
Il est où le bonheur ?, demande avec tant d’insistance un chanteur qu’on finit par désespérer qu’il ne cesse de continuer à vociférer à longueur de tempo incertain sa rengaine.
C’est que le bonheur n’est pas facile à atteindre de nos jours. Il suffit d’aller dans le métro ou la rue pour voir l’étendue du malaise. cigarettes, drogue, mobiles , écouteurs, applis… plus personne ne sifflote.
Et pourtant, pour vivre just at time le moment présent, rien de plus simple, il suffit de :
– Mâcher de l’herbe pour humer que le bonheur est dans le pré plutôt que dans les vapeurs de khat;
– Dévorer des tartes aux myrtilles tout en évitant d’en prendre;
– Savourer un melon de Cavaillon sans gonfler d’orgueil provençal;
– Plonger dans un clafoutis pour des queues de cerise;
– Déguster une compote de pomme sans récolter de pépins;
– Courir devant une pierre de feu qui roule sans ramasser de mousse au ponton de la dernière chance avant le grand saut de lave dégoulinante du ragoût de volcan;
– Débouler sans crier (sur un quai de) gare un jour de grève des contrôleurs, conducteurs ou grincheux aux aiguillages;
– Parfumer aux Lilas sa carte de métro Navigo pour tromper la vigilance du poinçonneur endormi dans un cercueil de fer;
– Crier merde à la gare de Waterloo en brandissant un sabre en bois à l’ effigie impériale;
Car, chaque vie mérite son heure de gloire posthume.
Mais entre-temps, et pour celui ou celle qui ne l’aurait pas rencontré, ce foutu bonheur universel, il reste à se rendre au Panthéon cracher sur les tombes au nom des Grands Hommes illustres dont certains peuvent y demeurer à force de s’égarer :
« Je la renversai sur le divan et j’arrachais le devant de sa robe. Elle se débattait comme un beau diable. Ses seins jaillirent de la soie claire.
– Lâchez-moi. Vous êtes une brute !
– Non, dis-je. Je suis un homme ».
Mais pour les autres, il reste encore possible de :
– débusquer un chevreuil au volant d’une chevrolet ou bien d’un mustang, et aveugler un cerf au milieu de la route une nuit de pleine lune;
– Et toujours, laver sa chemise dans un torrent en compagnie d’un raton-laveur;
– Jongler avec les chiffres pour taquiner la dette comme un goujon;
– Jouer au 421 avec des dés d’îles flottantes en les jetant à la mer d’un paquebot, de préférence une nuit d’hiver sur le pont du Titanic ou à quai dans les soutes du Normandie;
– A moins de lézarder au soleil à l’ombre d’un olivier avec les lavandières en pays de lavandin.
Car il est mille façons d’être heureux quand pour trouver le bonheur il suffit d’aimer, aimer autrui. L’Amour sauve.

Au port de Deshaies, le 27 août, au soir d’une vie.
Orietur, 242