L’hiver est arrivé, sans neige. Le père Noël a abandonné son traîneau et ses rennes pour une fourgonnette électrique : « Good cop ou bad cop » peu importe, c’est à l’homme de s’adapter à la réalité en évitant de croire que le climat sera un jour bénéfique pour l’homme, sécheresse, inondations ou ouragans, le climat fait ce qu’il veut, il ne signe aucun protocole sous la contrainte des ultimatums humains.
Toujours est-il que la neige se fait attendre en cette période de fin d’année où les enfants aiment avoir rendez-vous avec elle. Même à Bethléem il peut neiger les années de recensement. Comme dirait Lagardère, si la neige ne vient à toi, rend toi à la neige. Le problème, c’est de savoir où aller pour la trouver. On peut lire ou relire Au pays de Neige de Kawabata, mais il n’est pas magicien au point de faire tomber des flocons de son livre ou indiquer où se rendre pour en trouver.
Au cours de l’année passée, l’auteur virtuel a proposé plusieurs lieux où rencontrer de la neige naturelle sur la planète.
Le plus tentant est de se rendre aux îles nuageuses, chez les manchots royaux. La manchot est à l’homme ce que le trapèze volant est à l’unijambiste au cirque, un bon compagnon d’infortune, organisé et toujours volontaire et téméraire pour les expéditions les plus risquées, un aventurier dans l’âme. Mais attention, en se rendant aux îles nuageuses à ne pas confondre neige et sable et se retrouver sur l’île aux esclaves ensablés, on risque d’attendre longtemps un cargo de passage.
Se rendre au Canada, dans cette belle province du Québec est aussi tentant. Mais Chicoutimi et ses peuples amérindiens est une terre lointaine pour ceux qui ne disposent pas de beaucoup de temps pour voyager. Ce sera pour une autre année.
Qua à la Russie, ce serait tentant de se rendre sur la place Rouge avec Nathalie notre Guide, mais d’abord cette année la neige a déserté Moscou ; ensuite, on risque de tomber Vladimir le Magnifique qui aimer bien jouer au hockey sur glace. L’ennui est que Vladimir n’est pas bon perdant, c’est un bon spécialiste pour vous écraser contre les rambardes en acier protégeant les tribunes et vous faire avaler le palet, oublions la Russie cette année.
Il est aussi tentant de se rendre en pays de Vikings, là où les harengs marinent. Mais nous avons nos vikings, il suffit de se rendre sur leurs trace en Normandie ; ou bien d’aller admirer leur ivoire à la National Gallery, sans compter qu’il est toujours chaque année de participer à ces beaux concours de mangeurs de harengs, une compétition d’excellence vieille de huit cens ans.
Oublions aussi les Vikings. Il y aurait bien Jérusalem, mais il n’y neige pas chaque année, ce sera alors pour l’an prochain. Ou encore l’Arménie, ses monastères et ses khatchkars, sans oublier l’arche de Noé à retrouver sur sur le mont Eravan ; mais cela risque de prendre pas mal de temps à considérer le temps déjà pris à la retrouver, sans succès à ce jour.
Reste l’Ethiopie ! Mais le chemin le plus court pour s’y rendre passe par le monastère d’église éthiopienne sur le toit du Saint Sépulcre à Jérusalem, sans assurance d’y retrouver de la neige.
Il y aurait bien la possibilité de faire une croisière, de voyager sur un paquebot tel le célèbre Normandie, mais depuis le Titanic en 1912, les icebergs l’hiver sont plus fréquents que la neige sur les routes maritimes polaires. Il faut y r à deux fois, ne pas oublier son gilet de sauvetage et réserver sa place dans la chaloupe. Le mieux est d’y séjourner en permanence avec les inconvénients de dormir à la belle étoile et en définitive de payer cher sa place! Et puis ce n’est pas tous les jours qu’on peut discuter sur la passerelle avec un authentique maharadjah.
L’Inde justement, rien de mieux que l’Himalaya et ses neiges éternelles pour satisfaire l’ambition de marcher dans la poudreuse. Mais l’ennui, c’est qu’il faut marcher longtemps, grimper et risquer à tout moment de dévisser.
Oublions nos rêves d’alpinisme, contentons-nous de quelques danses et pierres précieuses à offrir à nos proches en se rendant chez Van Cleef & Arpels ou bien Cartier, le voyage devient promesse d’éternité pour les beautés éphémères.
Et puis, pourquoi absolument tenir à aller à la rencontre de la neige ? On peut l’attendre en Normandie au pays des cloches ou bien en surveillant quelques ânes d’œil vif.
A moins de préférer le val de Loire pour voir tomber un improbable premier flocon, en cette ville de Saumur si élégante où à Amboise si courtoise projetant de rependre le projet de François Ier e Léonard de Vinci de transférer la capitale de France à Romorantin, à moins de rendre visite au sous-préfet de Loches.
Le mieux encore est d’aller dans le Haut Anjou au pays des fanfares, des clochers tors et de la boule de fort, là où les derniers paysans s’efforcent de survivre,
Hélas, les fanfares humoristiques ne font pas venir la pluie ou la neige mais les bons valets de Bercy au sens de l’humour particulier qui n’aiment rien tant que jouer au billard ou au mistigri gagnants à tous les coups.
Reste la possibilité de se rendre en Haute Provence, la neige tombe toujours à l’improviste l’hiver dans la vallée de l’Asse, si sauvage et magnifique ; et du plateau des amandiers, une dernière fois admirer un paysage de neige qui risque fort de disparaître dans le siècle à venir, Seigneur, qu’avons-nous donc fait !
Heureusement, par la vallée de l’Ubaye, il reste la possibilité de monter jusqu’au Queyras en compagnie des marmottes, avec son plus haut village d’Europe aussi inexpugnable que les fortifications de nos ancêtres les valeureux Gaulois.
Mais amie lectrice, ami lecteur, pourquoi tant tenir à errer sur les routes, à vagabonder, à voyager par delà monts et vaux, faites comme l’auteur virtuel, prenez vos quartiers d’hiver là où Dieu vous mène, le Christ en cœur pour seul trésor, veillant à Montmartre en compagnie des chats perdus sur Paris meurtri, Paris retrouvé, capitale des lumières, qui a toujours survécu aux coups du sort, et qui ne sera jamais la capitale des ruines depuis que ce titre a été consacré par Beckett à Saint Lô.
C’est là à Montmartre que nous aimons, plus haut sommet virtuel du monde entier, que la neige finit toujours par tomber su les trottoirs parisiens et sur la basilique qui n’est rien d’autre qu’une bûche glacée dissimulant dans ses entrailles la crèche de notre enfance.
Car pour nous qui aimons Paris, qui n’ignorons pas que l’intolérance engendre la violence et que la France n’a pas d’ennemi, Paris sera toujours Paris.
A toutes et tous, l’auteur virtuel vous souhaite un joyeux Noël et de bonnes fêtes de fin d’année. 270 chroniques vous attendent sur le site u « Livre d’une vie » qui atteint bientôt l’âge de marcher, un an à peine! Merci pour vos encourageantes visites régulières. Mais voici l’heure d’écouter l’oratorio de Noël, une coutume de saison, cinquantenaire, increvable comme ce géant de Jean-Sébastien Bach!