
Cette gravure qui date du 19ème siècle représente le château fort de la ville d’Angers surplombant la Maine qui traverse la capitale de l’Anjou du nord, en amont, au sud, en aval, pour se jeter dans la Loire à hauteur du lieu-dit la Pointe, après avoir délaissé les rives du bourg de Bouchemaine la bien-nommée.
Si la marine à voile a fait son temps, les environs du château ont peu changé en dehors de la construction notable du pont de la Basse-Chaîne au pied du château, qui s’effondra peu d’années après sa construction, dans le fracas des armes d’un régiment défilant au pas.
Le clocher de l’église Saint-Laud et les flèches de la cathédrale Saint-Maurice continuent de délimiter le coeur de la vieille-ville dominée par une succession de nuages en provenance de l’océan pour traverser la France d’ouest en est, sans regret pour les pluies fréquentes qu’ils déversent sur les plus beaux jardins horticoles de France, tout au long de la vallée ainsi arrosée de la Loire, dont le lit pourtant est régulièrement aussi triple sec que la liqueur du même nom.

Il n’y a pas que le château du roi René et les rives de la Maine qui soient pittoresque en Anjou, la province ducale peut aussi compter sur un certain savoir-faire en matière de raisin, pomme, poire et prune, zeste d’orange, tranche d’ananas, billes de mûre, framboise, groseille et cassis qui font que le Triple sec est une légende royale mondiale sans oublier Cointreau, Guignolet et autre Soupe angevine provenant des sillons des vergers et de la vigne qui abreuvent les gosiers méritants aux jours de Gloire.
L’Anjou peut compter sur les établissements Combier à Saumur ainsi que sur Giffard et plus encore Cointreau ainsi que quelques autres distilleurs plus secrets, pour propulser pomme, poire et cerise au firmament des saveurs enivrantes. On peut rapidement en oublier que les fruits des vergers ne terminent pas toujours en compote enfantine, ils ne comptent pas que pour des prunes face aux grappes de la vigne récoltées l’automne tout au long de la vallée de la Loire depuis Sancerre jusqu’à Ancenis, remontant le long des vallées creusées par les rivières qui se jettent dans le fleuve assoupi l’été comme un chat sous une tonnelle.
Dans cet univers royal, Il n’y a pas que des moulins vendéens dominant de leurs ailes vengeresses la campagne angevine, il y a aussi de valeureux pressoirs aux fleurs de Lys…
Une chose est sûre en Anjou, le bonheur est plus dans le fût que dans le passé récent des deux derniers siècles. Les guerres y ont dévastées les familles bien plus sûrement que l’alcool et les suicides qui longtemps ravagèrent les campagnes bocageuses et vinaigrières.
Les républiques guerrières y ont laissé de fort mauvais souvenirs, les paysans ont payé une monstrueuse ardoise qui ne correspond pas à l’extrême légèreté des récits héroïques vantés dans les manuels d’histoire officiels qui oublient toujours combien les Chouans, Vendéens et les Poilus de 14 ont soldé un lourd tribut humain à la folie guerrière qui, de 1789 à 1945, a peuplé les cimetières de croix, ifs et fosses communes du malheur osseux, quand ce ne sont pas le fleuve, les rivières, rus et ruisseaux qui ont englouti des êtres humains par milliers. Il n’y a rien de glorieux dans les guerres, que du malheur au Genre humain et damnation pour ceux qui les provoquent.
Le bourg d’Entrammes proche de Château-Gontier au nord de l’Anjou historique le nous rappelle, charriant encore os et squelettes des victimes d’une bataille illustre passée sous silence, l’ultime grande victoire des Vendéens et Chouans appelés à disparaître des livres d’histoire si Dumas, Hugo et Balzac n’étaient pas intervenus par leur immense talent à ressusciter des morts oubliés de ces siècles illustres, toute la beauté d’un monde disparu avec les mille cinq-cents ans d’Histoire passés par la lunette ruisselante de sang de l’atroce guillotine républicaine.
Nul ne peut ignorer que les Hommes ne sont responsables que de ce qu’ils font mais non de ce qu’ils sont, quels qu’ils soient et comme ils sont, là est le principe absolu du respect de la liberté inhérente à chaque être humain.

(* Ecr – en cours de rédaction / A suivre, un jour ou l’autre)