Sourires d’enfant

En ce jour terrible de deuil où la folie des hommes s’en prend à la liberté indivisible de la Presse dont nous savons qu’elle est le coeur battant de la démocratie, il me revient les trois premiers vers du magnifique poème de Czeslaw Milosz, « Enfant d’Europe ».

« Nous qui nous enivrons de la douceur du jour,

Qui en mai admirons la floraison des arbres

Sommes meilleurs que ceux qui ont péri« 

Il faut lire l’intégralité de ce long poème pour comprendre le sens de ces trois vers d’une beauté glaçante. A chaque tragédie personnelle ou collective, cette introduction revient me hanter d’autant plus qu’une strophe, un peu plus loin, « berce mon coeur d’une langueur monotone » :

Garde ton lot de talents, enfant d’Europe,

Héritier des églises baroques, des cathédrales gothiques,

Des synagogues où gémit tout un peuple abusé.

Successeur de Descartes et Spinoza, héritier du concept « d’honneur »

 Enfant posthume de Léonidas,

Préserve les talents gagnés pendant l’horreur.

Quelle que soit notre douleur, l’horreur ne doit pas nous éloigner de cet héritage pour préserver les talents gagnés en accueillant tous ces enfants qui s’installent en Europe,  et qui viennent de la terre entière, souvent d’Afrique, par avion, bateau ou même à pied. Quelles que soient leur nationalité, leur histoire ou leur religion, notre devoir et notre honneur sont de les traiter comme nous traitons nos propres enfants,  et de les éduquer et de les aimer en toute sérénité et avec humilité. Même si le chemin est difficile et rempli d’embûches, c’est ainsi, pourtant, que nous pourrons vivre ensemble, dans la paix et la fraternité.

De même que les allemands et les russes ont toujours été et sont toujours nos frères malgré les crimes abominables du nazisme et du communisme, de même les musulmans d’Europe et de France en particulier, sont tous nos frères. Certes, l’islamisme  radical est  actuellement un fléau mondial qui sème l’épouvante pour susciter la crainte, la division et la haine. Mais, nous ne pouvons en avoir peur, car il ne peut vaincre la lumière qui scintille en nous, Hommes de liberté, qui est celle de la Foi, de l’espérance et de l’amour.

Le pardon sincère donné par Jean Paul II à Mehmet Ali Agca qui tenta de le tuer, nous aide pour surmonter, ce jour, cette douleur qui nous accable. Pour ma part, il suffit d’apercevoir le sourire de l’un de ces enfants d’Europe pour avancer à nouveau sur le chemin et accompagner le monde.

Et ce n’est pas pour autant qu’il nous faut renoncer à « la douceur du jour« .  En l’occurence, le premier « selfie » de Malia l’adolescente rebelle , l’une des deux filles de Michelle et Barack Obama. le « Figaro Madame » s’encanaille à leur offrir une couverture médiatique, découvrant que deux gamines noires peuvent avoir un charme fou, y compris pour les lectrices de cette revue dont le plus grand nombre est vraisemblablement incapable de faire la différence entre Rihanna et Beyonce, si tenté qu’elles les connaissent. C’est le monde à l’envers.