ce Garo de la gargouille, l’excité de la citrouille qui se prend un gland sur le nez !

Au dos de la carte postale : publicité "alcool de menthe de Ricqlès"

Le gland et la citrouille, fable de Jean de la Fontaine, empruntée au théâtre populaire de Tabarin : Rencontres, fantaisies et coq-à-l’âne facétieux du baron de Grattelard. Tabarin qui était bateleur et comédien de foire au début du XVIIème siècle, influença aussi Molière.

A suivre : la reine de Saba est venue me visiter

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