« Seul est mien le pays qui se trouve dans mon âme » (OSSE, 00.01)

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Voici une chronique de l’Auteur virtuel  dont la version initiale date de 1985, publiée pour la première fois en janvier 2015, à l’ouverture du site internet le Livre d’une Vie, passée alors inaperçue, issue du souvenir de la visite au printemps 2013 de l’exposition « Entre Guerre et Paix« , consacrée à l’oeuvre de Marc Chagall au musée du Luxembourg, en compagnie de Jean, atteint de « petits troubles de la mémoire » pour reprendre son expression, qui allaient prendre au fil des années le Chemin du retour.

Cette chronique pressentait le désastre imminent, appelant au secours les mânes de Blaise Cendrars et Marc Chagall, pour que tout demeure entre art et poésie, musique et souvenirs, la vie, quoi !

[ En page de garde : Exposition Chagall au musée du Luxembourg, au printemps 2013 ]

A partir de la seconde version mise en ligne en janvier 2015, voici le texte retravaillé consacré aux vitraux de Marc Chagall visibles à Metz et Jérusalem. Il est devenu au fil des ans, le premier chapitre de « SS Normandie Inquiry » qui en comporte à ce jour soixante-quatre.

Ce sont douze années d’investigations vertigineuses dans la mémoire des Hommes dont le récit rend compte. Ces années dites de « l’enquête normande » donneront lieu à publications fragmentaires pour être rassemblées en un seul livre, sur le site des Lettres d’ivoire. Un synopsis est aussi prévu à disposition d’un ou plusieurs réalisateurs de bonne foi, sachant qu’au regard de la confidentialité des données, l’Auteur virtuel veillera tout particulièrement à se réserver parties des droits dérivés, de suite et d’usage, aux fins de respect de l’esprit du livre, conformément aux lois en vigueur sur la protection des droits d’auteur sur le territoire Français et dans le monde entier. Peut-être même  l’auteur virtuel est-il susceptible d’exprimer un souhait spécifique, hors le voeu de silence perpétuel, celui d’exprimer comme un appel d’air à l’un des meilleurs réalisateurs de cinéma ou séries en ce domaine qui est l’expression fugace à l’échelle de l’humanité de « toute la douleur du monde« . 

Et maintenant, C’est à toi que je pense Marc Chagall, l’enfant de Vitbesk, qui pourrait être de Noirétable, Morannes, Emerainville ou Véretz. Personne d’autre que toi n’est capable de témoigner avec autant de lyrisme pictural, que Dieu entoure toutes choses et pénètre tout.

Et Voici, en cette nuit, que ma mémoire est en feu : je me souviens du jour lorsque de petits nuages tournent, se dissipent, se fondent. Je ne sais si la route elle-même prie et si les maisons meurent, mais tu rends évident que le ciel passe de tous côtés.

OEUVRE

Fresque de Marc Chagall pour le plafond de l’Opéra Garnier à Paris, 1964

Le poème Pâques à New York écrit par Cendrars nous demande :

Où sont les longs offices et où les beaux cantiques ?

Où sont les liturgies et les musiques ?

Où sont tes fiers prélats, Seigneur, où tes nonnains ?

Où l’aube blanche, l’amict des Saintes et des Saints ?

Ils sont ici, Blaise, ils sont là, devant toi, dans les vitraux réalisés par Marc Chagall, ton ami peintre, qui écrivit : Seul est mien le pays qui se trouve dans mon âme.

[ Au fait, qui d’autre qu’un poète tel que toi, Blaise, pouvait encore se préoccuper de sauver la nonnain que Pierre de Ronsard évoquait en 1555 : Contrefais-tu la nonnain. Dedans un cloître enfermée ?]

Ami lecteur, si tu passes à Metz, arrête-toi admirer les vitraux de la cathédrale, que Chagall a réalisé en 1958, lui qui confia : je ne peux pas prier, je travaille seulement. And North Face, stupéfié par la splendeur de ces  vitraux, priez pour lui, priez pour nous, pour tout ce qu’il nous a donné, qui ne sont pas les lumières de la Bible ou sa beauté énigmatique, mais la Bible elle-même, car nul mieux que lui ne sait nous retransmettre la simplicité du récit biblique : chaque couleur doit encourager pour prier.

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Et si d’aventure, ami lecteur, tes pas te conduisent sans trembler en la Jérusalem céleste, laisse-toi emporter où Marc Chagall a trouvé à la fois la lumière et la terre, la matière, son talisman organique pierre angulaire de la mémoire des hommes.

C’est en la synagogue du centre hospitalier de l’université hébraïque Hadassah à Jérusalem, dans le ciel de Judée, que s’élèvent les douze maisons de verre bénies, chaque jour,  par les rayons du  soleil, figurant les douze tribus d’Israël, à qui Dieu donna le pays de Canaân.

Je veux toutes les nommer pour me remémorer les couleurs dominantes :

Ruben, bleu azurin, saphir

Siméon, sang du taureau immolé

Lévi, l’or sur la terre

Juda, à qui obéiront les peuples, au midi du monde

Zabulon, au bord de la mer, au temps des moissons

Issacar, âne vigoureux, couché au  milieu des étables

Dan, serpent tellurique sur le chemin qui dispense mort et vie

Gad, qui détrousse les détrousseurs, sang répandu au milieu de la vallée fertile

Asher, pain savoureux, équilibre du monde

Nephtali, biche en liberté qui donne de beaux faons, jaune du nouveau soleil

Joseph « à lui la gloire », aux couleurs aériennes et légères, jaune, bleus, rouges, verts

Benjamin, loup rapace, bleu des sources originelles.

Les 12 maquettes des vitraux d’Hadassah à Jérusalem

Je vous dirai un jour comment les visites en la synagogue du centre hospitalier Hadassah à Jérusalem  en 1985 et 2011, ont inspiré mon œuvre, y apercevant ici un cadran solaire, là une sphère céleste, qui, en l’esprit matérialisé par la lumière, nagent dans les eaux de la Vie, au milieu des malades qui souffren : La beauté seule peut sauver le monde et guérir les hommes.

C’est là, à vingt-six ans de distance que j’ai trouvé ma couleur, ma tonalité littéraire et enfin, le théorème littéraire, frêle esquisse d’un nouvel ordre de liberté et paix universelle, frégate du destin qui s’appelle Europe.

Chagall nous dit : Regardez Rembrandt, regardez Chardin, regardez Monet, chacun a sa chimie.  En écriture comme en peinture ou en musique, il n’y a pas de gribouillage, de dessin ou de portée, mais de la lumière, une œuvre qui se lève dans toute sa plénitude avec les premières lueurs de l’aurore, les Promesses de l’aube, qui deviennent lumière au milieu des  tourments et des angoisses que l’on apprend à maîtriser par une longue vie de travail entièrement dédiée à faire ressortir du néant, de la noirceur et des ombres transportées, la lumière de l’esprit qui nous emporte.

Les vitraux de Chagall à Hadassah

Et si vous doutez que c’est bien ainsi que cela se passe, écoutez Marc Chagall parlant d’un quintette de Mozart, le « divin Mozart » : Où Est-ce qu’il a déniché ça ?  Quelqu’un lui a chuchoté ça… chante ça… et il chante, il écoute la dictée des anges… ce n’est pas donné à tout le monde ça, il fait tout ce qu’il veut, à droite, à gauche… ça marche, ça marche.

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Apprenons en admirant les vitraux de Chagall à écouter et murmurer la dictée des anges, qui permet d’accéder toute la lumière du monde. Ce n’est pas une question de palette de couleurs, de technique ou de plombs mais un don, le don de la Vie puisée aux sources du monde entier :

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