
Cinq siècles plus tard, il est difficile d’imaginer ce que fut l’arrivée des premiers Européens en Guadeloupe sur une terre inhospitalière occupée par des Amérindiens depuis un bon bout de temps se comptant en milliers d’années et qui vivaient de la pêche, la chasse et la cueillette.
Les précédents occupants étaient aux antipodes des nouveaux arrivants dont le savoir-faire était fondé sur l’exploitation de terres agricoles pour l’élevage et les cultures, et un art consommé du crime et du vice. La confrontation inéluctable tourna à l’avantage des derniers venus.
Armes et maladies virales aidèrent fortement à prendre l’ascendant qui n’aurait certainement pas été acquis sans le recours à l’ esclavage pour pallier les faiblesses physiques des premiers Européens débarqués avec des contrats de travail à terme aux fins de rembourser la traversée et leur installation sur des terres conquises par la ruse, la force et la violence.
Cinq siècles plus tard , la traversée du grand-cul-de-sac marin ne nous rappelle pas simplement l’inhospitalité des lieux, loin des clichés du paradis perdu. Les racines entremêlées des palétuviers plongeant dans les eaux marines, organisent un camp retranché imprenable en dehors de remonter les cours d’eau vers des forêts tropicales et de montagnes volcaniques tout aussi inhospitalières, qui occupent l’essentiel des terres.

En vérité, rien n’ avait été prévu pour les hommes sur l’île de la Guadeloupe. Pas plus que sur terre ou mer de manière générale.
La terre est vaste d’océans et fleuves, montagnes et déserts, forêts inextricables et glacis, pics et sommets. Rares sont les terres exploitables. Et pourtant, l’homme réussit depuis toujours à s’accrocher au moindre trou d’ eau, s’enfonce dans les troglodytes et peut creuser des galeries souterraines où s’y réfugier, dans les lieux les plus inattendus, poursuivant un apprentissage sans fin qui se compte en centaines de milliers d’années.
Il n’ empêche, seulement cinq siècles après avoir domine les océans, voici que les hommes filent vers les étoiles, rêvant d’ une nouvelle terre sans hommes, pour tourner sans compter autour de planètes et ne plus mettre les pieds dans le sable, s’enliser dans les marais, pour se trouver pris au piège d’une mangrove insatiable ou de torrents imprévisibles sous un volcan à la patience infinie.
Il se peut qu’ils aient ainsi raison : comment pouvons-nous prévoir un siècle à l’avance cette histoire charbonneuse de réchauffement climatique qui bouscule la vie sur terre dans ses entrailles les plus secrètes et démoniaques ?
Clairement, a en croire l’histoire de la Creation racontée dans le livre de la Genèse, Dieu ou le Grand architecte ont été pris de court au Sixième Jour destiné aux animaux domestiques et reptiles, dévorant leur temps libre à multiplier les espèces avant de concevoir l’Homme et la Femme, s’y épuisant en approximations physiologiques et physiques, pris de vitesse inhumaine pour fignoler le cerveau, se retrouvant pris de court pour au septième Jour et à la vingt-cinquième heure, être contraint de laisser l’ouvrage en l’ état à plus ignorant, médisant, expert en cruauté.
L’ homme n’ était tout simplement pas dans les projets divins, ce qui explique beaucoup de choses, comme la venue du Christ par exemple,
Il demeure une évidence cependant, peu rassurante. Une terre sans hommes se porterait mieux. Nul ne sait ce qu’il en sera, en vérité. Heureusement, les miracles existent, mais par nature, ils sont imprévus et ne peuvent entrer dans l’équation.
En attendant, visiblement, le Créateur a oublié des palmes pour les Humains, qui leur auraient permis de traverser la mangrove sans histoire.
Encore que l’homme avec des palmes au pied du palmier s’ en trouve fort marri pour affronter les dévastations en prenant de la hauteur, quand les tremblements de terre, cyclones et éruptions volcaniques surviennent.
Probablement que le Créateur ne voulait pas faire de ces iles, un paradis retrouvé pour une éternité à terme échu. Ce en quoi, il a raison : les paradis ne figurent que sur des cartes postales appelées à disparaitre maintenant que les réseaux sociaux se mêlent et s’emmêlent de tout.

Orietur, 245