Adieu à l’îlet Blanc

Depuis 1635 et l’ arrivée des premiers Français appelés à occuper l’île majeure de la Guadeloupe, les deux hectares de l’îlet Blanc dit aussi Caret, annonçaient la terre ferme du port de Sainte-Rose aux navigateurs dont certains pouvaient avoir franchi un peu moins de quatre mille miles nautiques loin d’ être une sinecure, voués aux vents contraires, aux tentations du diable et au salut du rhum.

Cinq siècles plus tard, l’îlet Blanc ne sera bientôt plus. L’une des plages les plus envoûtantes du monde est proche de disparaître, son banc de sable étant appelé à faire naufrage aussi assurément que le Titanic, l’ élévation du niveau de la mer faisant office sous les tropiques d’iceberg dissolu au banquet de Neptune.

Le plus désolant est que l’îlet Blanc était à la fête ce que jamais n’ a été et ne sera Paris à l’ esprit de la fête n’en déplaise à Hemingway. L’îlet Caret si proche du port était bien plus qu’une plage ou un lieu de festivités diurnes et nocturnes, mais surtout l’incarnation de la beauté naturelle, entre terre, mer et ciel, comme l’accomplissement d’ un rêve divin aussi pur qu’éternel : la restauration du paradis tel que Dieu le voulait à la création de la terre avant le septième jour, un lieu sans hommes, une terre sans hommes pour être précis.

Ces derniers hélas se sont emparés du rêve divin pour le détruire, et avec le naufrage en cours, c’est toute une certaine beauté naturelle du monde que les eaux engloutissent.  Il en sera fini de se baigner, se délasser, siroter, danser et bien plus encore, la vie est un rêve et l’îlet Blanc la scène d’un rêve de Dieu devenant cauchemar.

Une chose est sûre et certaine. Dieu n’ est pour rien dans le malheur des hommes: la disparition de l’Ilet Blanc sombrant dans les eaux troublées liées au réchauffement climatique nous le prouve chaque jour.

Au lointain, Terre sans hommes, l’îlet Blanc

Au fait, Terre sans hommes est le titre de l’un des tomes du Cycle des lettres d’ivoire achevé à l’ automne 2012, dont le tome 3 est paru en janvier 2013,. Un jour, peut-être, le moment viendra de tous les publier.

Orietur 245