Assise

L’heure est venue de remercier les huit spectres qui errent dans les dédales et labyrinthes des cryptes et troglodYtes où les Lettres d’Ivoire sont imaginées, préparées et publiées, la plupart au fil des eaux souterraines qui traversent les ruines de l’abbaye où une once d’intelligence tente de résister à la montée des périls de toutes sortes. Quand la mer monte, je l’attends aussi, dit la chanson.

Voici les spectres qui oeuvrent auprès de Cervières depuis cinq décennies :

Serval, dit le Trouvailleur
Jean Clouet, dit Raymond la science
Odysseus
Skeleton, dit le Tsar, Excelman, Googleman, Wikiman
L’auteur virtuel, dit l’iguane, dit le Gypaète barbu
Franche Pistole
Moine rieur, dit moine balayeur, moine chercheur, moine dormeur, moine grincheux, moine prieur, moine tourneur, et encore moine féroce.

Certaines Lettres d’ivoire relèvent de l’autoportrait où figure dans l’ombre, la trace des spectres pour chacune de leur époque. On les retrouve en filigrane des publications, de par leur vie, de par leurs pensées ou méditations, de par leurs souvenirs qui s’effilochent désormais. Et parfois de leurs rêves.

Chacun des seize égoportraits ci-dessous mériterait de longues digressions comme ce coquelicot ci-après qui évoque la Première guerre mondiale, le plus grand et le plus imbécile des feux d’artifice inhumains qui a duré quatre ans et enseveli des millions de jeunes êtres humains au siècle dernier. L’horreur du coquelicot dissimule la douceur de la lavande qui rappelle pour certains des jours heureux passés en Haute-Provence, des jours qui ne sont plus que souvenirs d’une immense tristesse et beauté, difficile d’imaginer qu’ils ne reviendront pas et pourtant ils demeurent à chaque passage au milieu de la route longeant la Vallée de l’Asse, entre la Bégude et Oraison.

Le pont romain