Mémoires romanesques

Alors que nous commençions à rédiger au fil de l’eau et publier simultanément nos Mémoires romanesques intitulées : Orietur, il nous revient avoir dans le passé, attaqué plusieurs chapitres dont l’un intitulé Quai des damnés, à la recherche d’une méthode de composition, mêlant la mer allée avec le soleil, romanceros mêlés aux souvenirs, imagination fondue dans la réalité en une sorte de travelling picaresque.

Quai des Damnés justement, prend appui sur un passage des Proses évangéliques d’Arthur Rimbaud, oeuvre méconnu du poète de Charleville, Beth-Saïda :

Le Paralytique se leva, qui était resté couché sur le flanc, et ce fut d’un pas singulièrement assuré qu’ils le virent franchir la galerie et disparaître dans la ville, les Damnés.

C’est au fond, ce qui est arrivé à l’auteur virtuel, le 18 août 2024, vers vingt-trois heures, quand il se releva du siège du conducteur où il s’était retrouvé bloqué, braqué au paradis par deux crétins mineurs, pistolet braqué sur la tempe, une mésaventure nickel mortel, dont on se relève en commençant par se poser une question : Pourquoi moi ? Peu importe d’être pris pour un touriste devant la maison familiale,, en vérité, ce qui compte est de toujours figurer parmi les vivants, encore un peu.

Et Orietur remplace désormais un précédent titre égaré dans de vagues souvenirs neuronesques, Des choses que l’on n’oublie jamais. A l’ère numérique, on n’écrit plus comme autrefois à la plume d’oie, sur une vieille machine à écrire Remington ou avec un ordinateur utilisé à pourlécher un manuscrit grotesque destiné à un éditeur grassouillet, qui sera retourné à l’expéditeur avec la mention : n’habite plus à l’adresse indiquée.

Il faut inventer des récits de notre temps qui autorisent le lecteur à entrer ou non dans la tête de l’Auteur virtuel ou plutôt qui laisse à Franche pistole, la possibilité au lecteur de s’égarer avant liquidation générale. Alors, tant qu’il est possible, prenons des risques, soldons un peu d’imagination et inventons le roman et les mémoires tissés au fil de la plume virtuelle. Commençons par boire un café d’Ethiopie, Abyssinia oblige, dans une tasse du service en porcelaine de Limoges soustraite du paquebot Normandie avant qu’il ne se coucha pour de bon.

Et rêvons un moment, une dernière fois, que nous traverserons l’Atlantique autrement qu’en avion, sur un paquebot de ligne à trois cheminées, comme dans le bon vieux temps, si tenté qu’il y eut un bon vieux temps, tant qu’il existe des souvenirs abandonnés aux anges dans les nuages.

Pour ne pas déroger au principe de l’auteur virtuel de n’écrire toute sa vie qu’un seul livre toujours recommencé, après réflexion, Des choses que l’on n’oublie jamais trouvait déjà autrefois sa place dans Roman d’espoir, se substituant à un livre imprévu qui s’intitulait l’Or du matin, passé aux oubliettes, appelé, peut-être à ressortir un jour du cachot pour retrouver le soleil sous une ombrelle.

Et ce jour, est venu, c’est aujourd’hui, le dimanche 6 octobre de l’an 2024, veille du premier anniversaire d’un pogrom ponctuant la tragédie sans fin vécue par le peuple de la Bible.

#enquête #Afrique #Ethiopie : Le Négus - Kapuscinski Ryszard. Au fil des témoignages bruts et fascinants recueillis par le reporter, apparaît un monde insoupçonné: un monde sans justice où la délation et le pot-de-vin sont des vertus cardinales; (...); un monde violent où un simple mot vous fait déchoir des salons aux oubliettes. Portrait saisissant du Négus, ce livre démonte le fonctionnement d'un régime arbitraire, absurde, démesuré -jusqu'à sa chute.

Loin des images pieuses véhiculées par les Rastas, le livre consacré au Négus, de Ryszard Kapuscinski qui est aussi l’auteur d’Ebène, décrit un régime arbitraire, absurde et cruel qui explique en partie la violence constatée lors de la chute d’Haïlé Sélassié, et par la suite, depuis cinquante ans.

A ce moment, cet ancien projet croupissait dans les bas-fonds, attendant des jours meilleurs. La substitution est si parfaite qu’Et Orietur va reprendre l’intégralité du sommaire prévu pour l’Or du matin, à un mot près, d’importance : paquebot remplace pirogue, dans l’un des titres des mémoires romanesques.

normandie à new york

Le Normandie à New York

Voici dons le sommaire. On y retrouve tous les principes d’organisation de l’écriture développés à l’infini, une structuration fondée sur la théorie des jeux et des Six âges de la vie déjà évoqués dans de nombreux récits et chroniques : les six âges de la vie constituent l’infranchissable horizon de la mémoire vivante au-delà de laquelle on ne peut que s’en remettre aux témoignages écrits ou accepter les incertitudes et approximations de la transmission orale des faits.  

 Il ne reste donc plus qu’à rédiger trente-deux chapitres ; enfin, pas tout à fait : plusieurs sont déjà écrits sur le site des Letttres d’ivoire orchestré par Cervières.

Le premier chapitre est déjà écrit, c’est tout simplement le chapitre introductif de L’or du matin recyclé autrefois dans L’enquête normande et ailleurs: on reprend les mêmes et on recommence, ou l’art du roman durable à l’ère du recyclage : ce sont dans les vieux pots et les casseroles cabossées que l’on fait la meilleure cuisine.

Normandie

Et si vous demandiez à l’auteur virtuel de quoi il était question dans L’enquête normande, il vous répondrait qu’il n’en sait fichtre rien à l’heure actuelle mais que l’ouvrage aurait pu commencer ainsi  :

Il y a 80 ans, en mai 1935, le paquebot Normandie quittait les chantiers navals de Saint-Nazaire pour débuter sa carrière sur la ligne Le Havre – New York… 

 Sauf  que ce début plutôt serait celui d’un reportage alors que pour sa part l’auteur virtuel écrit principalement des romans accompagnés de souvenirs, d’articles ou chroniques parfois éloignés de l’intrigue, mais qui toujours célèbrent l’imagination romanesque.

Il ne serait d’ailleurs pas seulement question du Normandie, on n’est pas dans une enquête d’Hercule Poirot, hélas pour le lecteur ! Il y serait aussi question du Négus et de Rastaquères, de Montmartre et de saint Lô, d’enluminures et de gravures anciennes, allez savoir pourquoi. Et de Baudelaire, de Rimbaud et d’Apollinaire pour garantir le succès : un roman français sans références littéraires, c’est comme un cycliste sans vélo, on n’y croit pas. Et puis, sans Rimbaud avec ses voyelles lumineuses, le paysage s’obscurcirait.

La Mère Catherine, Place du Tertre, Montmartre

La Mère Catherine, à la place du Tertre, Montmartre

Voici donc, aux dernières nouvelles, le sommaire d’Orietur, affranchi de toutes certitudes.

« Le soleil s‘est noyé en son sang qui se fige », Baudelaire      

Titre 1   Les dés              

• 1, a noir, l’éperon rocheux

• 2, e blanc, vallon du ciel

• 3, i rouge, sillon de l’écume

• 4, o bleu, galion azur

• 5, u vert, ballon sur l’océan

• 6, Y pourpre, rayon solaire

Titre 2 : le Bestiaire                                     

• Le héron noir

• Le léopard des neiges

• L’ibis rouge

• Le bel ara bleu

• L’iguane vert

• Le loup puissant

Titre 3  : regarde, regarde, Arlequin sur le paquebot !          

• Les hippocampes noirs

• Soleils d’argent

• Le ciel rougeoyant

• Immobilités bleues

• L’eau verte

• De longs figements violets

Titre 4  Les phares

• Fleuve d’oubli

• Miroir profond et sombre

• Triste hôpital

• Lieu vague

• Cauchemar

• Lac de sang hanté

Titre 5  Où les routes sont tracées                                        

• L’enveloppe noire

• Le jardin d’agonie

• La rose de porcelaine

• Le jour n’est plus, là près du gué

• La Reine de la nuit terrible

• L’Ancien et le Nouveau Monde

# Au jour de la mort du Roi

A Dieu, au Seigneur, par l’Esprit 

« C’est par l’Esprit que l’on va à Dieu » (A. Rimbaud)