Planteur à L’îlet la Biche

Un planteur fait maison savouré sur la plage sous-marine de La Biche, perdue en mer de la Caraïbe, est un petit bonheur à nul autre égal quand il suffit de tirer un bord, à condition d’y sacrifier une larme d’amertume a la perspective de la disparition à venir de cet îlot succombant à la montée mondiale des eaux maritimes.

La Little Beach n’est plus. La plage perdue au milieu de la mer n’existe plus, elle a disparu au cours des dernières années sous soixante centimètres à un mètre d’eau salée de notre grande tristesse, à laquelle s’accrochent des palétuviers rappelant la forêt marine du grand-cul de sac marin, qui fut aussi le premier nom donné à ces lieux dénommés plus tard, Sainte-Rose.

La Little Beach n’ est plus. Il nous reste le souvenir de cette terre submergée que nos pieds peuvent encore fouler quelques temps encore, et ce goût curieux de Picon amer qui revient en surface après avoir bu un planteur d’ une rare beauté qui nous rappelle à quel point depuis cinq siècles, le rhum n’ est pas qu’une eau-de-vie mais le tonneau de la survie des marins traversant les oceans, guérissant les corps et cette âme divagante de l’errance sur la mer confrontée aux puissances de la mort, à la recherche de l’Inconnu de l’ autre bord.

Little Beach reviendra pourtant en notre souvenir, au simple goût d’ un planteur fait maison aussi approximatif qu’il soit furtif dans notre memoire, telle une terre engloutie sur une carte marine, comme la trace légère de nos pas déposés sur le sable appelé à disparaitre au milieu du corail, barrière tout aussi fragile que plus tien ne peut sauver.

Chaque mer a ses héros légendaires. Steven, capitaine tirant des bords, est l’ un d’ entre eux,  Et  Antony en est un autre, qui assure l’essentiel: vivres et douceurs du rhumier.

Orietur, 244