
Le pont de pierre
Il en est de la vie des hommes comme celle d’un pont de pierre reliant deux rives bourbeuses depuis des siècles. On croit traverser un ouvrage romain qui se révèle être un pont roman tandis que plus loin, on entre dans une cathédrale gothique laissant apparaître au détour d’un pilier, une église romane enfouie dans le calcaire des cavernes aménagé d’un escalier étroit pour descendre dans la crypte d’une chapelle surmontant l’autel du temple des dieux antiques, constitué des fragments perpétuels du marbre des autels païens retournés à la poussière de nos ancêtres coincés au temps des cavernes ou égarés dans le labyrinthe des sous-bois traversés par des druides s’en retournant pressés à Brocéliande pour tout oublier du ciel des nuits agitées d’étoiles filantes en forêt des Carnutes.
Au miroir des jours en fuite que nous traversons plus vite que nous le croyions et l’espérions, il peut arriver que notre visage pétri de misère humaine et richesses matérielles, traverse le tain fragile des apparences humaines pour laisser surgir dans l’obscure clarté de la nuit aux Caraïbes, les spectres de l’expérience de mort imminente, inquiétant, secouant et balayant celle de la Révélation divine, lorsque l’espérance des voeux perpétuels d’éternité vient frapper à la vitesse de la lumière brusquement et lourdement la porte de la Destinée. Rien ne ressemble plus alors à la réalité qu’un rêve, un cauchemar ou mille souvenirs surgissant accrochés à l’arbre de la Vie comme le Pendu colorié d’une carte de Tarot.
Nul ne sait l’heure, ce qui n’empêche pas de saisir Quid est Véritas, pour se lever tel le paralytique, et Orietur.
Quand autant en emporte Les feuilles d’ivoire
Commencées en avril 2021, alors que le coronavirus circulait, les Mémoires romanesques constituent le dernier des quatre piliers des Lettres et feuilles d’Ivoire, comportant un roman mémoriel achevé (Voyage aux Sources du monde), autrefois appelé le Cycle des lettres d’Ivoire, des chroniques en surnuméraire (A la Poursuite des lettres d’ivoire), et un ultime roman historial en reprise d’écriture (La Tempête).
Dans les Lettres d’ivoire, on repère les chapitres des Mémoires romanesques par le fait qu’ils sont rattachés à la vie d’un Manoir virtuel et que leur déclinaison sont plutôt répertoriées par la lettre O du sonnet des Voyelles de Rimbaud.

Quand le vent souffle aux Sables d’Olonne, il arrive que les feuilles les mieux accrochées aux arbres, tombent aussi.