Poésies du Déluge / Courage – Liberté (d5)

Courage – Liberté ( D5), est le premier chapitre du premier volume de Life On Mars, en cours d’écriture depuis plus un temps certain qu’un certain temps.

Ce premier chapitre a été commencé en 2009,  en même temps que  le premier chapitre du cycle des lettres d’ivoire comprenant 12 volumes rédigés entre juin 2009 et juin 2013.

Mais si la publication du premier cycle est intervenue en univers numérique, il est envisagé pour le second une éventuelle édition en univers Gutenberg, s’il arrivait qu’un jour un éditeur se manifestât, ne pouvant pas y consacrer le temps necessaire, ayant de surcroît une préférence absolue à l’écriture qui est plus tonique, neuronique et bien moins pénible.

D5 donc, reprend mot à mot le premier chapitre du premier volume du premier cycle des lettres d’ivoire dont la mise à disposition du public est intervenue en janvier 2013 aux éditions Luxia, sous le titre Itinerario, pour la modique somme de 5,45 € à ce jours via la plateforme Amazon [Merci Amazon !].

Pour l’essentiel, le premier volume de Life On Mars reprend la méthodologie géodésique d’une partie d’échec utilisée pour Itinerario, à la différence que le tablier n’est plus celui d’un jeu délaissé de 64 cases, mais le damier de 100 cases du nouveau jeu echiquéen Chaturanga, comportant 40 pièces au lieu de 32, susceptibles d’être 160 en univers des quatre damiers et quatre joueurs, et donc un damier de 400 cases, de quoi être un peu plus tonique pour les neurones, pour devenir un jeu de 16 damiers en équipages.

Quant à la rédaction du premier chapitre de Life on Mars, deux modifications principales ont été apportées : l’ introduction  de Magellan rappelant le navigateur, qui remplace Damiano, du nom du célèbre joueur d’échec figurant dans le cycle des Lettres d’Ivoire ; et Mars qui se substitue à l’office à Damiano s’y rendant alors que dans Life on Mars, ile chanteur quitte l’office pour aller se promener.

Et donc, avec deux changements, tout le récit du premier chapitre est pulvérisé par rapport à la version première, une subtilité typographique de début de vers au long du chapitre permettant de découvrir la césure du récit, ce en quoi le français est une langue d’exception, tel un Cheval de course lancé au galop d’un langage étalon.

A noter encore que si le premier chapitre d’Itinerario était rédigé en prose, celui identique de Life on Mars est un poème versifié qui raconte l’histoire d’un homme sortant de prison bien destiné à se rendre sur Mars, pour emprunter la route universelle de toute histoire, celle de la vengeance, du sacrifice et de la miséricorde.

Enfin, le tout – tout début du roman emprunte pour la quatrième, dernière et première fois :

J’ai déposé le manuscrit qui me tombait d’ennui

L’heure du thé approchait

Avec une cuillère en fer blanc et du sucre roux

Troublant notre lassitude dans une tasse

Il me restait à patienter.

On a frappé à la porte

Les écrous ont grincé

Le gardien

Un grand chauve noir

Est entré

Il a crié

Je me suis levé du lit

J’ai refermé un livre

sur l’oeuvre de Chateaubriand

Ecrit par l’académicien Fumaroli

Ramassé les affaires qui traînaient

Le gardien a fermé bruyamment la porte


J’ai suivi le maton dans le couloir

Un gars sympa

Costaud Cool 

Roucoulant

Spécialiste des clefs au bras

Pour maîtriser

Les détenus récalcitrants

C’était un ancien basket-balleur

Faisant vite comprendre

Qu’il n’était pas question

De lui marcher sur les pieds

On a franchi une première grille

Une deuxième grille

Et une troisième

gardée en permanence

Toujours dans le même bâtiment

Et à chaque fois

Tirées du trousseau accroché à sa ceinture

Le bruit des lourdes clefs dans les serrures

Pour franchir

Les portes de l’enfer

Renforcées par du grillage

Je me suis retrouvé à la loge

Située au cœur des couloirs

Rayonnant en étoile

A partir du poste central de garde

Le gardien m’a désigné une de ses collègues

qui m’attendait

croisée en plusieurs occasions

Dieu m’en garde

très jolie

dans son uniforme impeccable

une gravure de mode

qui ferme

les portes de fer

jusqu’aux ongles peints en vert-de-gris

elle m’a souri en me disant

doucement

comme avec une pointe de regret

vous ne serez pas resté longtemps parmi nous

les surveillants d’origine insulaire ont gardé leur vie là-bas dans les îles

mais à la colonie pénitentiaire, ici, se trouve leur archipel


la mulâtresse Solitude

est entrée dans la loge  tenue par un Réunionnais,

appartenant elle – aussi

à la grande famille des gardiens

venus des tropiques

elle a cherché des documents

trouvé une liasse de feuilles

sous d’autres papiers fourbus

elle les a pris

vérifiés d’un coup d’œil

pour me les tendre ensuite

signez en bas

ce sont les formalités pour votre libération

J’ai commencé à vouloir lire cette paperasserie

Inutile

vous n’en avez pas la faculté

dit-elle sèchement

vous perdez du temps

Tout est organisé

dans dix minutes

pour la nuit

Si vous n’avez pas franchi

le sas de sortie

J -e vous garde aussi

continuant

en souriant toujours doucement

Elle avait un beau visage ovale

à l’expression avenante

des tresses fines

soigneusement rangées

sous le képi

avec une mèche envahissante

dépassant de la visière

la coquetterie tropicale continuait de s’affirmer

derrière les barreaux en toutes circonstances.

J’ai parcouru les premières lignes

curieux de tout

Nom : COURAGE
Prénoms : Amon Chris Piers
Né le : 21 juin 1970
Matricule : T11PL59V11


je suis allé en bas de la première feuille

j’ai signé une fois deux fois trois fois

transmis l’ensemble

à

Elle a détaché le deuxième volet de la liasse

me l’a remis

toujours en souriant

je vous accompagne

pour que vous puissiez franchir

les portes

le plus vite possible

Il y a beaucoup de portes à franchir

Cela ira plus vite

On a emprunté un premier couloir puis un deuxième couloir

franchi une grille puis une autre

avec à chaque fois un gardien en poste

On est tombé

sur une première cour

dans laquelle donnait les bureaux

un mur d’enceinte

un premier sas

un second sas

un deuxième mur d’enceinte

au moment de franchir une porte

elle a échangé des banalités

avec l’un de ses confrères

j’en ai profité pour observer

ma libératrice

discrètement

elle avait un très beau profil

une belle peau fine

un buste d’autant plus altier

que l’on sait qu’un homme

en cette occasion

ne manque pas de scruter

arrivés à l’ultime porte

nous étions devenus intimes

dans le silence des pas menant vers la liberté

Je ne vous souhaite pas bon courage

je crois qu’il y a quelqu’un qui vous attend

de l’autre côté de la rue

dans une voiture

pas banale à conduire

(vrai)

alors, bonne chance

merci merci merci

pour tout

Poursuivant

tendant une main ferme

serrée sans conviction

on s’est regardé une dernière fois

un lien invisible

noué dénoué et renoué

et je suis sorti dans la rue

de l’autre côté

effectivement

il y avait

garé sur le trottoir

et

qui m’attendait

mâchonnant

comme plantée au milieu de la route

venant à moi

sereinement

fredonnant

joyeuse

sourire aux lèvres

yeux rieurs et chaleureux

tout

J’ai pris le mot

Il y avait un numéro mobile

et un prénom