Enfant d’Europe, « N’ayez pas peur! »

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Face aux épreuves du temps, ne comptez pas sur nous pour rejoindre le chœur des pleureurs, celui des indignations sincères  et des émotions faciles. Ce n’est pas en s’apitoyant sur notre sort que nous pouvons combattre pour la liberté, un combat  toujours mené avec sérénité et intention de le poursuivre à notre façon, par l’écriture, en accompagnant le monde.

L’obstination du hasard aidant, un thème qui nous est cher, ce site  a été ouvert le premier jour de l’an 2015, alors que la liberté de l’expression est vainement attaquée par deux égarés [en fait trois, trois fois hélas!], terriblement minables, qui ont atteint leur objectif à en regarder les sinistres lucarnes médiatiques : faire peur, inciter à la haine et chambouler les esprits. Et bien, qu’il en soit ainsi : en avant marche: « N’ayez pas peur ! »

Qu’avons-nous à craindre, Enfant d’Europe, parfois venu de la terre entière, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique ou d’Océanie, attiré par  les phares de la liberté qui brillent en chacun de nos cœurs au souvenir de tous ceux qui ont disparu dans la mitraille,  sous les bombes ou dans les camps d’extermination qui peuplèrent au siècle dernier l’Europe du Rhin à la Kolyma ? Et bien, qu’il en soit ainsi: en avant marche: N’ayons pas peur!

Qu’avons-nous à craindre, Enfant d’Europe ? Est-ce nous qui avons peur de nos femmes, qui les empêchons de prendre un volant ou d’exercer  bien d’autres droits sous prétexte d’en faire une chose inerte qui ne puisse terrifier les tremblants misogynes ? Ne nous trompons pas de combat, c’est en commençant par défendre le principe d’égalité de la femme et de l’homme, que nous ferons reculer l’horreur. Et bien, qu’il en soit ainsi : en avant marche: Elles n’ont pas peur!

Qu’avons-nous à craindre, Enfant d’Europe ? Est-ce nous, adultes,  qui avons peur de nos enfants que nous envoyons à l’école et qui jouent au ballon et qui rient, et que nous cherchons à protéger des rapaces, des prédateurs et des satrapes ?   Ou bien, ne serait-ce pas plutôt eux, ces terroristes, qui ont si peur qu’ils en deviennent capables d’enrégimenter des enfants et  de les transformer en soldats aux balles de plomb avant l’âge ou, pire encore, en  effroyables  bombes humaines ? Et bien, qu’il en soit ainsi : en avant marche: Ils n’ont pas peur!

Commençons par donner à la femme toute sa place dans notre société de liberté, et aimons tous leurs enfants, quels qui soient, et qu’importe leur origine, leur religion et leurs souffrances cachées: ce serait déjà un commencement, en gardant en mémoire qu’il nous faut toujours pardonner, quelles que soient les difficultés à concevoir les origines de la violence lorsque le crime est si immense de cruauté.

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Nous ne pouvons avoir peur quand nous aimons sur le chemin de la liberté, qui est une longue route venteuse pour reprendre le titre de la chanson des Beatles qui rythma notre jeunesse oisive: The long and winding road. Les diamants du ciel sont là pour nous éclairer. Et ces étoiles venues de notre terre s’appellent Soljénitsyne,  Dombrovski, Chalamov, Boulgakov, Levi, Grossman, Nina Berberova, Simone Weil, Axionov, Abram Tertz, Galanskov, Isaac Babel, Mandelstam, Stefan Zweig, Georges Bernanos, Robert Musil, Hermann Broch, Elias Canetti, Léo Perutz, Lernet-Holénia, et tant d’autres tels Von Doderer et Arthur Schnitzler dont les livres furent brûlés par les nazis alors que lui, Arthur, était déjà mort.

Mais là, en cet instant c’est à Joseph Roth que nous  pensons, l’auteur du Poids de la Grâce, et de la Marche de Radetzky, publié en 1932.  Lucide, il écrit à Zweig en 1933 lorsque Hitler prend le pouvoir : la Barbarie a réussi à établir son règne. Ne vous faites aucune illusion. C’est le règne de l’enfer« . Exilé à Paris, atteint d’une crise de delirium tremens, il mourra dans une salle commune de l’hôpital Necker, à l’âge de 45 ans, après avoir publié la Crypte des capucins qui est selon nous, son chef d’œuvre. Jamais il ne renonça, toujours digne dans ses malheurs.

Nous qui avons passé toute ces années à dialoguer en secret, jour et nuit, avec ces maîtres littéraires témoins de la liberté, nous n’entr’aperçevons aucune barbarie qui puisse réussir à établir son règne dans le millénaire à venir; et si nous devions écrire un roman sur le sujet, ce ne serait certainement pas le titre Soumission que nous choisirions, mais plutôt  Insoumission, tant certains crasseux aux idées courtes et convenues nous épuisent par leur perversion et indignité.

Et ce ne sont pas deux idiots [en fait trois] égarés dans un monde tourneboulé, aspirés par le crime associé à des cris haineux de ralliement détournés, qui peuvent nous empêcher de regarder, la nuit, les jeux de lumière des Fenêtres éclairées : elles nous fascinent et nous inspirent.

Amie lectrice, ami lecteur que nous souhaitons persévérant et charitable, comment voulez-vous qu’on puisse nous enlever la liberté de vous aimer ? Il suffit de vous écrire sans même savoir si vous nous lisez. Ce n’est pas tant que tout livre serait une illusion, mais ayant passé tant d’années, trente deux ans pour être précis, à vous observer et écrire en songe, épris de liberté, nous pouvons attendre autant de temps pour apprendre que vous songiez à nous lire. Tel est le prix de la liberté d’écrire : affronter les épreuves du temps sans espoir de pouvoir y échapper.

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A la tombée de la nuit, Assise, automne 2007

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