Serena Williams, sublime océan noir bondissant

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Il est rare de tenir ici des chroniques sportives et encore plus de faire l’éloge d’une personnalité vivante, on peut si facilement se tromper que cela peut ensuite être ennuyeux quand celle-ci se met à dériver pour une raison ou une autre. Mais s’agissant de Serena Williams, élue personnalité sportive de l’année par le magazine de référence Sports Illustrated, première femme depuis 1984 à obtenir ce titre, nous prenons peu de risque tant il est rare de voir émerger en une personne autant de qualités exceptionnelles.

Serena Williams n’est pas simplement une très grande joueuse de tennis, sans doute la plus grande de tous les temps et la sportive la plus accomplie depuis ce début de siècle toutes compétitions confondues, elle possède des qualités humaines hors du commun qui s’expriment autant sur le court que  hors du terrain, portée par une rage de vivre qui devrait être donnée en exemple à toutes les petites filles du monde entier. A chaque fois qu’elle est tombée, frappée par le destin, elle s’est relevée, ne cessant de s’élever pour reprendre les mots du poème de Maya Angelou qu’elle a récitée lors de la cérémonie de remise de son titre de personnalité sportive de l’année, l’oscar du sport.

C’est qu’avec sa soeur Vénus, rien ne les prédestinait à dominer un jour la planète du tennis féminin. Ces deux gamines noires issues d’un ghetto n’avaient pas dix-huit ans quand elles sont entrées dans le circuit professionnel ; à elles d’eux elles ont gagné 28 titres de grand chelem depuis le premier US Open pour Serena en 1999, 21 titres pour cette dernière et 7 pour Vénus.

Des carrières de joueuses professionnelles de tennis aussi longues sont rares, bientôt 20 ans pour Vénus et 18 pour Serena ; elles auraient probablement gagnées beaucoup plus de titres si elles n’avaient pas été endeuillées par la mort tragique de l’une de leurs sœurs victime d’une balle perdue d’un gang au milieu des années 2000 et si Vénus n’était atteinte d’une maladie rare, le syndrome de Sjogren, tandis que Serena après avoir marché sur du verre brisé a survécu à une embolie pulmonaire qui l’a tenue dix-huit mois loin des courts au début de la décennie 2010.

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Peu importe ces coups du destin! Serena Willians possède une telle rage de gagner que rien ne l’a jamais arrêtée pour vaincre à l’arraché, renversant des situations compromises un nombre de fois incalculable, scénarios répétés qui fondent aujourd’hui sa légende. Tant qu’on n’a pas perdu, on peut toujours gagner, voilà ce que nous enseigne Serena.

Et si vous vous demandez d’où vient cette rage absolue de vaincre, il suffit de lire le poème de Maya Angelou, Pourtant je m’élève, tout est dit, tout est là, Serena surgit d’un passé enraciné de douleur, s’élevant tel un océan noir bondissant et large, vers une aube merveilleusement claire en emportant les présents que ses ancêtres lui ont donné, « le rêve et l’espérance de l’esclave »  qui n’est rien d’autre que l’Amour.

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Merci Serena pour tout cet amour universel que tu nous donnes à nous humbles spectateurs, à chaque fois que tu joues, sers et frappes pour le set et le match, peu importe désormais que tu perdes ou que tu gagnes, tu seras toujours la plus grande, côté court, côté Vie, Alléluia!

Avant de donner le lien vers la vidéo du discours de Serena, Voici le magnifique poème Pourtant je m’élève de  Maya Angelou  lu par Serena Williams à la cérémonie organisée par Sports Illustrated en son honneur :

Vous pouvez me rabaisser pour l’histoire
Avec vos mensonges amers et tordus,
Vous pouvez me traîner dans la boue
Mais comme la poussière, je m’élève pourtant,

Mon insolence vous met-elle en colère?
Pourquoi vous drapez-vous de tristesse
De me voir marcher comme si j’avais des puits
De pétrole pompant dans ma salle à manger?

Comme de simples lunes et de simples soleils,
Avec la certitude des marées
Comme de simples espoirs jaillissants,
Je m’élève pourtant.

Voulez-vous me voir brisée?
La tête et les yeux baissés?
Les épaules tombantes comme des larmes.
Affaiblie par mes pleurs émouvants.

Es-ce mon dédain qui vous blesse?
Ne prenez-vous pas affreusement mal
De me voir rire comme si j’avais des mines
d’or creusant dans mon potager?

Vous pouvez m’abattre de vos paroles,
Me découper avec vos yeux,
Me tuer de toute votre haine,
Mais comme l’air, je m’élève pourtant.

Ma sensualité vous met-elle en colère?
Cela vous surprend-il vraiment
De me voir danser comme si j’avais des
Diamants, à la jointure de mes cuisses?

Hors des cabanes honteuses de l’histoire
Je m’élève
Surgissant d’un passé enraciné de douleur
Je m’élève
Je suis un océan noir, bondissant et large,
Jaillissant et gonflant je tiens dans la marée.
En laissant derrière moi des nuits de terreur et de peur
Je m’élève
Vers une aube merveilleusement claire
Je m’élève
Emportant les présents que mes ancêtres m’ont donnés,
Je suis le rêve et l’espérance de l’esclave.

Je m’élève
Je m’élève
Je m’élève