Retour au-dessous du volcan

Vu de la station balnéaire de Sainte-Anne , paisible comme un Irlandais, le volcan de la Soufrière rythme et hante la vie des habitants du sud de la Basse-Terre, alors que l’ouragan Erin vient de passer en direction du nord-ouest de l’ Atlantique  vers les Grandes Antilles et les côtes sulfureuses de l’Amérique trompettiste.

Pour avoir lu Au-dessous du volcan une décennie avant de vivre quatre ans au pied même de la Soufrière, dans l’île de la Guadeloupe proprement dite dévastée par les impérities impériales d’une admiration coloniale à perpétuité, je peux témoigner du génie littéraire de Malcolm Lowry dont le livre enchanteur continu de hanter quarante ans plus tard tout vulcanogue qui se respecte.

Il est vrai que vivre sous un volcan qui gronde de tremblements imperceptibles, crache son venin de fumerolles et dégaze avec une régularité de métronome, n’incite guère à en chanter la beauté maléfique stupéfiante le jour, statufié la nuit. Si Dieu veut, nous y reviendrons en temps et heure interstellaire.

En attendant, plus nous plaît de prendre un bain en compagnie d’un Club des Cinq improvisé pour l’été aux tropiques, au rythme musical des quadrilles, boléros et polkas d’ antan lontan, resurgissant par le génie propre des îles de la Caraïbe en airs actuels respirant aux grandes ondes de l’éternité retrouvée.

Ci-gît illustré ci-dessus, en la plage de Sainte-Anne, l’image d’ un monde qui disparaît: un parasol colonial en simili cul-cul au ridicule dévastateur, une lignée de cocotiers aux racines basculées dans l’eau, luttant sans espoir à la montée mondiale inéluctable des eaux, effilocant les enrochements qui ne sont plus reliés à la terre pour la même raison ; et ci-et-là, entre ciel et terre, remontant du bassin de l’Amazonie, les Sargasses gazeuses équatoriales qui n’ont rien d »un air enchanteur tropical, viennent s’échouer en masse, sans répit aucun que la vitesse variable des vagues certes devenant marron aux vents mauvais.

Au lointain, vu de cette même plage de Sainte-Anne, Marie- Galante mon Amour, ultime refuge de la sincérité caribéenne.

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